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Nouvelle-Calédonie : le gouvernement français accusé de “passage en force” après l’annonce d’une consultation anticipée

- Une méthode perçue comme un contournement du processus de décolonisation et comme une marginalisation du FLNKS.

Ümit Dönmez  | 14.11.2025 - Mıse À Jour : 14.11.2025
Nouvelle-Calédonie : le gouvernement français accusé de “passage en force” après l’annonce d’une consultation anticipée

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez


Le Gouvernement français est accusé d’engager une nouvelle étape de “passage en force” en Nouvelle-Calédonie, après l’annonce par la ministre des Outre-mer de la tenue d’une “consultation citoyenne anticipée” sur l’avenir institutionnel du territoire, alors même que la révision constitutionnelle destinée à encadrer ce processus n’a pas encore été adoptée.

Selon plusieurs voix opposées à l’exécutif, notamment La France Insoumise, cette consultation, qui devait avoir lieu après la réforme constitutionnelle afin d’en garantir la légitimité démocratique, serait utilisée comme un outil de contournement destiné à valider politiquement le projet de l’État sans attendre un accord global. La méthode est qualifiée de manœuvre dangereuse dans un territoire encore marqué par les émeutes de 2024, une crise économique profonde et une défiance persistante vis-à-vis de Paris.

Le parti de gauche estime que cette démarche revient à écarter de facto le FLNKS, acteur historique du processus de décolonisation depuis plus de 35 ans. Passer outre ce mouvement indépendantiste, affirme-t-il, revient à prendre le risque d’aggraver l’instabilité dans un archipel déjà traversé par des tensions politiques aiguës et encore meurtri par les violences de l’an dernier.

Le texte gouvernemental défendu cet automne dans l’hémicycle — destiné à mettre en œuvre l’accord institutionnel signé à Bougival — est jugé incompatible avec l’esprit de l’accord de Nouméa, notamment parce qu’il remettrait en question le principe d’irréversibilité du processus de décolonisation inscrit dans la Constitution. L’annonce d’une consultation anticipée accentue encore ces inquiétudes, perçue comme une tentative de “dégel” du corps électoral ou de légitimation accélérée de choix institutionnels déjà contestés.

Les opposants demandent l’organisation immédiate des élections provinciales, retardées à trois reprises, estimant que seule leur tenue rapide permettrait de rétablir un climat démocratique et de reprendre un dialogue sincère sur l’avenir du territoire. Ils appellent également le gouvernement à cesser toute marginalisation du FLNKS et à garantir un calendrier transparent.

Signé le 12 juillet 2025 à Bougival, l’accord prévoit la création d’un “État de la Nouvelle-Calédonie” au sein de la République française, avec un transfert progressif de compétences, une nationalité calédonienne et la tenue d’élections provinciales repoussées à mi-2026. S’il a été soutenu par plusieurs formations loyalistes et indépendantistes modérées (dont le Palika), il a été rejeté par le FLNKS et par l’Union calédonienne, qui considèrent que le texte ne reconnaît pas suffisamment la souveraineté du peuple kanak et rompt avec la logique du compromis portée depuis les accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998).


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