Politique

L'occupation par l'Arménie du Haut-Karabakh, jusqu’à quand ? (Analyse)

Mona Saanouni  | 04.10.2020 - Mıse À Jour : 05.10.2020
L'occupation par l'Arménie du Haut-Karabakh, jusqu’à quand ? (Analyse)

Istanbul

AA / Istanbul / Can Kasapoğlu

Les opérations menées par les forces armées azerbaïdjanaises pour lutter contre les forces arméniennes occupantes progressent avec succès et les drones turcs prouvent, une fois de plus, leur capacité à jouer un rôle pour contrer les systèmes de défense aérienne.

Cependant, et en dépit de tous les succès militaires, l'occupation par l'Arménie de la région azerbaïdjanaise du Haut-Karabakh se poursuit, depuis près de 3 décennies; une occupation à laquelle l'opération actuelle ne mettra pas fin, et qui ne se terminera pas dans un avenir proche.

Il n'en demeure pas moins que l’Azerbaïdjan continuera à engranger des acquis, de manière cumulative, et parviendra à atteindre son objectif consistant à libérer son territoire, en jouant sur le changement de la donne géopolitique.

L'Arménie occupe, depuis 1992, près de 20 pour 100 du territoire azerbaïdjanais, soit la région du Haut-Karabakh (composé de 5 provinces) et 5 autres provinces dans l'ouest du pays, ainsi que de vastes parties des provinces de Agdam et de Fizuli.

D'autre part, il serait utile d’adresser un message plus important à l'opinion publique arménienne et à l'ensemble des parties étrangères intervenantes dans cette affaire. En effet, les affrontements du mois d'avril 2016 et de septembre 2020 ont montré que l'occupation arménienne ne prendra pas fin dans un court laps de temps mais, il est clair qu'elle ne se poursuivra pas éternellement.

De même, il convient de relever que la hausse du budget consacré à la défense en Arménie pour maintenir l'occupation des terres azerbaïdjanaises a un impact des plus douloureux sur le contribuable arménien.

En plus, la circonscription obligatoire, actuellement d’une durée de 24 mois, ne sera plus suffisante au cours des prochaines années, ainsi que les règles de mobilisation sévère. Les jeunes appelés arméniens seront amenés à accomplir un service militaire obligatoire de trois ans, voire plus.

Par ailleurs, l'Arménie ne dispose pas de richesses, à l'instar des Emirats arabes unis pour accorder, la lourde et onéreuse responsabilité de gestion de ces systèmes de défense, à des compagnies militaires privées.

De plus, ce pays ne compte pas de ressources humaines et une infrastructure à même de fabriquer des produits à haute valeur ajoutée, à l'instar d'Israël. L’Arménie n'est pas capable en même temps de créer un miracle économique fondé sur l'innovation et de construire une industrie de défense qui modifierait les équilibres militaires, à l’instar de la Corée du Sud.

Si les choses continuent à évoluer de la sorte, l’unique option dont dispose Erevan consiste à transformer l'Arménie en une grande garnison, dont la seule mission serait de protéger l'occupation du Haut-Karabakh, ce qui signifiera nécessairement d’accroître l'alignement en matière de défense sur la Russie, qui sait pertinemment comment profiter des opportunités qui s'offrent à elle.

L'ensemble de ces données constituent des facteurs qui alourdissent le fardeau des contribuables Arméniens, de même que les jeunes de ce pays feront face davantage au risque de perdre tout espoir à bénéficier d'un minimum d'une vie digne, à cause, entre autres, de l’augmentation du nombre d'années du service militaire obligatoire et de la détérioration de la situation économique, situation générée par l’appui accordé à l’effort militaire.

Dans un avenir proche, Erevan et l'élite arménienne ne parviendront plus à accorder à leurs électeurs, rien d'autre que les slogans creux de défense du Haut-Karabakh, au moment où les pays voisins connaissent un développement remarquable dans le domaine des industries de défense, et des drones en particulier, des appareils capables d’atteindre leur cible à des milliers de mètres de hauteur.

Nous devons également notifier à l'opinion publique arménienne une autre mauvaise nouvelle, selon laquelle l'Arménie ne prospérera jamais et ne connaîtra pas de démocratie effective, sur fond de poursuite de ces circonstances empreintes de crise structurelle.

Pour résumer, l'occupation ne prendra pas fin demain, mais cette même occupation qui a porté atteinte à l'Azerbaïdjan jusqu’à aujourd'hui, commencera à détériorer la situation en Arménie de plus en plus à partir de demain, d'autant plus que ce pays est pris entre deux choix.

Le premier consiste à se retirer du Haut-Karabakh et devenir ainsi un Etat en déliquescence contraint au retrait et le deuxième consiste en les difficultés à préserver l'unité politique après cette mesure.

Pour réaliser cela, le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan , se doit soit d'ouvrir, grands les yeux aujourd'hui, soit d’observer le passé avec de profonds regrets, lorsque les « Faucons » le déposerons demain.

Les affrontements sur la ligne de front entre les 2 pays se poursuivent, depuis dimanche 28 septembre, après que l'armée arménienne ait ouvert le feu, de manière intense, sur des zones d’habitation azerbaidjanaise, ce qui a provoqué des victimes parmi les civils et généré des dégâts matériels considérables dans l'infrastructure civile, selon le ministère azerbaïdjanais de la Défense

**Les drones turcs

Le principal élément dans la transition de l'évaluation politique à l'évaluation militaire est l’évocation de transformation des expertises militaires dans le domaine des drones des forces armées turques à leurs homologues en Azerbaïdjan.

La Turquie est parvenue à développer des stratégies de combat, à travers le recours aux drones, à partir de l'opération « Bouclier de l’Euphrate » en Syrie (août 2016 – mars 2018) jusqu'aux tactiques de la guerre hybride, en cours actuellement, en Libye.

Il est indéniable que le développement de la dimension technique accroît la capacité de cette tactique à engranger des acquis, notamment, à travers l'exploitation à bon escient d'importants facteurs Il s’agit, entre autres, des munitions intelligentes fabriquées par l'entreprise d’armement turque Rokestan, de l'expérience acquise à la faveur de milliers d'heures de vol effectués par les drones Bayraktar et de l'utilisation des spécificités de maîtrise satellitaire dans des environnements à haute menace militaire électronique (ANKA-S).

Malgré cela, la Turquie ne s'est pas contentée de développer les capacités techniques seulement mais elle a procédé au développement d'opérations de coercition, telle que celle utilisée contre les forces du Régime de Bachar al-Assad en Syrie, après la mort de 36 soldats turcs, au mois de février 2020, tombés en martyrs après avoir été ciblés par les forces du Régime syrien et les unités armées russes.

Les drones turcs ont réussi à détruire des systèmes de défense aérienne et des plateformes de lancement de missiles ainsi que de l’artillerie et des systèmes électroniques et téléguidés, tout en parvenant à évaluer les dégâts subis dans les combats.

Actuellement, les forces armées azerbaïdjanaises suivent avec succès ces tactiques, qui constituent des éléments décisifs dans la guerre, et l'Azerbaïdjan est soucieux de surveiller de près notamment, celles relatives aux systèmes militaires et aux drones.

*Traduit de l'arabe par Hatem Kattou

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