Politique

Régime syrien: pas de pourparlers directs avec l'opposition

- en protestation contre la déclaration de Riyad 2, et a son "ton provocateur", selon Bachar Jaafari, président de la délégation du régime à Genève 8

Hafawa Rebhi  | 01.12.2017 - Mıse À Jour : 02.12.2017
Régime syrien: pas de pourparlers directs avec l'opposition

Geneve

AA / Genève / Mohammed Shek Yusuf

« Pas de pourparlers direct avec l’opposition, tant que la déclaration de Riyad 2 est toujours en place ». La décision, sans appel, du régime syrien a été exprimée vendredi par le chef de sa délégation aux négociations de Genève 8, Bachar Jaafari.

Lors d'une conférence de presse tenue à Genève à l'issue des pourparlers de la délégation du régime avec l'envoyé de l'ONU à la Syrie Staffan de Mistura, à la dernière journée de la première partie de Genève 8, Jaafari s’en est surtout pris à la déclaration de Riyad 2 et à son « ton provocateur ».

« Nous estimons que le langage utilisé à Riyad 2 a consacré des conditions préalables. L’envoyé international a pourtant dit, ’aucune condition préalable’. Le langage de la déclaration représente pour de nombreux analystes et capitales un retour en arrière, et celui qui l’a rédigée a planté des mines dans sur le chemin des négociations », a asséné le délégué du régime syrien.

Le régime rejette ainsi catégoriquement la Déclaration de Riyad 2 qui n’a pas pris en compte, à ses dires, les développements politiques et militaires récents, ni les efforts consentis par l’ancien émissaire onusien Lakhdar Brahimi. Selon Jaafari, « la déclaration n’est autre qu'une régression, un retour désespéré à la case départ et une tentative déterminée de saper de mission de de Mistura ».

« Les termes de la déclaration de Riyad 2 sont dépassés par les événements. Militairement, le terrorisme a été vaincu, et la nouvelle réalité politique et militaire est à prendre en considération. Celui qui revient maintenant avec conditions préalables est irréaliste », a détaillé le délégué du régime, soulignant la robustesse de son gouvernement sur le terrain et sa prédisposition à réaliser des progrès.

Lors de la conférence de Riyad 2, tenue il y a plus d'une semaine, l'opposition syrienne avait avancé « le départ de Bachar al-Assad et de son clan comme condition sine qua non au début du processus de la transition dans le pays », estimant que les négociations directes et inconditionnelles permettaient de mettre en avant et de débattre tous les sujets. L’opposition avait tenu à inscrire ses doléances dans la Déclaration finale de la conférence qui s’est ainsi tirée la grogne du régime.

Evoquant la session de négociations engagées avec de Mistura, Jaafari a rapporté une concentration sérieuse de la part de sa délégation et de l’émissaire onusien sur les principes de base de la solution politique. Le délégué syrien a toutefois accusé de Mistura d’avoir dépassé son mandat en avançant un nouveau document, autre que celui présenté en mars dernier par le régime et approuvé par le régime et de Mistura comme base de toute négociation avec l’opposition.

« Nous ne négocions pas avec le médiateur, mais à travers le médiateur », a-t-il renchéri, précisant que « l'objection ne porte pas sur la substance du document, mais sur le principe et la forme ».

« La session actuelle est terminée pour la délégation du régime, et la question de participation ou non à la prochaine session la semaine prochaine à Genève a été référée à Damas qui devrait en trancher », a ajouté Jaafari.

Evoquant la multitude des pistes de négociations ; d’Astana à Genève, en passant par Sotchi, en Russie, le délégué du régime a répondu : « Il y a des progrès réalisés, parfois simples et parfois de manière substantielle. Le problème est que cette session [Genève 8] a été minée avant même de commencer par le groupe de Riyad ».

Interrogé par ailleurs sur les zones contrôlées par l'organisation terroriste PYD dans le nord du pays, Jaafari a expliqué : « Il n'y a pas de zones kurdes en Syrie, il y a des zones syriennes. Il y a des composantes syriennes kurdes et il y a des zones syriennes avec une présence de composantes syriennes kurdes ».

« Toute action unilatérale est rejetée par le gouvernement syrien », a-t-il précisé, commentant les soi-disant élections locales organisées par l'organisation terroriste.

A la fin de la journée, les réunions de la première session de Genève 8 seront achevées et reprendront la semaine prochaine. Une partie de la délégation de l'opposition reviendra alors pour participer ensuite aux négociations.

La veille, de Mistura a estimé que le report de la Conférence de Sotchi en Russie permettrait la poursuite des négociations de Genève 8 jusqu'au 15 décembre, lesquels porteront sur les principes de base de la sortie de crise politique, les questions constitutionnelles et les élections

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