Politique, Afrique

Sortie de crise au Mali: La médiation marocaine marque des points (ANALYSE)

Le soutien français pourrait jouer en faveur du rôle marocain, aux dépens de celui des autres médiateurs.

24.02.2014 - Mıse À Jour : 24.02.2014
Sortie de crise au Mali: La médiation marocaine marque des points (ANALYSE)

AA - Bamako - Abdoulaye Diakité (Mourad Teyeb)

La médiation marocaine est en train de marquer des points dans la crise malienne et constitue désormais une concurrence sérieuse pour celles du Burkina Faso et de l'Algérie.

La récente visite du Roi Mohammed VI à Bamako a confirmé la volonté marocaine de jouer le rôle de médiateur dans la crise malienne. Un rôle qui risque d'embarrasser le Mali, notamment avec l'Algérie, mais qui a beaucoup de chance pour réussir puisqu'il bénéficie du soutien d'acteurs importants dans la crise, dont notamment la France.

Le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal, a déja «salué» la médiation que mène le Maroc dans la crise malienne, estimant que « c'est un processus très important pour que le Mali renoue avec la stabilité ».

M. Nadal a déclaré le 21 février à Paris que « toutes les bonnes volontés sont bienvenues. Nous saluons à ce titre le rôle que le roi du Maroc peut jouer pour faciliter la reconstruction et la réconciliation nationale au Mali. C'est un rôle très positif, constructif et important ».

Voilà qui confirme que l'intervention marocaine dans le dossier malien est bien appréciée par les différents acteurs à l'exception peut-être de sa rivale dans la région : l'Algérie, aussi médiateur.

Ce sont les groupes armés maliens qui avaient démarché le souverain marocain pour obtenir son implication dans la résolution de la crise malienne. Le vendredi 31 janvier 2014, avec l'accord de Bamako, le secrétaire général d'un groupe armé en l'occurrence le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), Bilal Ag Cherif, était reçu au palais royal de Marrakech par Mohamed VI.

A l'issue de cette audience avec Ag Cherif, un communiqué du cabinet royal indiquait que «cette audience s'inscrit dans le cadre des efforts soutenus et permanents de Sa Majesté le Roi, en vue d'instaurer durablement la paix et la stabilité dans ce pays frère et de contribuer à un règlement de la crise malienne ».

Mohammed VI avait réitéré « le souci constant du Royaume du Maroc de préserver l'unité territoriale et la stabilité de la République du Mali, ainsi que la nécessité de contribuer à une solution et à un compromis qui permettraient de lutter contre les mouvements intégristes et terroristes qui menacent aussi bien les pays du Maghreb que la région du Sahel et du Sahara ».

Dix-huit jours après cette audience avec la délégation des groupes armés à Marrakech, voilà le Roi Mohamed VI à Bamako pour une visite d'Etat de cinq jours où il est arrivé avec le sac plein de protocoles d'accord et de conventions, mais aussi pour parler du processus de négociation entre Bamako et les groupes armés.

Avec le président Malien, Ibrahim Boubacar Kéita, le souverain marocain s'est montré disposé à accompagner les Maliens dans un processus de dialogue pour une sortie de crise. Le Maroc s'est engagé à apporter son expertise et son expérience dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel à travers l'échange d'informations et de la formation. C'est dans ce cadre qu'une partie de la future garde présidentielle malienne sera formée au Royaume chérifien. Le Maroc a aussi signé des conventions avec l'Etat malien dans le cadre du logement des militaires par la construction des logements sociaux. Ce qui a été bien salué côté malien. Les autorités maliennes ont bien apprécié le fait que Mohamed VI ait décidé de jouer un rôle déterminant dans le processus de dialogue entre Maliens et d'aider le pays dans sa reconstruction.

Il faut dire que depuis un certain temps, les autorités de Bamako ne faisaient plus confiance au médiateur désigné depuis le début de la crise par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'organisation sous-régionale, en l'occurrence le président du Burkina Faso Blaise Compaoré. C'est pourquoi elles se sont d'abord tournées vers l'Algérie avant que le Maroc ne décide aussi de s'impliquer.

Il reste à savoir comment le Mali va jongler avec ces deux médiateurs antagoniques que sont l'Algérie et le Maroc. Deux pays qui sont en froid à cause du dossier du Sahara occidental.

Dans tous les cas, avec ce soutien de la France, qui est aussi un acteur clé de la crise malienne (c'est l'intervention militaire de la France qui a libéré le pays en 2013), on peut dire que la médiation marocaine a marqué beaucoup de points.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın