Politique

Nice : «Transformer la mosquée En-Nour en crèche coûtera 3 millions d’euros » (Avocat)

La mosquée niçoise En-Nour est dans le collimateur du maire Les Républicains (LR) Christian Estrosi depuis de longues années. Ce dernier veut la transformer en crèche

Esma Ben Said  | 17.11.2017 - Mıse À Jour : 18.11.2017
Nice : «Transformer la mosquée En-Nour en crèche coûtera 3 millions d’euros » (Avocat)

France

AA/Nice/Fawzia Azzouz

Les contribuables niçois devront débourser 3 millions d'euros pour que la municipalité s'approprie le bâtiment de la mosquée En-Nour et la transforme en crèche comme le désir le maire de la ville Christian Estrosi, a révélé vendredi Ouassini Mebarek, avocat de la mosquée, lors d’une conférence de presse.

La mosquée niçoise En-Nour est dans le collimateur du maire Les Républicains (LR) Christian Estrosi depuis de longues années.

Le 6 novembre, le journal Nice-Matin révélait que le Préfet des Alpes-Maritimes Georges-François Leclerc, avait accepté de diligenter une enquête, dans le but d’étudier une Déclaration d’Utilité Publique (DUP), procédure qui permettrait à la municipalité de s'approprier le bâtiment qui héberge la mosquée pour l'aménager en crèche.

Ce dernier avait d’ailleurs déclaré il y a plusieurs années, relayé par Nice-Matin que « tout le monde sait qu’à chaque fois que j’ai voulu m’opposer à un lieu de culte, j’ai trouvé les moyens juridiques de le faire ».

Epuisant tous les moyens de pressions imaginables, tels que des accusations de salafisme, une accusation de la présence de fichés S au sein du Conseil d'Administration, ou encore en émettant des doutes sur la régularité des travaux d'aménagement, Estrosi tente une deuxième fois, après un premier échec en 2016, de s'approprier le bâtiment.

En juin 2016, le Conseil d’Etat avait également condamné la ville de Nice à signer l’autorisation d’ouverture de la mosquée, avec une astreinte de 500 euros par jour de retard, considérant que s’y opposer relevait d’une « atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de culte ». Dix-huit mois plus tard, le maire n’a toujours pas signé l’autorisation, et c’est l’ancien Préfet Colrat qui a dû se substituer à lui.

Maître Ouassini Mebarek, avocat de l’association qui gère la mosquée, a tenu une conférence de presse vendredi dans ses locaux afin de révéler le « coût de cette opération politique ».

Documents à l’appui, le bâtiment, qui appartient au ministre Saoudien Saleh Al Sheikh, est « estimé à 1.7 millions d’euros et le coût des travaux pour en faire une crèche avoisine les 1.2 millions d’euros d’après une estimation faite par la mairie elle-même », soit près de 3 millions d’euros pour une structure qui ne permettrait d’accueillir que 40 enfants, toujours d’après les documents établis par la municipalité.

Un montant qui sera « à assumer par le contribuables Niçois » pour « créer 40 places de crèche au détriment de 3000 fidèles réguliers ».

L’avocat azuréen a mis en garde contre « les conséquences dramatiques qu’une expropriation pourrait avoir sur les Niçois de confession musulmane qui serait contraints de retourner prier dans des caves ou des lieux indignes ».

D’après le recteur de la mosquée En-Nour, Mahmoud Benzamia, « ce sont entre 800 et 1000 fidèles qui prient sur place chaque vendredi et près de 3000 personnes lors des fêtes de l’Aïd ».

Me Mebarek a par la suite indiqué « savoir la volonté claire de Christian Estrosi : s’accaparer le bien parce qu’il ne veut pas de mosquée ici », argumentant son propos par le fait qu’« il n’y a jamais eu le moindre incident depuis 18 mois que la mosquée est ouverte. Les seuls évènements que nous avons eu à déplorer concernent le dépôt de carcasses de sangliers à deux reprises devant notre porte ».

S’agissant de la radicalisation, et puisque Nice a été l’une des villes françaises qui a vu partir le plus grand nombre de ses jeunes combattre en Syrie aux cotés de groupes terroristes, l’avocat d’En-Nour a conclu « l’enseignement qui est dispensé aux enfants au sein de la mosquée, est qu’ils apprennent un Islam juste, pour qu’on ne les retrouve pas en Syrie plus tard ».

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