Mohammed bin Salman: 95% des suspects de corruption arrêtés ont accepté de restituer l'argent
Ajoutant qu’il était ridicule de dire que la campagne anti-corruption serait un moyen de prendre le pouvoir

Suudi Arabistan
AA/Ahmed al-Masri
Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman a révélé que 95% des personnes arrêtées pour corruption dans le royaume ont accepté l’arrangement qui prévoit la restitution des fonds à l'Etat.
Dans une interview accordée jeudi au New York Times, Bin Salman a indiqué qu'environ 1% des détenus avaient pu prouver leur innocence et leurs affaires ont été classées, tandis que 4% d'entre eux ont nié les accusations de corruption et exprimé leur désir d'aller devant la justice.
Il a souligné que le procureur général Saoudien, Saud al-Moojab, prévoyait que les sommes recouvrées grâce à cet arrangement s’élèvent à environ 100 milliards de dollars.
Dans un développement inédit dans l'histoire de l'Arabie Saoudite, les autorités ont arrêté le 4 novembre plus de 200 personnes, dont 11 émirs, 4 ministres actuels et des dizaines d'anciens hommes d'affaires, accusés de corruption et détenues à l'hôtel Ritz Carlton.
Le procureur général saoudien a déclaré le 10 novembre que le nombre des personnes arrêtées pour des affaires de corruption s'élevait à 208, dont 7 ont été libérées "faute de preuves suffisantes", ajoutant que les enquêtes avaient révélé des malversations s’élevant à au moins 100 milliards de dollars, entre corruption et détournements de fonds.
En réponse à une question de Thomas Friedman, qui a mené l'interview à propos de ce qui se passe au Ritz-Carlton et au fait que la campagne anti-corruption viserait à évincer ses rivaux pour un transfert du pouvoir entre le Roi Salman et son fils, Bin Salman a déclaré: "Il est ridicule de dire que cette campagne anti-corruption serait un moyen de s’emparer du pouvoir. "
Bin Salman a précisé que des membres éminents des personnes détenues au Ritz lui avaient déjà déclaré allégeance ainsi que leur soutien à ses réformes, et que “la grande majorité des membres de la famille régnante” était d’accord avec lui .
"Notre pays a toujours souffert de la corruption depuis les années quatre-vingt du siècle dernier jusqu’à nos jours. Nos experts estiment que près de 10% des dépenses publiques ont été détournées l'an dernier par la corruption à tous les niveaux", a-t-il déclaré.
Il a ajouté que lorsque son père avait repris les rênes du pouvoir en Janvier 2015, il s'était engagé à mettre un terme à tout cela.
Soulignant que son père, après avoir pris ses fonctions, avait donné l'ordre de “de recueillir toutes les données relatives à la corruption au sein de l’élite.”.
"L'équipe a travaillé pendant deux ans pour recueillir les informations les plus précises, jusqu’à en arriver à arrêter une liste d’environ 200 noms." a t-il ajouté
précisant que toute personne soupçonnée, milliardaire ou un prince, a été arrêtée .
"Nous leur avons montré tous les dossiers en notre possession et une fois au fait de leur contenu, 95% ont accepté l’arrangement", ce qui signifie qu'ils doivent restituer des sommes importantes d’argent ou remettre des actions de leurs entreprises à la disposition du Trésor public.
"Environ 1% des suspects ont pu prouver leur innocence et les accusations portées contre eux ont été immédiatement abandonnées, tandis qu’environ 4% ont déclaré ne pas avoir participé à la corruption et exprimé leur volonté de recourir à la justice", a-t-il déclaré.
Il a souligné que "des experts s'assureraient qu'aucune entreprise ne tombe en faillite des suites de ce processus afin d'éviter toute répercussion sur les emplois".
En réponse à une question portant sur la règle à suivre concernant l'argent qui devrait être recouvré grâce à la campagne, Bin Salman a dit que le procureur général l’a estimé à "environ 100 milliards de dollars".