Politique

Pascal Boniface, cet "antisémite" qui n'en est pas un (entretien)

Esma Ben Said  | 30.01.2018 - Mıse À Jour : 30.01.2018
Pascal Boniface, cet "antisémite" qui n'en est pas un (entretien)

France

AA / France / Fawzia Azzouz

Pascal Boniface est géopolitologue. Il a fondé en 1991, l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), dont il est également le directeur. Il a publié, le 11 janvier dernier, aux éditions Max Milo, "L'antisémite", un ouvrage qui vise à déconstruire les accusations régulières d'antisémitisme, dont il fait l'objet et à prouver qu'elles sont infondées.

Dans un entretien accordé à Anadolu, Pascal Boniface a accepté de revenir sur les polémiques récentes auxquelles il a été associé.

-Un chantage à l'antisémitisme qui ne s'essouffle pas

Tout a commencé avec une note qu'il a écrite en avril 2001 lorsqu'il était encore délégué national du Parti Socialiste (PS) sur les questions stratégiques. Il y explique notamment que les positions jugées "trop pro-israéliennes" ne sont pas nécessairement efficaces sur le plan électoral, puisque les électeurs d'origine arabe sont de plus en plus nombreux.

Après la diffusion de cet écrit, les pressions et accusation d'antisémitisme se feront suffisamment fortes pour que Pascal Boniface soit contraint de claquer la porte du PS en juillet 2003.

A ce propos, il explique que "depuis des années, je suis pris à parti de manière virulente sur mon supposé antisémitisme".

"En France, la durée maximale qu'on peut passer en prison est de 22 ans, moi je suis condamné à perpétuité à subir ces accusations qui me touchent à la fois personnellement et professionnellement", finira-t-il par lâcher.

- Manuel Valls au coeur des accusations

Et pour cause, lorsque Pascal Boniface évoque des pressions dans sa vie professionnelle, il fait notamment allusion à l'ancien Premier Ministre français, Manuel Valls, qu'il "connaît depuis 37 ans et qui, aujourd'hui, a changé de comportement".

Dans une interview accordée à Marianne en novembre 2017, le député de l'Essonne s'était vanté d'avoir "saisi les ministres des affaires étrangères et des armées qui financent l'IRIS", parce qu'il considère "que ce qu'écrit l'universitaire Pascal Boniface depuis des années pose un vrai problème".

A ce sujet, le géopolitologue se demande "comment quelqu'un comme Manuel Valls et qui se dit Charlie peut demander la mise à mort de l'IRIS qui compte 30 salariés" et estime que "ce type de comportement est digne d'une dictature et pas d'une démocratie".

Il fait toutefois remarquer que "Valls a été membre du conseil d'administration de l'IRIS jusqu'en 2010, et m'a envoyé il y a plusieurs années une lettre de soutien. C'est donc bien lui qui a changé de positionnement".

-La difficile promotion de "l'antisémite"

Si son ouvrage n'est paru que le 11 janvier dernier, Pascal Boniface explique que "beaucoup de rédactions ont dit à mon éditeur que le sujet est trop polémique et ont refusé de le présenter".

"Ca me fait d'ailleurs sourire parce que les livres contre les musulmans ont droit à de très grandes promotions et sont considérés, eux, comme des ouvrages courageux", dit-il avant d'ajouter : "Je voulais simplement raconter comment quelqu'un qui n'a jamais écrit ou prononcé une seule parole antisémite, est victime d'accusation d'antisémitisme".

-Victime d'un contexte politique?

A la question de savoir s'il pense être victime d'islamophobie, Pascal Boniface répond avec un "oui" franc et direct.

Il étaye son propos en racontant "j'ai toujours combattu le racisme et je me bats contre les discriminations à l'égard de mes compatriotes musulmans.

A ce titre, je suis dans le viseur de ceux qui me diabolisent en me qualifiant d'islamo-gauchiste ou d'islamo-fasciste".

Il dit aussi qu'il "pense être victime d'une époque où la ligne de clivage sur la laïcité regroupe en fonction de l'appréciation du conflit israélo-palestinien".

Les partisans d'une laïcité de liberté seraient, donc, plutôt du côté de la solution à deux Etats en paix, tandis que "les partisans d'une laïcité dévoyée sont très souvent du côté du gouvernement israélien", relève-t-il.

-Des soutiens nombreux malgré des "fake news"

Au-delà des accusations d'antisémitisme, Pascal Boniface souligne toutefois qu' "à côté des campagnes de haine de certains, j'ai reçu le soutien unanime du Conseil d'Administration de l'IRIS et d'une grande partie des Français qui m'envoient des messages de soutien".

S'il dit "rester digne et fidèle aux valeurs" qu'il défends, le géopolitologue s'étonne qu'à "l'heure où on veut combattre les Fake News, on ne dénonce pas celles dont je suis victime".

Il conclura son propos en demandant à ce qu'on lui "explique sur quels éléments factuels sont basées les accusations d'antisémitisme parce que pour l'instant, personne n'a été capable d'apporter la moindre preuve".


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