
Varşova
AA/Varsovie/Jo Harper
Le chef de l'opposition polonaise Jaroslaw Kaczynski a rejoint, dimanche, le président du pays pour critiquer le gouvernement polonais, qu’ils accusent de répondre faiblement à la crise migratoire croissante à la frontière ouest avec l’Allemagne.
Kaczynski, dirigeant du parti Droit et Justice (PiS), a également pointé du doigt Berlin, l’accusant d’aggraver les flux migratoires non-européens vers la Pologne, qualifiant cette situation « d’inédite » entre pays membres de la même alliance et de l’Union européenne.
Des contrôles temporaires aux frontières avec l’Allemagne et la Lituanie doivent débuter lundi pour une durée de 30 jours, avec possibilité de prolongation. Les autorités polonaises précisent qu’ils seront aléatoires.
Parallèlement, des « patrouilles citoyennes » autoproclamées opèrent le long de la frontière allemande pour bloquer le retour de migrants non-européens ayant initialement transité par la Pologne. Le gouvernement polonais a récemment accusé ces groupes, soutenus par des politiques d’extrême droite, de perturber les opérations frontalières et de propager de fausses affirmations selon lesquelles la Pologne serait « submergée » par les migrants. Des membres de ces patrouilles auraient tenté de contrôler l’identité des personnes traversant la frontière.
Les gardes-frontières polonais rapportent que du 1er janvier au 29 juin, plus de 4 600 entrées illégales depuis l’Allemagne ont été enregistrées, les Ukrainiens représentant 40 % des cas, suivis de ressortissants d’Afghanistan, de Somalie, de Syrie, de Géorgie et de Colombie.
Le ministère de l’Intérieur a indiqué que plus de 850 migrants arrivés illégalement en Allemagne depuis la Pologne étaient initialement entrés sur le territoire polonais via le Bélarus. Selon le règlement Dublin de l’UE, les demandes d’asile doivent être traitées dans le premier pays européen d’entrée.
Depuis la mi-2021, le Bélarus, avec le soutien de la Russie, a acheminé des migrants d’Afrique et du Moyen-Orient vers la Pologne, suscitant des tensions frontalières. Varsovie a réagi en érigeant des barrières et en déployant des forces de sécurité le long de cette frontière stratégique, considérée comme un point de passage potentiel en cas d’attaque russe, notamment via le corridor de Suwalki entre la Pologne et la Lituanie.
Kaczynski s’est rendu dimanche dans le village de Rosowek, près de la frontière allemande, où il a défendu les groupes de patrouille tout en critiquant la réponse du gouvernement du Premier ministre Donald Tusk.
Il a annoncé que son parti proposerait une loi permettant au ministre de l’Intérieur d’interdire l’entrée sur le territoire à certains ressortissants de pays spécifiques.
Le président Andrzej Duda a lui aussi défendu vendredi les patrouilles, déclarant : « Je suis étonné des réactions violentes de Tusk au fait que de tels groupes soient créés car à mon avis, ils aident les gardes-frontières à remplir leur mission. »
Le ministre de l’Intérieur Tomasz Siemoniak a toutefois rejeté les allégations d’un afflux massif de migrants illégaux depuis l’Allemagne.
« Les chiffres sont bien inférieurs à ceux de 2023 et 2024 », a-t-il affirmé, accusant ses adversaires politiques d’exploiter la situation à des fins électorales.
Le ministère a précisé que les allégations selon lesquelles l’Allemagne refoulerait des migrants vers la Pologne étaient fausses : « Il s’agit principalement d’étrangers qui séjournaient déjà en Pologne pour la plupart légalement et qui tentent ensuite d’entrer en Allemagne, mais sont refoulés après contrôle. »
Tusk a dénoncé une mise en scène des groupes de droite à la frontière et réfuté les accusations d’invasion migratoire.
« J’ai été en contact avec le gouvernement allemand, et personnellement avec le chancelier Friedrich Merz, pour l’informer que chaque cas sera examiné, et que personne ne sera accepté si les raisons du transfert sont douteuses », a-t-il déclaré.
Merz a reconnu les préoccupations polonaises mais nié que l’Allemagne renvoie des demandeurs d’asile vers la Pologne. « Nous faisons face à un problème commun que nous voulons résoudre ensemble », a-t-il affirmé.
Cette crise frontalière survient alors que la coalition tripartite de Tusk fait face à des tensions internes après l’élection d’un président proche du PiS et dans un contexte d’incidents récents à Varsovie (pannes de métro, incendies), que certains responsables soupçonnent d’être liés à des tentatives russes de déstabiliser ce membre de l’OTAN et de l’UE.
*Traduit de l'anglais par Sanaa Amir
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