
A/Antananarivo/ Alain Ilioniaina
Les électeurs malgaches vont choisir, vendredi, leurs maires et leurs conseillers communaux. Si, a priori, il s'agit d'une élection de proximité, des enjeux nationaux majeurs notamment pour le parti présidentiel qui doit "légitimer son pouvoir", et pour l'opposition qui veut s'imposer sur une scène politique en crise, se profilent derrière cette consultation populaire, relève Toavina Ralambomahay, analyste politique malgache, à Anadolu.
L’ambiance politique en berne de la Grande Île en proie à une crise à la fois politique, économique et sociale, n'a pas empêché les 7322 candidats (dont seulement 6% de femmes), de partir à l'assaut des 1695 communes de la Grande Île, et d'achever leur campagne électorale jeudi à 6 heures (locale).
"Certes, il s'agit d'une élection de proximité, mais elle permet de mesurer les forces électorales des partis. C'est la première élection après la présidentielle de décembre 2013", rappelle Ralambomahay.
A l'image du parti présidentiel Hery vaovao ho an'i Madagasikara (HVM) ou "Forces nouvelles pour Madagascar", les formations politiques en lice ne manquent pas d'ambitions pour ce scrutin.
"Notre objectif prioritaire est de placer le maximum de maires", confie à Anadolu, Jaobarison Randrianarivony, vice-président du HVM et conseiller spécial du président Hery Rajaonarimampianina, à Anadolu.
Le HVM joue d’ailleurs gros lors de cette élection. "Pour le Président, il s'agit d'un moyen de légitimer son pouvoir. Il a créé son parti après son accession à la magistrature suprême [en 2013]. Il ne dispose pas d'un seul député élu lors des législatives [en 2013]", note Jean Aimé Raveloson, sociologue, à Anadolu.
Pour Toavina Ralambomahay, les communales permettront de cerner l'avis des quelques 8,4 millions d'électeurs sur le mandat du président Rajaonarimampianina. "Ils vont s'exprimer s'ils sont satisfaits ou non de la gestion des affaires nationales par le régime ", soutient l'analyste politique.
Ralambomahay évoque, par ailleurs, deux scénarios possibles à l'issue du scrutin. "Le Président et son parti n'ont jamais réussi à stabiliser totalement le régime. S'ils gagnent, ils seront tentés de diriger le pays et pourraient aussitôt dissoudre l'Assemblée nationale. Dans le cas contraire, le risque d'instabilité est réel", prédit Toavina Ralambomahay.
Ces trois derniers mois, le régime a dû faire face à une tentative de déchéance du Président de la République et une motion de censure contre le gouvernement. Rajaonarimampianina, démocratiquement élu en 2013 et reconnu par la communauté internationale, est en effet très contesté par ses opposants pour sa "gestion et pour manquement aux promesses faites au début de son mandat".
Les deux initiatives de la chambre basse contre l'Exécutif avaient toutefois échoué de peu.
Les communales constituent, donc pour l'Exécutif un moyen de contrôler le Sénat face à une Assemblée nationale qui lui est moins docile. Les futurs élus locaux formeront le collège électoral pour les régionales et les sénatoriales, assure l’analyste.
Mais les communales servent également de rampe de lancement pour les candidats potentiels à la prochaine présidentielle de 2018.
C'est, entre autres, le cas de l'actuel Président, de l'ancien président Marc Ravalomanana et de Andry Rajoelina, ancien président de la Transition. Très actifs sur le terrain ces dernières semaines, ils peuvent avancer leurs pions sur le terrain avant la course à la magistrature suprême.
Les enjeux sont tels que la tension commence à monter d'un cran à l'approche du scrutin. Augustin Andriamananoro, directeur de campagne de la plateforme proche de l’ancien président Andry Rajoelina (MAPAR) ne cache pas à Anadolu son appréhension pour d'éventuelles fraudes électorales.
Mais ce doute est balayé du revers de la main par la Commission électorale nationale indépendante pour la Transition (CENIT).
"Nous faisons de notre mieux pour que les résultats des élections soient reconnus par tous et pour qu'il n'y ait pas de problèmes conduisant le pays vers une nouvelle crise", assure Jean Victor Rasolonjatovo, secrétaire exécutif de l'organe chargé d'organiser le scrutin, à Anadolu.
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.