AA - Paris - Bilal Muftuoglu

Le président américain Barack Obama a dit s'attendre à un "changement de calcul" de la part des Russes en Syrie dans les prochains moins, entraînant des "trêves ponctuelles" entre l'opposition et le régime de Bachar al-Assad.

Dans son allocution à l'OCDE, en marge de sa participation à la Conférence de Paris sur le climat (COP21), Obama a abordé l'intervention russe en Syrie ainsi que la sécurisation de la frontière turco-syrienne, tout en se montrant optimiste sur le fait que la Russie reverra sa politique en Syrie. 

Un conflit civil "paralysant" et "inconclusif" ne peut être le résultat que le président russe Vladimir Poutine cherche à obtenir en Syrie, a estimé Obama dans son discours, affirmant que la Russie connaît le processus de Vienne sur la transition politique en Syrie. 

Al-Assad ne pourrait continuer son mandat présidentiel, a martelé Obama, notant qu'il considère "illégitime" quelqu'un "qui a tué des centaines de milliers de sa propre population". 

"Même d'un point de vue pratique Assad ne peut pas maintenir un gouvernement fédérateur", a-t-il poursuivi. 

Interrogé sur la politique russe en Syrie, Obama a affirmé qu'il est possible que "l'on observe un changement de calcul chez les Russes dans les prochains mois et la reconnaissance du fait qu'il faut mettre un terme à la guerre civile en Syrie". 

Moscou se rendra compte "éventuellement" que Daech pose une menace sur sa propre population, a encore assené le président américain. 

Se montrant toutefois réaliste quant à ce changement de calcul, Obama a noté qu'il n'attend pas un "virage à 180 degrés" de la part de la Russie dans les prochaines semaines, et qu'entre temps elle continuera à bombarder l'opposition modérée. 

Une fois que la transition politique se met en place, il serait possible d'observer des "trêves ponctuelles" en Syrie assurant que l'opposition ne soit plus visée par le régime et la Russie. 

A l'égard de la sécurisation de la frontière turco-syrienne, Obama a dit avoir observé un "progrès considérable" de la part de la Turquie, tout en faisant remarquer des "lacunes" sur les 98 kilomètres restants que Daech utilise pour ses combattants. Les militaires américains et turcs coopèrent sur la sécurisation de cette dernière partie de la frontière, a-t-il poursuivi. 

Les Etats-Unis et la Turquie continueront leur discussion sur les voies permettant de "bloquer" le financement de Daech et son recrutement des combattants, a aussi indiqué Obama. 

- Les procédures de l'accord sur le climat "juridiquement contraignantes"

Abordant aussi les négociations climatiques qui se tiennent actuellement à Paris, Obama a dit souhaiter obtenir un accord avec des "réexamens périodiques" qui seront "juridiquement contraignants" pour les Etats parties à la Convention. 

"Même si les objectifs en soi ne peuvent pas avoir la force des traités, le processus, les procédures qui garantissent la transparence et les réexamens périodiques devront être juridiquement contraignants", a martelé le président américain. 

S'attaquer à la question du changement climatique maintenant est un "impératif de sécurité", a aussi estimé Obama, soulignant qu'il faudrait le voir non pas comme une "obligation morale" mais une "opportunité". 

L'accord de Paris qui devrait voir le jour suite à deux semaines de négociations devra aussi favoriser la croissance économique dans les Etats parties, a ajouté le président américain.