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Sénégal: Le pouvoir "empêtré" dans sa défaite aux Locales

Remaniement ministériel ou pas, "le président de la République doit décoder le message du peuple" estiment des observateurs de la vie politique sénégalaise.

02.07.2014 - Mıse À Jour : 02.07.2014
Sénégal: Le pouvoir "empêtré" dans sa défaite aux Locales

AA/ Dakar/ Serigne Diaw

Au Sénégal, les élections locales, organisées dimanche sur l’ensemble du territoire national, ont livré leur verdict. Même si les résultats donnés par les CEDA (Commissions électorales départementales autonomes) ne sont pour le moment que provisoires, la coalition au pouvoir est sortie perdante de ce scrutin dont la campagne électorale a été quelques peu émaillée de violences.

De Saint-Louis à Ziguinchor en passant par Dakar, Pikine, Rufisque, Thiès, Mbacké ou Kédougou, la coalition présidentielle, Benno Bokk Yakaar, n’a pas pesé lourd face à ses adversaires. Et certaines figures emblématiques du pouvoir n’ont vu que du feu dans ces Locales qui consacrent l’élection de 28.028 conseillers municipaux et départementaux.

A Grand Yoff, commune de Dakar, le Premier ministre Aminata Touré n’a pas résisté à la vague déferlante de la coalition Taxawou Dakar, dirigée par Khalifa Ababacar Sall, maire sortant de la capitale (Pati socialiste) qui a tout raflé sur son passage. Pourtant soutenu par le chanteur Youssou Ndour, le chef du gouvernement a même été battu jusque dans son propre bureau de vote.

Aux Parcelles assainies, une autre commune de Dakar, le ministre d’Etat Mbaye, également directeur des structures de l’Alliance pour la République (APR), parti du président de la République, a perdu devant Moussa Sy, maire sortant de la localité. A Thiès (70 kilomèters à l'Est de Dakar), les ministres Thierno Alassane Sall et Augustin ont subi la loi de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck qui est resté maître chez lui. A Louga (Nord-Ouest), la ministre Aminata Mbengue Ndiaye a perdu son fauteuil de maire de même qu’à Saint-Louis (Nord-Ouest) où Cheikh Bamba Dièye cèdera sa place également. A Ziguichor (Sud-Ouest), le ministre Benoit Sambou n’a rien pu faire, face à la force de frappe du maire sortant, Abdoulaye Baldé.

Malgré les victoires de Aliou Sall, frère du chef de l’Etat, à Guédiawaye (banlieue de Dakar), des ministres Mariama Sarr et Abdoulaye Bibi Baldé, respectivement à Kaolack (Centre-Est) et à Kolda (Sud) et certains autres responsables, la coalition au pouvoir a subi une véritable déconvenue. Une défaite qui ne sera pas sans conséquences.

Au-delà de ses enjeux locaux, le scrutin de dimanche dernier a été un sérieux test pour le Président Macky Sall. Et les électeurs sénégalais ont sans aucun doute lancé un signal fort à l’actuel locataire du Palais de l’Avenue Roume. Au pouvoir depuis le 25 mars 2012, Macky Sall tarde à matérialiser "la rupture" tant annoncée avec l'ancienne gouvernance et sa côte de popularité est au plus bas. A moins de trois ans de la prochaine Présidentielle, certains  observateurs de la vie politique sénégalaise estiment que le président de la République doit "décoder le message du peuple". Le chef de l’Etat avait mis en garde ses partisans contre toute défaite et un remaniement ministériel serait même imminent. Dans le camp présidentiel, des voix s’élèvent pour réclamer des sanctions contre tous ces responsables qui ont perdu dans leur fief.

« Je trouve qu’il est tout à fait normal que tous ceux qui sont investis de pouvoir et qui ont des postes de responsabilité grâce au pouvoir soient sévèrement sanctionnés s’ils perdent dans leurs fiefs à l’issue de ces élections locales », lance Amina Tall, la présidente du Conseil économique, social et environnemental.

Il semble donc inévitable que des têtes tombent. A commencer par celle de l’actuel chef du gouvernement, selon plusieurs observateurs.

« En décidant de briguer la mairie de Dakar, elle a de facto enterré sa vie de Premier ministre. En effet, battue et de façon cinglante comme elle l’a été hier, elle ne pourra pas échapper à la sentence de Macky Sall à savoir tirer les conséquences politiques de ces élections, comme il l’avait annoncé», déclare le journaliste-politologue Madiambal Diagne. Et l’Administrateur du groupe Avenir Communication d’ajouter : «A moins qu’il ne se ravise, on ne voit pas comment Macky Sall pourrait sanctionner un autre responsable politique en fermant les yeux sur la cuisante défaite de son Premier ministre qui, dans le cas d’espèce, aura creusé sa propre tombe ».

Pour Idrissa Seck, l’un des plus farouches adversaires du pouvoir, Macky a intérêt à décoder le message des Sénégalais s’il veut rester à la tête du pays. Car selon lui, si le président de la République « reste sourd aux cris de la population, il va vers la défaite ». L’ancien Premier ministre pense que Macky Sall n’a plus que «deux ans pour se ressaisir ».

En attendant le remaniement, certains alliés du Président ont pris les devants. Battu à Saint-Louis, le ministre de la Communication a annoncé sa démission du gouvernement. Moustapha Cissé Lô, le tonitruant député et vice-président de l’Assemblée nationale a lui aussi fait part de son départ de la coordination APR de Mbacké (Centre-Ouest), du secrétariat national et du directoire national de ce même parti.

 
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