Politique

Tentatives arabes de normalisation avec Israël

"Bien que la normalisation arabe avec Israël soit une erreur, elle se développera probablement rapidement en 2019", déclare le directeur du Centre jordanien d’études sur le Moyen-Orient

Hussein Mahmoud Ragab Elkabany, Qualid Filsde Mohamed Chine  | 08.01.2019 - Mıse À Jour : 08.01.2019
Tentatives arabes de normalisation avec Israël

Ankara

AA/ Istanbul

Certains États arabes semblent faire les premiers pas en vue de normaliser leurs relations avec Israël.

Ainsi, des responsables irakiens ont effectué une visite à Tel-Aviv, tandis que l’Egypte a récemment reconnu coordonner des efforts sécuritaires avec Israël dans la péninsule du Sinaï.

De l’autre côté, des responsables israéliens se sont également rendus dans des pays arabes, à l’instar de la visite effectuée en octobre dernier par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu à Oman.

À plusieurs reprises, des responsables israéliens ont évoqué un «changement positif» concernant la normalisation diplomatique avec le monde arabe, en dépit de l'absence d’avancée dans le processus de paix israélo-palestinien.

A cet égard, Mokhtar Ghobashi, vice-président du Centre arabe d'études politiques et stratégiques basé au Caire, a déclaré à Anadolu que "la tendance générale indique que la courbe de la normalisation est ascendante".

"Le plus troublant est que les États du Golfe se sont précipités vers Israël en raison de l'absence de vision ou de stratégie arabe", a-t-il ajouté.

Pour sa part, Jawad al Hamad, directeur du Centre jordanien d’études sur le Moyen-Orient, a déclaré: "Bien que la normalisation arabe avec Israël soit une erreur, elle se développera probablement rapidement en 2019."

Contrairement à Amman et au Caire, qui ont tous deux signé des traités de paix avec Israël (en 1978 et 1994 respectivement), d'autres capitales arabes nient officiellement tout projet de normalisation avec l'État juif autoproclamé.

Voici dans ce qui suit un bref rappel des indicateurs de la tendance arabe à la normalisation - et à la coordination - avec Israël:

Dans une interview accordée à la chaîne de télévision américaine CBS lundi, le président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi a déclaré: "Nos forces aériennes doivent parfois pénétrer dans l'espace aérien israélien, il y a donc une bonne coordination ... et une coopération".

Dimanche, le ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré que trois délégations irakiennes s'étaient rendues à Tel Aviv en 2018, malgré l'absence de relations officielles entre les deux pays.

Le président soudanais Omar El-Béchir a récemment déclaré que Khartoum avait subi des pressions afin de «normaliser ses relations avec Israël» en raison de la situation instable dans son pays. Il n'a pas fourni davantage de détails sur la question.

En novembre dernier, l’Autorité de la radiodiffusion israélienne avait annoncé que Netanyahu envisageait de se rendre dans la capitale soudanaise – ce que les autorités soudanaises ont démenti.

De son côté, Amman a récemment réaffirmé son attachement au traité de paix de Wadi Araba signé en 1994 avec Israël. Cette déclaration a été faite après qu'un porte-parole du gouvernement jordanien ait piétiné un drapeau israélien lors d'une visite à un syndicat, suscitant les protestations officielles d'Israël.

Netanyahu a fait à plusieurs reprises état d’un processus de normalisation progressive en cours avec le monde arabe, tout en admettant le manque de progrès dans les pourparlers de paix avec les Palestiniens.

Pour sa part, le ministre qatari des Affaires étrangères, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, a déclaré récemment: "De nombreux pays arabes optent pour la normalisation avec Israël avant que la question palestinienne ne soit réglée".

L’année dernière, le diplomate israélien Bruce Kashdan a rencontré secrètement des responsables soudanais, y compris un haut responsable du renseignement, selon la 10eme chaîne israélienne. Cependant, Khartoum a fermement démenti la tenue de la réunion.

Nabil Chaath, conseiller du président palestinien Mahmoud Abbas, a récemment réclamé des «éclaircissements» sur la position des États arabes et islamiques sur la question de la normalisation avec Israël.

En avril dernier, le ministre israélien de l'Économie, Eli Cohen, a été officiellement invité à se rendre à Bahreïn en vue de participer à une conférence à Manama.

L’année dernière également, Hani Marzouk, un porte-parole du cabinet de Netanyahu, a déclaré à l’Autorité de la radiodiffusion israélienne que le Premier ministre devrait se rendre à Bahreïn. Netanyahu a ultérieurement démenti cette déclaration.

Le ministre israélien des Transports, Yisrael Katz, a récemment appelé les États du Golfe, ainsi que d'autres pays arabes, à mettre en place un "chemin de fer de la paix" reliant les États du Golfe à Israël via la Jordanie.

En octobre dernier, le ministre israélien des Communications, Ayoob Kara, a pris la parole lors d'une conférence internationale à Dubaï consacrée à la sécurité de l'information.

Le même mois, la ministre israélienne de la Culture et des Sports, Miri Regev, s'était rendue aux Émirats arabes unis à la tête d'une délégation dans le cadre d’une compétition de judo.

Dans le même contexte, une équipe sportive israélienne a participé au championnat du monde de gymnastique qui s'est achevé le 3 novembre dernier au Qatar.

En septembre dernier, le président égyptien al-Sissi s’était entretenu avec Netanyahu à New York. Il s'agit de la deuxième réunion de ce type depuis l'arrivée d'al-Sissi au pouvoir à la mi-2014.

En juillet dernier, le quotidien israélien «Haaretz» a annoncé que Tel-Aviv avait envoyé des représentants à la 42e session du Comité du patrimoine mondial de l'ONU à Bahreïn.

En mai dernier, une équipe de cyclistes émiratis a participé à une course à Jérusalem.

Après des bombardements israéliens sur plusieurs positions en Syrie, le ministre des Affaires étrangères du Bahreïn, Khalid Al Khalifa, a déclaré que son pays soutenait "le droit d'Israël à se défendre".

Le même mois, des représentants de l’ambassade israélienne ont célébré, dans un hôtel du Caire, l’anniversaire de la fondation d’Israël - un événement que les Palestiniens qualifient de «Nakba» («la catastrophe») - en présence de responsables égyptiens.

Et en mars 2018, le journal israélien «Yedioth Ahronoth» a révélé que des ressortissants israéliens avaient pris part au championnat du monde des rallyes à Abou Dhabi.

Lors d'une conférence sur la sécurité tenue à Munich en février dernier, Netanyahu a souligné la nécessité de nouer des "alliances stratégiques" avec les pays arabes.

Le même mois, Mohamed al-Emadi, président d'un comité qatari chargé de superviser la reconstruction de la Bande de Gaza, s'est rendu à Jérusalem, où il aurait rencontré des responsables israéliens pour discuter des moyens de transférer des fonds dans l'enclave en conflit.

En mars dernier, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Abul-Gheit, a affirmé qu'il ne serait «pas possible» de normaliser les relations avec Israël avant qu’il ne se retire à ses frontières d'avant 1967 et tant qu'un État palestinien n’ait pas été établi avec Jérusalem-Est pour capitale.

En janvier 2018, l'éminent universitaire égyptien Saadeddin Ibrahim a tenu une conférence sur le printemps arabe à l'Université de Tel Aviv.

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