Madagascar: les ex-présidents Rajoelina et Zafy quittent le processus de réconciliation nationale
Les ex-chefs d'Etats réclament le remplacement de l'actuel premier ministre Jean Ravelonarivo et l'institutionnalisation du Conseil national pour la réconciliation. (CNR)

AA/ Antanarivo/ Alain Ilionaina
Les ex-présidents malgaches Albert Zafy et Andry Rajoelina ont quitté, jeudi, le processus de réconciliation nationale initié par le Conseil chrétien des Eglises (FFKM), a appris Anadolu auprès de sources politiques malgaches.
Depuis le mois de décembre 2014, le FFKM a pris l'initiative de faire rencontrer quatre anciens chefs de l'Etat malgache et le président élu Hery Rajaonarimampianina dans l’objectif de la réconciliation nationale.
"L'ancien président Albert Zafy suspend la participation de ses partisans au processus. Nous avons eu des discussions avec l’ancien président de la transition [Andry Rajoelina, absent du pays] ce matin à la suite de quoi nous avons également décidé de suspendre la nôtre", a confié à Anadolu Pierre Holder Ramaholimasy, porte-parole du "Miaraka amin'ny prezidà Andry Rajoelina " (Mapar) (ou "Ceux qui sont avec le président Andry Rajoelina").
Le clan Rajoelina exige la "clarification des règles du jeu", selon Ramaholimasy. "Il faut aborder les vrais problèmes", explique le porte-parole considérant les sept rencontres menées jusqu'ici qui se sont soldées par un "dialogue de sourds".
L'ancien président de la Transition critique surtout le "non-respect de la Constitution" par le régime actuel et les "problèmes nés de la crise actuelle".
"Rajoelina ne digère pas la nomination du Premier ministre Jean Ravelonarivo parce que c'est lui qui dispose d'une majorité à l'Assemblée nationale", poursuit le porte-parole.
Pour l'ancien président Zafy, l'insatisfaction est également totale. "Le président [Albert Zafy] insiste pour l'institutionnalisation du Conseil national pour la réconciliation (CNR) pour que l'initiative ait une base légale. Mais on ne l'écoute pas," explique Tabera Randriamanantsoa, un des proches collaborateurs de l'ancien chef de l'Etat, joint par Anadolu.
"Dans les conditions actuelles, il est inutile de poursuivre l'initiative qui n'a pas de base légale. Le président Zafy demande à ses représentants de ne pas prendre part au processus", justifie-t-il.
La réconciliation nationale a été réclamée par la communauté internationale à la suite de la crise politique qui a duré 5 ans dans le pays (de 2009 à 2013). Le FFKM a saisi l'occasion du retour de l'ancien président Marc Ravalomanana au mois d'octobre 2014, après cinq ans d'exil en Afrique du Sud, puis placé en résidence surveillée, pour prendre en main l'initiative.
Le pasteur Hery Rabarimanana, porte-parole de la Confédération des Eglises chrétiennes, indique pour sa part que le FFKM "ne peut rien faire face aux demandes politiques" des ex-présidents.
"On réclame le remplacement du Premier ministre (...) et la mise en place d'une institution, qui ne sont pas de notre ressort", explique-t-il à Anadolu alors qu'aucune réaction gouvernementale n'a été enregistrée " Les trois autres [Hery Rajaonarimampiaina, Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana, ndlr] sont toujours de la partie et le processus continue", assure-t-il.
Le FFKM organise vendredi une réunion préparatoire avant les débats régionaux, précédant une consultation nationale. "Il ne s'agit pas d'une réconciliation des anciens chefs d'Etat et du Président de la République mais celle de la population toute entière", avance le pasteur Hery Rabarimanana, minimisant le retrait des deux anciens chefs d'Etat.