Politique

Prisons françaises : L’ultradroite, nouvelle menace intérieure depuis les attentats du 13 novembre 2015

- Depuis 2017, les prisons françaises voient croître le nombre de détenus d’extrême droite, mêlant violences de rue, projets terroristes et obsessions idéologiques comme le « grand remplacement »

Şeyma Erkul Dayanç  | 13.11.2025 - Mıse À Jour : 13.11.2025
Prisons françaises : L’ultradroite, nouvelle menace intérieure depuis les attentats du 13 novembre 2015

Istanbul

AA / Istanbul / Seyma Erkul Dayanc

Selon un rapport de l’administration pénitentiaire commandé à l’historien Nicolas Lebourg, et obtenu par les médias français BFMTV, chaîne d’information en continu, et Libération, quotidien à orientation progressiste, les prisons françaises connaissent une augmentation notable des détenus d’extrême droite depuis 2016-2017. L’étude porte sur un échantillon de 104 individus arrêtés depuis 2017 pour des violences d’extrême droite, qu’il s’agisse de terroristes ou d’activistes radicaux.

Parmi ces détenus, 53 sont classés comme « terroristes d’ultradroite » (TUD), impliqués dans des projets d’attentats déjoués, et 51 sont des activistes radicaux, néonazis ou identitaires, auteurs de violences de rue, selon le même rapport. L’étude souligne un changement par rapport aux profils historiques : les auteurs ne correspondent plus à la mythologie des années 1980. Le groupe est aujourd’hui hétérogène et marqué par un vieillissement : près de 30 % ont plus de 50 ans, incluant des retraités, des pères de famille et des hommes insérés dans la société. La part des femmes reste faible (environ 10 %), mais certaines jouent un rôle actif dans les groupes radicaux, toujours selon Lebourg.

Les profils sont variés : hommes mariés, pères de famille, artisans, cadres, ex-militaires, jeunes « accélérationnistes » ou incels en quête de reconnaissance et d’une valorisation virile par la violence. Certains jeunes s’inspirent d’événements comme la tuerie de Columbine et de références néonazies internationales, précise Libération.

L’idéologie du « grand remplacement » est largement partagée et constitue le cœur de leur discours. L’islamophobie, l’antisémitisme et le racisme sont fréquents, mais le rapport souligne que la radicalité de droite est pauvre en théorie, davantage marquée par une esthétique fasciste que par une doctrine structurée.

La socialisation joue un rôle clé : l’armée, les clubs de tir et les groupes clandestins contribuent à l’endoctrinement, tandis qu’Internet sert de vecteur de radicalisation. Les groupes comme l’AFO (Action des forces opérationnelles) ou les Barjols alternent interactions en ligne et réunions physiques pour renforcer l’engagement, selon le rapport consulté par Libération.

L’étude constate également un effet de socialisation en contre-effet des attentats de 2015 : certains détenus d’extrême droite ont été marqués par le Bataclan, ce qui a renforcé leur sentiment de « guerre civile » et leur désir de vengeance.

Face à cette population, le rapport formule neuf recommandations, dont la détection des signes de radicalisation, la formation du personnel pénitentiaire et le désengagement progressif des détenus. L’idée de regrouper ces détenus en quartiers spécifiques est envisagée avec prudence pour éviter la formation d’un « sentiment de corps » et des tensions historiques, précise Lebourg.

Lors de leurs procès, certains détenus affirment avoir « tourné la page », reniant leur passé, mais conservant des positions discriminatoires, selon Libération. Nicolas Lebourg alerte sur le fait que ce désengagement est souvent partiel et parfois stratégique pour obtenir des peines réduites.

Le rapport rappelle enfin que, si les groupes terroristes restent la principale menace en France, l’extrême droite constitue le deuxième potentiel.

Les attentats du 13 novembre 2015 ont marqué la France par leur ampleur et leur violence.

Trois commandos terroristes ont perpétré des attaques coordonnées, faisant 130 morts et plus de 350 blessés. L’assaut a commencé au Stade de France, où trois kamikazes se sont fait exploser à proximité du stade lors d’un match amical entre la France et l’Allemagne.

Dans le même temps, des fusillades ont éclaté à plusieurs terrasses de cafés et de restaurants parisiens, comme La Belle Équipe et Le Petit Cambodge. Enfin, au Bataclan, des assaillants ont pris en otage les spectateurs d’un concert avant l’intervention des forces de l’ordre, une attaque qui s’est soldée par un lourd bilan humain.

Ces événements, les plus meurtriers depuis la Seconde Guerre mondiale en France, ont marqué durablement la mémoire nationale française et ont conduit à des mesures sécuritaires accrues pour prévenir de nouvelles attaques.



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