Togo: 48h avant la campagne présidentielle.. manifestations, accusations et revirements d'alliance
Trois partis politiques de l’opposition togolaise appellent à voter Faure Gnassingbé, tandis qu'une large frange de l'opposition revendique une grande marche pour arrêter le processus électoral.

AA/ Lomé/Alphonse Logo
A 48 heures de l'ouverture de la campagne présidentielle togolaise du 25 avril, un climat délétère règne sur la classe politique, où manifestations, accusations réciproques et revirements d'alliance font ressurgir le spectre des violences électorales de 2005.
La tension politique qui prévaut au Togo à la veille de ce scrutin qui opposera le président sortant, Faure Gnassingbé, au chef de file de l'opposition, Jean Pierre Fabre, inquiètent les observateurs politiques qui craignent un scénario semblable à celui des élections de 2005, où des violences ayant éclaté durant plusieurs jours, avaient fait plus de 1000 victimes, d’après un rapport de la Ligue togolaise des droits de l’Homme (LTDH).
Aujourd'hui, la tension se cristallise autour de points sociaux d’une part et politiques d’autre part. Depuis plusieurs mois le Togo est en effet secoué par des grèves à répétition sur appel de la synergie des travailleurs du Togo (STT) qui dénonce le statut précaire des fonctionnaires togolais et invite le gouvernement à agir sur la question en augmentant notamment les salaires.
La STT a d’ailleurs appelé à une marche pacifique dans les rues de Lomé et dans les chefs-lieux des cinq régions économiques du pays, mercredi, à la veille de l’ouverture de la campagne électorale, qui risquera de paralyser une fois de plus l’administration publique et parapublique.
La société civile et une large frange de l’opposition ont exigé quant à eux, des réformes institutionnelles sur lesquelles le pouvoir dit préférer se pencher après l'élection.
Le «Front Tchoboé», regroupement des organisations de la société civile togolaise, la Synergie des défenseurs des droits de l’homme et plusieurs partis politiques de l'opposition ont ainsi appelé, à deux jours de marche populaire dans plusieurs villes du Togo, y compris à Lomé, les 9 et 10 avril pour exiger de leur côté l’arrêt du processus électoral en cours, la mise en œuvre des réformes politiques et un audit du fichier électoral, suspecté d’irrégularités, avant l’organisation du scrutin présidentiel.
Face à ces multiples mouvements de contestations prévues, la rentrée des vacances de Pâques, initialement prévue le 7 avril se prolongera d'un mois environ par souci de " sécurité des élèves", selon le gouvernement togolais.
"L’entêtement du régime" d’un côté, selon l'opposition, les revendications de cette dernière de l’autre sur fond de contestation sociale accroissent donc la tension à l’approche de l’échéance électorale.
L’opposition togolaise quand à elle, est divisée et minée par des querelles intestines. Tandis que 4 candidats feront face au président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 et candidat à sa propre succession, trois partis de l'opposition, regroupés en une coordination dénommé «Nouveau Regard», ont appelé, mardi, leurs militants et sympathisants à voter pour le chef de l'Etat.
Il s'agit du parti de la Nouvelle Dynamique Populaire (NDP) de Gilbert Atsou, le Parti pour la Démocratie et le Renouveau (PDR) de Zarifou Ayeva et la Convergence Patriotique Panafricain (CPP) de Francis Ekon.
«Nous avons étudié et analysé le parcours de chacun des cinq candidats à l’élection présidentielle du 25 Avril et nous avons constaté qu’il y a eu des avancées significatives durant le mandat de Faure Gnassingbé» a ainsi fait savoir le président de cette coordination Francis Ekon, joint par Anadolu.
«Nous sommes conscients de son rôle dans la construction d’un Togo uni, nous sommes attachés aux valeurs démocratiques qu’il incarne et nous invitons donc nos militants et sympathisants à porter leur choix sur lui», a-t-il précisé.
Pour le parti au pouvoir l’Union pour la République (UNIR) «c’est une très bonne nouvelle qui apporte de l’eau au Moulin de Gnassingbé et qui prouve que c’est lui le meilleur», martèle un militant du parti rencontré au siège de celui-ci.
En revanche, d’après Eric Dupuy, porte-parole du candidat Jean Pierre Fabre, le président du principal parti de l’opposition l’Alliance nationale pour le changement (ANC), cet appel «n’aura aucun impact sur le vote des Togolais»
«Ces partis n’ont jamais été de l’opposition à notre point de vue. Nous l’avons toujours clamé haut et fort. Le PDR est un parti qui se cherche encore tandis que la CPP a toujours été du côté du gouvernement de Faure Gnassingbé depuis son arrivée au pouvoir. Cela n’apporte donc rien de nouveau pour nous», a-t-il assuré.
Aux élections présidentielles de 2010, ces trois partis politiques représentaient dans le fichier électoral un peu moins de 100.000 voix (Sur près de 3,3 million d'électeurs appelés aux urnes) «Nous n’avons pas présenté de candidats partout lors de la dernière législative mais nos trois partis ont récoltés près de 70.000 voix. Ces voix, nous appelons nos militants à les mettre au compte de Gnassingbé» a réitéré pour sa part M.Atsou.
A la veille de l’élection présidentielle, des organisations de la société civile togolaise ont rendu public un rapport sur la situation sociopolitique au Togo ces dix dernières années, intitulé «démocratie à double vitesse ambiance d’un pouvoir qui tergiverse» .
Les points de défaillance relevés doivent permettre aux différents candidats de prendre des engagements "pour soulager un peu la souffrance des togolais" indique les organisations qui ne sont liées à aucun des partis politiques du processus électoral en cours.
Faure Gnassingbé, élu à la tête de l'Etat le 24 avril 2005, à la suite de troubles sociaux et politiques graves ayant causé plus de 500 morts, puis réélu le 04 mars 2010, a le droit de présenter pour la troisième fois consécutive à une élection présidentielle, vu que la Constitution togolaise ne limite pas les mandats présidentiels. Ce manquement du texte constitutionnel a été à maintes reprises contesté par l'opposition qui avaient exigé des réformes pour limiter le nombre desdits mandats.
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