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RCA: Bangui sous haute tension au lendemain de l'attaque d'une paroisse

Au moins une mosquée a été vandalisée.

29.05.2014 - Mıse À Jour : 29.05.2014
RCA: Bangui sous haute tension au lendemain de l'attaque d'une paroisse

AA/ Bangui/ Laurence Geai et Sylvester Krock

Au moins une mosquée a été vandalisée à Bangui par des miliciens anti-Balaka qui ont érigé, avec des manifestants chrétiens, des barricades à travers toute la ville, paralysée, au lendemain de l'attaque d'une paroisse au quartier musulman de PK5 qui a fait 11 morts, a rapporté le correspondant d'Anadolu.

"Nous sommes encerclés par des Anti-Balaka. Deux mosquées, une grande et une plus petite, dans le deuxième arrondissement, ont été attaquées et vandalisées» a déclaré à Anadolu Haroun Gaye, commerçant musulman du quartier PK5 de Bangui "Nous sommes en état d'alerte maximale. On a caché les enfants et on a dit à tout le monde de se tenir prêt. S'ils nous attaquent, nous sommes prêts à en découdre avec eux aujourd'hui. Ils ont bloqué la ville et il n' y a pas du tout de circulation»

Une marche pacifique, organisée, mercredi, pour calmer les esprits dans le 2ème arrondissement de la capitale, à majorité chrétienne, par Jean-Serge Bokassa, ancien ministre de la jeunesse et du sport à l'époque de l'ancien président François Bozizé, a dégénéré à hauteur de la mosquée du quartier Lakouanga, jusqu'ici épargnée, qui a été vandalisée par plusieurs manifestants.

Des barricades ont été érigées par des anti-Balaka à travers Bangui, de la place des Nations Unies (2e arrondissement), au Monument des Martyrs (1er arrondissement) et l'avenue Koudoukou (grande artère traversant le 3e et le 5e arrondissement).

Sur l’avenue Bouganda, qui débouche sur le PK5, plusieurs centaines de personnnes se sont amassées et ont scandé des slogans hostiles aux musulmans. Des pneus ont été brûlés, laissant échapper dans le ciel de la capitale survolé par des hélicoptères de la force française Sangaris, un grand nuage de fumée noire. Les manifestants ont ensuite érigé des barricades tout au long de la route jusqu’à hauteur du siège du Bureau Intégré de l'Organisation des Nations Unies en Centrafrique (BINUCA). Des papiers, en format A4, levés par des manifestants en guise de banderoles, ont demandé la réhabiliation des Forces Armées Centrafricaine (FACA), inactives depuis la prise du pouvoir par la Seleka, le 24 mars 2013.  

Un groupe, identifié comme "musulman" par ces manifestants, avait attaqué, mercredi soir, la paroisse de Notre Dame de Fatima, dans le quartier musulman de PK5. 11 personnes ont trouvé la mort dans cette attaque, dont un prêtre, Paul Nazé. Une dizaine de blessés ont été transférés à l'hôpital communautaire de Bangui. Des dirigeants locaux musulmans ont, toutefois, démenti toute implication des musulmans dans cette attaque, en dénoncant "une manipulation".

"Il y a 23 églises au PK5, et jusqu’à hier, aucune n’a été attaquée. Par contre, 300 mosquées ont été détruites depuis le début de ce conflit. Il y a un mois, à 150 kilomètres d'ici, 100 musulmans ont été brûlés vifs à la mosquée de Yaloké et dont on n'a jamais parlé !" s'insurge Haroun Gaye " L'Eglise c'est la maison de Dieu, on ne touche pas à une église. J’ai des voisins chrétiens qui ne sont pas inquiétés car on n’a pas de problèmes avec l’Eglise. Le problème c'est avec les Anti-Balaka qui veulent anéantir les musulmans et détruire leurs biens"

Deux blocs du quartier de Fatima rattachés au 6ème arrondissement, voisin du 3ème de PK5, se sont vidés d'une grande partie de leur population chrétienne, partie se réfugier dans les sites des déplacés de l'aéroport, et du grand séminaire Saint Marc Bangui-Bimbo. Ce matin, "dans la zone proche du PK5, on ne peut voir que Anti-Balaka qui circulaient", a déclaré un témoin à Anadolu.

Des informations circulant parmi des manifestants chrétiens et des anti-balaka ont fait état d’otages détenus par les assaillants de la paroisse et de leur exécution. Ces manifestants, ont également fait part de forts ressortiments à l'encontre du contingent Burundais de la MISCA, qu'ils accusent de "complicité".

"C'est sous les yeux des Burundais de la MISCA que les musulmans ont attaqué hier la paroisse de Notre Dame de Fatima. Ils n'ont pas bronché ! " a déclaré un manifestant à Anadolu. Plus tôt dans la journée, des Anti-Balaka ont essayé d’attaquer la base d’une section du contingent burundais, dans le 6ème arrondissement, avant d'être repoussés. Dans une déclaration à Anadolu, l'ancien ministre Jean Serge Bokassa, a appelé les Burundais à quitter la force africaine déployée en Centrafrique.

"Nous demandons au contingent Burundais de se retirer de la MISCA. Je demande également au Premier Ministre, André Nzapayéké, et à la présidente de transition, Catherine Samba Panza, de prendre leurs responsabilités concernant ce qui arrive" a martelé le fils de l'ancien empereur centrafricain, sans préciser la portée de ses propos.

 

 
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