
Tunis
AA / Tunis / M. Belhaj
Une catastrophe a frappé la Suisse, mercredi. L’effondrement du glacier du Birch (ou glacier du Bouleau) a enseveli une grande partie du village alpin de Blatten, dans le canton du Valais, sous des millions de tonnes de boue, de glace et de roches.
Selon les médias locaux, la catastrophe s’est produite vers 15h30, heure locale, lorsque de vastes blocs se sont détachés du flanc montagneux. Le site Euronews a publié des images captées par drone montrant un pan entier du glacier s’écrouler, déclenchant une avalanche qui a balayé le fond de la vallée. Un dense nuage de poussière se dégage dans la foulée, recouvrant les environs.
Les autorités locales, appuyées par des unités militaires suisses, ont déployé d’importants moyens de secours, tandis que des membres du Conseil fédéral devraient se rendre sur les lieux pour évaluer la situation, rapporte le site de la Radio-télévision suisse RTS.
Bien que les quelque 300 habitants aient été évacués dès le 19 mai en raison d’alertes lancées par des géologues, une personne demeure encore portée disparue, indique la même source.
Le maire de Blatten, Matthias Bellwald, a pris la parole devant les médias, déclarant : « L’impensable s’est produit. Nous avons perdu notre village, mais pas le cœur. Même si Blatten repose sous un immense amas de décombres… Nous savons où se trouve Blatten au fond de la vallée, où l’église doit être reconstruite et où nos maisons se dresseront à nouveau. »
Les dégâts matériels sont considérables. De nombreuses maisons ont été réduites à l’état de décombres, et les infrastructures locales sont gravement endommagées, a-t-il précisé.
Et d’ajouter, soulignant la nécessité de préserver l’unité de la communauté, malgré la destruction quasi totale du bourg : « Je suis sûr que nous aurons beaucoup d’amis qui nous aideront à faire ce qui nous attend : Reconstruire le village, et après une longue nuit, le matin reviendra. »
Si le gouvernement suisse s’est engagé à fournir une aide financière aux sinistrés, avec pour objectif de leur permettre de rester dans la région, la possibilité de reconstruire Blatten sur le même site demeure pour l’heure incertaine.
** Le changement climatique à l’origine du drame
Des scientifiques attribuent cet effondrement aux effets du changement climatique. L’accélération de la fonte des glaciers et le dégel du pergélisol (ou permafrost) – qui agit comme un ciment naturel dans les Alpes – fragilisent les structures montagneuses et augmentent les risques de glissements de terrain et de ruptures glaciaires.
Henna Hundal, spécialiste des politiques climatiques à l’université Stanford, a déclaré à la chaîne allemande Deutsche Welle (DW) que « 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée », expliquant que cet évènement est « cohérent avec les modèles climatiques actuels ».
« Nous franchissons des seuils historiques. Ce phénomène ne touche pas uniquement l’Arctique, mais s’étend à toutes les régions alpines, et le cas de Blatten en est un exemple frappant », a-t-elle ajouté.
L’experte a également alerté sur la fréquence croissante de ces événements, soulignant : « Nous constatons une tendance : des événements météorologiques et géologiques plus fréquents, plus extrêmes, liés au changement climatique. Ce ne sont plus des anomalies : ils s’inscrivent dans les projections actuelles. »
Ce drame rappelle d’autres catastrophes naturelles survenues en Suisse ces dernières années.
En aout 2017, un glissement de terrain à Bondo, dans le canton des Grisons, avait causé la mort de huit personnes. Un pan d'une montagne, le Piz Cengalo, située à la frontière avec l'Italie, dans l'Est du pays s’était détaché, formant la coulée de boue à l'origine du drame.
En mai 2023, le village de Brienz, relevant du même canton, avait été évacué par crainte d’un effondrement montagneux. La bourgade de 85 habitants était menacée par l’éboulement imminent de tout un pan de la montagne qui la surplombe, bien que les dégâts aient finalement pu être évités.
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