Première Dame de Djibouti: "Nous avons promulgué une loi interdisant l’excision des filles"
"L’enseignement est, à mes yeux, la clé de voute de tout développement économique", a encore dit Kadra Mahamoud Haid, épouse du président djiboutien, dans une interview accordée à l'agence Anadolu.

AA / Djibouti / Mohamed Tawakol
Calme comme à son habitude et forte de sa simplicité, préservée bien qu’épouse d’un chef d’Etat, Kadra Mahamoud Haid, première Dame du Djibouti a évoqué avec Anadolu le rôle de la femme dans son pays et l’importance de sa participation au développement de l’économie et à l’éradication de la pauvreté ainsi qu’à la protection de l’enfant.
Kadra Mahamoud Haid a, tout particulièrement, souligné que le Djibouti a promulgué une loi qui interdit l’excision des filles, formulant l’espoir de parvenir à éradiquer la pauvreté, la faim et l’ignorance.
Son père, Mahamoud Haid était connu pour sa lutte acharnée contre le colonisateur français. Il avait joué un rôle majeur, à travers l’enseignement de la langue de l'occupant, qu’il utilisait comme étant une arme à travers ses articles et les manifestes révolutionnaires qu’il rédigeait en langue française.
Kadra n’était pas la seule parmi sa fratrie qui a eu un rôle de premier plan au Djibouti. Son frère disparu, Jameaa Mahamoud, avait occupé le poste de Directeur de la Banque Nationale et assumé, ainsi, un rôle majeur dans le développement enregistré par Djibouti.
Kadra est devenue première Dame de ce pays de la Corne d’Afrique lorsque son époux Ismaïl Omar Guelleh avait accédé à la magistrature suprême du Djibouti en mai 1999.
Voici, dans ce qui suit, le texte de l’interview :
- Pouvez-vous nous parlez de votre naissance, vos origines ?
J’ai grandi comme toutes les filles djiboutiennes dans une famille conservatrice, soucieuse de la préservation de ses traditions et fière de ses valeurs. J’ai grandi au sein de ma famille avant de rejoindre l’école des sœurs (catholiques), un établissement réservé aux filles.
A l’époque, les écoles étaient peu nombreuses. Et en dépit du caractère conservateur de la société, un grand intérêt était accordé à l’éducation et à l’enseignement des filles. C’est cette période qui a forgé en grande partie ma personnalité et m’a incité plus tard à accorder un intérêt particulier à l’enseignement que je considère comme étant une arme de choix pour préserver les acquis engrangés dans notre vie et dans celle de notre peuple.
L’enseignement est, à mes yeux, la clé de voute de tout développement économique. Djibouti a connu, au cours de la période écoulée, une croissance incontestable et un développement tout azimut dans tous les domaines. Ce qui me rend plus optimiste quant à l’avenir de ce pays, c’est l’intérêt accordé par le djiboutien à l’éducation de l’homme mais surtout de la femme. C’est notre arme la plus redoutable en notre possession pour faire face aux défis de la mondialisation qui a fait de la planète un seul village.
- En tant que première Dame, comment percevez-vous le rôle de la femme à Djibouti ?
Au Djibouti, la femme assume la plus grande charge et représente la colonne vertébrale de la famille, et partant, elle assume un rôle majeur et influent dans la cohésion de la société djiboutienne. La femme est la principale force d’orientation de la société et est à l’origine de tout changement opéré dans l’évolution d’une société.
Munie d’une forte volonté, la femme djiboutienne est caractérisée par sa bravoure et son courage, ce qui explique sa présence à l’avant-garde des combats du Djibouti. Mieux, certaines femmes du pays occupent des postes de leadership et ont laissé leurs empreintes avec force dans l’histoire du pays.
- Quel est le rôle de la femme djiboutienne aujourd’hui ?
La femme djiboutienne est un partenaire à part entière de l’homme dans l’ensemble des phases du développement du pays. Elle est présente en tant que ministre, directrice, enseignante, ingénieur, médecin et dans les plus hautes fonctions des différentes organisations.
Il s’agit d’un partenaire actif dans les métamorphoses vécues par le pays et la femme a pris, à maintes reprises, des initiatives louables, à la faveur du niveau d’enseignement qu'elle a atteint, à l’instar des femmes dans les autres sociétés.
Djibouti dispose d’une Union des Femmes qui œuvre, inlassablement, à encadrer et à dynamiser le rôle de cette catégorie aux plans politique, social et économique.
- Quel traitement accordez-vous aux problèmes auxquels fait face la société tel que la violence faites aux femmes et les enfants illégitimes ?
Au Djibouti, nous comptons des institutions qui dispensent conseils et services aux victimes de la violence, conformément à la loi. Ce sont des institutions dynamiques et coercitives soutenues, essentiellement, par la société djiboutienne cohérente.
Nous avons accru l’intérêt accordé aux enfants. Il existe une école destinée aux personnes à besoins spécifiques parmi les enfants et les femmes et nous avons lancé en 2011 un orphelinat qui se charge des enfants sans soutien familial.
Dans le même ordre d’idées, nous avons mené une vaste campagne contre l’excision des filles. Une loi a été promulguée dans ce cadre pour interdire cet acte. Dans le cadre de la campagne lancée, nous avons organisé de nombreux colloques et ateliers, ce qui nous a permis de réaliser des progrès probants qui ont été à même d’endiguer ce phénomène avec le précieux concours de la société et du gouvernement.
- Comment avez-vous accueilli l’accès de votre époux à la Présidence de la République en mai 1999 ?
Mon mari évolue dans le champ politique depuis bien longtemps. Il avait occupé des postes de responsabilité de premier plan et après son élection, il a été investi de charges plus lourdes, en devenant responsable d’un pays en entier. Connaissant et confiante en ses qualités, je demeure convaincue qu’il est apte à assumer la charge qui est la sienne bien que cette mission nécessite la conjugaison des efforts de tous.
- Vos souhaits pour la période à venir ?
Mon souhait consiste à ce que le peuple djiboutien bénéficie d’une vie décente, à éradiquer la pauvreté, la faim et l’ignorance, le tout dans un cadre de paix et de sérénité. Je souhaite ardemment que la femme continue à donner de sa personne et à contribuer pour la renaissance et le développement du Djibouti et de son peuple.