Motions de censure contre le gouvernement Lecornu II : la pression monte à l’Assemblée nationale
- La France insoumise et le Rassemblement national ont déposé lundi leurs motions de censure contre le gouvernement Lecornu II, formé il y a tout juste 24 heures, tandis qu’Emmanuel Macron appelle les partis à « œuvrer à la stabilité »

Istanbul
AA / Istanbul / Serap Dogansoy
À peine installé, le gouvernement Lecornu II fait déjà face à une double offensive parlementaire.
Lundi 13 octobre, La France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN) ont chacun déposé une motion de censure à l’Assemblée nationale, ouvrant une nouvelle séquence d’incertitude politique sous la Ve République.
Sur le réseau social américain X, la présidente du groupe LFI, Mathilde Panot, a annoncé le dépôt d’une motion signée « par des député·es ultramarins, communistes, écologistes et l’ensemble du groupe insoumis ». « Le pays n’a pas de temps à perdre. Lecornu tombera et Macron suivra », a-t-elle déclaré.
Le RN, de son côté, a fait savoir qu’il avait également déposé sa propre motion, en alliance avec les "ciottistes" de l’Union des droites pour la République, appelant à un « retour au peuple » pour « trancher les grands choix politiques nécessaires ».
Instrument majeur de contrôle parlementaire, la motion de censure permet à l’Assemblée nationale de forcer le gouvernement à démissionner. Elle peut être déposée soit de manière spontanée par au moins un dixième des députés, soit en réaction à l’engagement de la responsabilité du gouvernement sur un texte via l’article 49.3. Pour être adoptée, elle doit recueillir la majorité absolue des voix. Depuis 1958, seules deux motions de censure ont été votées : en 1962 et en 2024.
Cette double initiative intervient alors que le gouvernement de Sébastien Lecornu, nommé dimanche soir, compte 34 ministres, dont 8 issus de la société civile et 26 responsables politiques. Une composition qui n’a pas suffi à apaiser les tensions d’une Assemblée nationale toujours fragmentée depuis la dissolution de juin 2024.
Les socialistes demeurent pour l’heure les arbitres du rapport de force. Ils conditionnent leur vote à la suspension de la réforme des retraites, dossier explosif qui continue de diviser la majorité. Le Premier ministre devrait préciser sa position mardi, lors de sa déclaration de politique générale.
Depuis Le Caire, où il participait au sommet international sur Gaza, Emmanuel Macron a exhorté les forces politiques à « œuvrer à la stabilité », dénonçant les « paris sur l’instabilité » alors que certains, à droite comme à gauche, évoquent déjà une présidentielle anticipée.
Cette nouvelle épreuve parlementaire s’annonce décisive pour l’avenir du gouvernement Lecornu II, déjà menacé avant même d’avoir pu présenter son programme.