Politique

Rohingyas du Myanmar: "Ce qui arrive actuellement à Arakan est un génocide au ralenti"

Ecenur Çolak, Ayşe Betül Gedikoğlu  | 01.03.2017 - Mıse À Jour : 02.03.2017
Rohingyas du Myanmar: "Ce qui arrive actuellement à Arakan est un génocide au ralenti"

Ankara
AA - Ankara

« Génocide au ralenti », c’est ainsi que le président du Conseil Européen Rohingya (CER), Dr Hla Kyaw, a qualifié les exactions infligées aux musulmans de la province d’Arakan (les Rohingyas) au Myanmar.

« A Myanmar, 3% de la population sont des Rohingyas et près de 1% sont des musulmans de Birmanie. Alors que les musulmans de Birmanie ont droit à la nationalité, ils sont tout de même confrontés à des persécutions », a déclaré Kyaw, lors d’une interview accordée l’Agence Anadolu (AA).

Il a, par ailleurs, affirmé que la situation des Rohingyas, a qui la nationalité a été retirée, est encore plus désastreuse.

Ainsi, alors que les musulmans de Birmanie peuvent travailler, voyager, suivre des formations et aller à la mosquée car ils ont la nationalité, les Rohingyas ne peuvent pratiquer aucune de ces activités.

« Nous considérons l’année 1978 comme la date du commencement du génocide », a-t-il indiqué.

- Les événements du 9 octobre

Le 9 octobre de l’an dernier, des postes-frontières de la province d’Arakan avaient été attaqués, causant la mort de 13 membres des forces de sécurité et de 29 autres personnes. Après cela, le gouvernement avait déployé un grand nombre de soldats et de policiers dans la région.

A ce sujet, Kyaw a affirmé que ceux qui ont perpétré ces attaques étaient en majorité des jeunes «désespérés, mal orientés, et marginaux », âgés de moins de 18 ans.

Notant que les musulmans d’Arakan sont des personnes pacifistes, Kyaw a martelé qu’ils ne soutiennent pas ce type d’actes de violence.

« Les forces de sécurité savaient au préalable que ces attaques allaient être réalisées mais ont préférées laisser faire, pour ensuite pouvoir mener les opérations de nettoyage dans la zone, à savoir des actes de violence tels que les tueries de masse », a-t-il dit.

A la suite de ces derniers événements, plus de 65 mille personnes ont du se réfugier au Bangladesh, 53 mille autres ont été forcées à se déplacer à l’intérieur du pays, plus de mille personnes ont été emprisonnées et 500 autres tuées.

Kyaw a notamment indiqué que près de 1 500 maisons ont été endommagées.

Il a ensuite rappelé que dans le dernier rapport de l’Organisation des Nations Unies (ONU), il a été indiqué que les violences exercées contre la minorité musulmane Rohingya peut, « à grande probabilité », être considérée dans le cadre des crimes contre l’Humanité.

En outre, Kyaw a déclaré qu’au cours des mêmes événements, près de 400 femmes et fillettes ont été victimes d’agressions sexuelles, notant que certaines étaient âgés de seulement 12 ans.

- « Un génocide au ralenti »

« Il faut faire le nécessaire pour stopper ce génocide, que ce soit par l’utilisation des voies diplomatiques ou des sanctions économiques. Si vous accordez de la valeur à l’Humanité, aux droits de l’Homme, à la démocratie et à la liberté, il faut dorénavant que nous en terminions avec ce génocide. Nous appelons la communauté internationale, les organisations non gouvernementales, le monde musulman, et si ils accordent réellement de la valeur aux droits de l’Homme, les pays de l’Occident, à faire cesser ce génocide »,a-t-il lancé.

« Ce qui arrive actuellement à Arakan, c’est un génocide au ralenti. Ils ont préféré tué lentement au lieu de le faire en une seule fois », a-t-il ajouté.

« Les Rohingyas sont tués, violés et leurs maisons sont brûlés seulement parce qu’ils sont musulmans. Ils ont besoin, et de manière urgente, qu’on leur apporte des aides humanitaires », a-t-il encore dit.

Kyaw a conclu en estimant que la Turquie peut endosser le rôle de leader pour arrêter les persécutions auxquelles sont confrontées les Rohingyas. Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
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