Madagascar récupère des crânes de l’époque coloniale en provenance de la France dans une restitution « historique »
- Les restes, dont l’un serait celui du roi Toera, avaient été conservés plus d’un siècle au Muséum national d’histoire naturelle de Paris

Istanbul
AA / Istanbul / Necva Tastan Sevinc
Mardi, Madagascar a reçu trois crânes humains pris par les troupes coloniales françaises lors d’un massacre en 1897, une restitution qualifiée de « historique » par les deux pays.
Les restes, dont l’un serait celui du roi Toera du peuple Sakalava, avaient été conservés pendant plus d’un siècle au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, rapporte la chaîne française BFMTV.
Ils avaient été saisis après une attaque meurtrière menée par les forces françaises à Ambiky, ancienne capitale royale du Menabe, au début de la colonisation.
"Ces crânes sont entrés dans les collections nationales dans des conditions qui contreviennent de manière très objective à la dignité humaine et dans un contexte de violences coloniales", a déclaré la ministre française de la Culture, Rachida Dati, lors de la cérémonie à Paris.
La ministre malgache de la Culture, Volamiranty Donna Mara, a décrit leur absence comme "Leur absence a été pendant plus d'un siècle, 128 ans, une blessure ouverte dans le cœur de notre île".
Transportés dans des coffres recouverts de tissus traditionnels, les crânes ont été remis aux autorités malgaches mardi et seront acheminés à Madagascar le 31 août.
En effet, ils devraient être enterrés après plusieurs jours de cérémonies.
Cette restitution est la première effectuée dans le cadre d’une loi adoptée fin 2023, permettant à la France de restituer des restes humains malgré le principe légal d’inaliénabilité des collections publiques. Aussi, un autre projet de loi sur la restitution des biens culturels a été soumis au Cabinet français en juillet.
Le président français Emmanuel Macron, qui avait appelé à cette restitution lors d’une visite à Madagascar en avril, a déclaré que le retour des restes pourrait créer « les conditions » d’un « pardon » sur les « pages sanglantes et tragiques » de la colonisation.
Pour rappel, la France a régné sur Madagascar de 1897 jusqu’à l’indépendance du pays en 1960.
« Ce geste d’une immense portée ouvre une nouvelle ère de coopération entre nos pays », a affirmé Donna Mara.
Si Rachida Dati a confirmé que les crânes appartiennent au groupe ethnique Sakalava, elle a précisé que la science ne peut pas certifier avec certitude que l’un d’eux est celui du roi Toera.
« Il est permis d'un point de vue scientifique de présumer que l'un de ces trois crânes est bien celui du roi Toera sans avoir d'un point de vue scientifique une certitude absolue », a-t-elle souligné.
Cette restitution fait suite au retour en 2020 de 24 crânes à l’Algérie, bien que des enquêtes ultérieures aient remis en question leur provenance.