Politique, Afrique

Togo: Koffigoh, du cambouis politique à l'envolée poétique (Interview)

Ancien Premier ministre togolais, avocat et défenseur des droits de l'homme, Koffigoh agence désormais, savamment, ses mots pour chanter les louanges de l'Afrique.

03.04.2015 - Mıse À Jour : 03.04.2015
Togo: Koffigoh, du cambouis politique à l'envolée poétique (Interview)

AA/ Lomé/ Alphonse Logo

"Viens, quitte la longue nuit, encrasse les beaux jours

Pour chanter la paix, la paix de retour

Les tam-tams parlants n’annoncent plus la guerre 

Plus personne ne songe à croiser les fers, aux sons des guitares"

Cet extrait de «La Passion des éperviers», un des cinq recueils publiés par le poète togolais Joseph Kokou Koffigoh, se veut un voyage initiatique à travers l’Afrique. Koffigoh a plus d’une corde à son arc: ancien Premier ministre du Togo, fervent défenseur des droits de l’homme, il s'est converti à la poésie et fait parler de lui en tant que poète.

Rencontré par Anadolu, cet ex-chef de gouvernement durant  la période de transition (1992),  s’adonne aujourd’hui pleinement à la littérature pour dire au continent noir des beaux mots  porteurs de messages profonds .

Pour Koffigoh, son passé de politique et d’homme de loi est tout à fait compatible avec le sixième art. «La poésie, c’est le reflet des émotions qu’on éprouve. Chez certains, cette émotion se traduit par l’action politique. Chez d’autres, par d'autres types d'actions. Je fus homme politique et avocat. J’ai eu à défendre des gens dans de grands procès, où se jouait leur honneur et leur vie.»

Aujourd'hui, il suit un nouvel itinéraire, dont il est fier: «Mais l’émotion se traduit aussi par l’expression artistique», commente-t-il ajoutant qu’il écrit avant tout «pour être lu. »

«Je fais de la poésie engagée. Des idées naissent et s'expriment au fil de mes poèmes. Il y a un dialogue qui s’instaure entre mes lecteurs et moi. Entre les Togolais et moi. Entre les Africains et moi. Beaucoup de mes poèmes font objets de commentaires, notamment sur les réseaux sociaux, où ils sont largement partagés», affirme-t-il.

Pour lui, la poésie relève du domaine de la méditation, du rêve et de l’esthétique alors que la politique relève du domaine de l’action. «Mais il faut savoir que beaucoup d’actions politiques trouvent leur origine dans des rêves, dans des émotions, dans un élan qu’on peut appeler un élan poétique», nuance-t-il.

 Pour faire de la politique, poursuit le poète, il faut aimer les autres: «Moi, je ne conçois pas la politique en dehors de l’amour qu’on éprouve pour le peuple au point de vouloir lui fournir une vision pour que la condition humaine puisse s’améliorer.»

Cinq recueils à son actif et une demi-douzaine  d’autres textes inédits qui n’ont pas encore été publiés, Koffigoh s’inscrit dans un tournant littéraire au Togo.

«Au départ, la poésie togolaise n’existait pratiquement pas. Il y a quelques années encore, il n’y avait que deux auteurs connus : Paul Kodjo Typam et Yves Emmanuel Dogbé. Mais progressivement, avec l’avènement de la démocratie, l’élan de la création littéraire s’est concrétisé ces dernières années», se félicite l’ex- Premier ministre.

Il cultive du reste une conviction: « A présent,  les gens n’ont plus peur d’écrire. Grâce à la démocratie et à la liberté de pensée et de conscience, l’écriture s’est libérée et beaucoup de Togolais surtout des jeunes s’adonnent à l’écriture littéraire avec passion.»

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