AA / Tunisie

Le mouvement tunisien Ennahdha a appelé, ce samedi, le président Kaïs Saïed à "privilégier l'intérêt national" et à faire place à un dialogue aux résultats contraignants.

C’est ce qui ressort d’un communiqué publié par le bureau exécutif du mouvement (53 députés sur 217), sur fond des décisions prises par le président tunisien gelant les travaux du Parlement pendant 30 jours, et destituant le chef du gouvernement Hichem Mechichi.

Le mouvement a déclaré dans son communiqué : "La solution possible et efficace à ces problèmes n’est pas de s’accaparer le pouvoir, ce qui favoriserait la corruption, le népotisme et l'injustice qui conduirait à la ruine du pays".

Ennahdha a appelé Saïed à "privilégier l'intérêt national, revenir aux impératifs de la légitimité constitutionnelle, respecter la loi, et instaurer un dialogue aux résultats contraignants pour chacun".

Le mouvement politique a estimé que "les mesures exceptionnelles du président de la République, violent la Constitution et la loi, et sont une atteinte explicite aux exigences de la démocratie et des droits individuels et civils du peuple tunisien, elles impliquent les institutions de l'Etat dans les conflits qui les empêchent d'accomplir leur devoir au service de la patrie et du citoyen".

Et d’ajouter que ces mesures "ne représentent pas une solution aux problèmes complexes et accumulés, dans la mesure où elles ajoutent de nouveaux dangers amplifiant les souffrances du peuple tunisien, en frappant la stabilité et la sécurité sociale et économique du peuple".

Le même communiqué a fait savoir que "tous sont responsables devant le peuple tunisien, que ce soit les institutions législatives, exécutives ou politiques et civiles, car cette responsabilité exige que chacun cesse de se quereller et appelle à un dialogue qui n'exclut personne, afin de donner la priorité aux intérêts de la patrie et du citoyen".

Le mouvement Ennahdha a également exprimé son engagement à "poursuivre la lutte pour défendre les intérêts du peuple tunisien en ce qui concerne ses moyens d'existence, sa dignité et sa liberté, et à revenir rapidement aux activités normales des institutions, et leurs mises à disposition pour faire tous les sacrifices et concessions nécessaires à cette fin".

Le président tunisien Kaïs Saïed a annoncé, à l'issue d'une réunion d'urgence avec des responsables militaires et sécuritaires, qui s’est déroulée dans la soirée du dimanche dernier, la destitution du Chef du gouvernement Hichem Mechichi et le gel des pouvoirs du Parlement. Il a également fait savoir qu'il assumera le pouvoir exécutif, avec l’aide d'un gouvernement qui sera dirigé par un nouveau chef désigné par lui, et ce, pour une durée de 30 jours. Le locataire de Carthage a en outre annoncé qu’il présidera le ministère public.

Le Président tunisien a déclaré avoir pris ces décisions pour « sauver la Tunisie, l'Etat et le peuple tunisien ». Certains partis politiques ont considéré les mesures d’exception comme un « coup d’Etat contre la Constitution », tandis que d'autres y ont été favorables, estimant qu'il s'agissait d'une « rectification du processus révolutionnaire ».

*Traduit de l’arabe par Mounir Bennour.