Politique

Liban: le Hezbollah et Amal accusent les "Forces" de Geagea des fusillades de Beyrouth qui ont fait 6 morts

- Il n'a pas été possible d'obtenir dans un commentaire du parti Forces libanaises dans l'immédiat concernant l'accusation

1 23  | 14.10.2021 - Mıse À Jour : 14.10.2021
Liban: le Hezbollah et Amal accusent les "Forces" de Geagea des fusillades de Beyrouth qui ont fait 6 morts

Lebanon

AA / Beyrouth

Le Hezbollah et le mouvement Amal ont accusé, ce jeudi, des "groupes armés" affiliés au parti Forces libanaises, dirigé par Samir Geagea, d'avoir tué et blessé leurs partisans lors d'une manifestation dans la capitale, Beyrouth.

Lors de la même journée, 6 personnes ont été tuées et 32 autres blessées, dont 2 dans un état critique, lors de fusillades disparates dans Beyrouth, selon le ministère de la Santé, alors que le Premier ministre, Najib Mikati, s'est engagé à rétablir l’ordre, à appréhender les personnes impliquées dans les violences et à les référer devant la justice.

Des inconnus ont tiré de manière intensive sur des sympathisants du Hezbollah et du Mouvement Amal (deux partis chiites) lors d'une manifestation dénonçant les décisions de l'enquêteur judiciaire dans l'affaire de l'explosion du port de Beyrouth, le juge Tarek Bitar.

Les dirigeants du Hezbollah et du Mouvement Amal ont déclaré, dans un communiqué commun, que les participants à un “rassemblement symbolique“ devant le Palais de justice de Beyrouth ont fait l'objet d'une “attaque armée par des groupes affiliés au parti des Forces libanaises, qui se sont déployés dans les quartiers avoisinants et sur les toits des immeubles et ont mené des tirs directs pour tuer de manière préméditée, ce qui a engendré ce bilan de martyrs et de blessés“.

Les deux groupes ont appelé l'armée et les forces de l’ordre à “arrêter les auteurs des tueries, dont les noms sont connus, et les instigateurs qui ont dirigé cette opération préméditée dans l’ombre, à les poursuivre et à leur infliger les peines les plus sévères".

Il n'a pas été possible dans l'immédiat d'obtenir un commentaire du parti Forces libanaises, qui est représenté au Parlement par des députés chrétiens, et est connu pour ses prises de position contre la possession d'armes par le Hezbollah, en dehors du système étatique.

Plus tôt dans la journée, le ministre de l'Intérieur, Bassam Mawlawi, avait déclaré, lors d'une conférence de presse, que "le tir d’un sniper, qui a touché une première victime à la tête, était à l’origine du problème, et les (...) tirs à la tête sont très dangereux".

Des témoins oculaires ont rapporté que des partisans armés du Hezbollah et du Mouvement Amal se sont déployés et ont tiré en direction de bâtiments soupçonnés d'avoir été à l’origine des tirs lors de la manifestation, dans la zone proche du siège du Palais de justice de Beyrouth.

Des fusillades ont eu lieu dans une avenue principale entre les quartiers de Chiyah (à majorité chiite) et de Badaro (à majorité chrétienne), avant qu'un calme prudent ne s’installe grâce aux patrouilles de l'armée libanaise, selon le correspondant de l'Agence Anadolu.

L'armée libanaise a déclaré, dans un communiqué, avoir rapidement bouclé la zone de la fusillade et s’est déployée dans ses quartiers, pour entamer la traque des tireurs et les arrêter.

Le correspondant de l'Agence Anadolu a rapporté que des manifestants ont bloqué une route principale près de la banlieue sud de Beyrouth, le bastion des partisans du Hezbollah, avec des pneus enflammés.

Face à la détérioration de la situation sécuritaire, le Premier ministre, Najib Mikati, a rencontré le ministre de la Défense Maurice Selim et le commandant de l'armée, le général Joseph Aoun, au siège du ministère, avant qu’ils ne se rendent tous dans la salle des opérations du commandement de l'armée, pour suivre la situation sécuritaire.

Dans un communiqué, Mikati a déclaré : "l'armée poursuit ses procédures sur le terrain pour remédier à la situation, rétablir l’ordre, éliminer toutes les violations à l’ordre public, arrêter les personnes impliquées et les renvoyer devant la justice compétente".

En juillet dernier, le juge d'instruction dans l'affaire de l'explosion du port a inculpé 10 responsables et officiers, dont deux députés du Mouvement Amal, Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter, et l'ancien Premier ministre, Hassan Diab.

Plus tôt dans la journée du jeudi, la Cour de cassation a rejeté un deuxième recours soumis par Khalil et Zeaïter pour dessaisir le juge Tarek Bitar de l’affaire de l’explosion du port, accusant le juge de "violer les principes constitutionnels et d'outrepasser les pouvoirs du Parlement et de la Haute Cour de justice pour juger les présidents et les ministres".

Les milieux politiques libanais craignent que le dossier de l'enquête sur l'explosion du port ne fasse aussi exploser la situation politique et gouvernementale.

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a estimé, lundi, que le travail de l'enquêteur judiciaire Bitar, "implique un ciblage politique et n'a rien à voir avec la justice".

Pour sa part, la présidence libanaise a annoncé, dans la journée du mercredi, le report d'une session du Conseil des ministres qui était prévue le même jour, sans expliquer les raisons de cette décision.

Cependant, une source bien informée a déclaré à l'Agence Anadolu que la décision a été prise à la suite des demandes faites par les ministres du Hezbollah et de parti Amal de "discuter des circonstances entourant l'enquête sur l’explosion dans un port et de prendre position sur cette question".

Le 4 août 2020, une explosion catastrophique s'est produite dans le port de Beyrouth, qui a fait 217 morts et environ 7 000 blessés, ainsi que d'énormes dégâts matériels aux bâtiments résidentiels et commerciaux.

Selon des informations officielles préliminaires, l'explosion s'est produite dans l’entrepôt n°12 du port, qui, selon les autorités, contenait environ 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium, qui avaient été confisquées à un navire, et stockées sur site depuis 2014.


* Traduit de l’arabe par Mounir Bennour.

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