AA/Mohammed Abed

Un nouveau paysage politique a surgi des élections législatives au Liban. Il est principalement marqué par le recul du parti « Courant du futur », présidé par le Premier ministre Saad Hariri.

Les résultats préliminaires des élections législatives, tenues dimanche pour la première fois depuis 9 ans, laissent apparaître la perte de 13 sièges par le «Courant du futur».

Il est donc attendu que sa représentation au parlement diminue de 34 à 21 sièges, sur un total de 128 sièges.

Cependant, le « Courant national libre », auquel appartient le président du pays Michel Aoun, a gagné 5 sièges supplémentaires. Il dispose désormais de 26 sièges au parlement.

L’alliance entre « Hezbollah » et le «Mouvement Amal» a, pour sa part, remporté 6 sièges de plus, portant à 30 le nombre de ses sièges au parlement.

Sept indépendants, en dehors de la scène politique classique, ont également eu leur part de sièges dans ces élections.

A la lumière de ces résultats, le courant chiite représenté par l’alliance « Hezbollah-Amal » s’orienterait vers la formation d’une coalition gouvernementale qui surpasse « Hariri », principal représentant des sunnites.

Ceci est réalisable à travers le renouvellement des accords avec le Courant de « Aoun » au parlement, bien que les calculs politiques au Liban ne soient pas aussi simples.

En effet, l’alliance du 14 mars (principalement formée par le Courant du futur), qui conteste la politique du régime syrien à l’égard du Liban, dispose du tiers des sièges, soit plus de 42 sièges au parlement.

Ce résultat a été obtenu grâce au parti des Forces libanaises, dirigé par Samir Geagea, qui a remporté 15 sièges, selon les résultats préliminaires, contre 8 sièges actuellement.

En vertu des usages politiques en cours au Liban, Hariri pourrait, dans le cadre de "l’Alliance du 14-Mars", s’imposer en tant qu’acteur clé dans la formation du gouvernement et le choix du président du pays.

Un avantage dont ne dispose pas l'alliance chiite, si ses arrangements avec Aoun sont exclus et à moins que des courants critiques, en particulier le "Parti progressiste socialiste", ne changent de positions dans les prochains jours.

En effet, le "Parti progressiste socialiste" dirigé par Walid Joumblatt est connu pour sa versatilité politique.

D’autre part, le Premier ministre en exercice serait probablement obligé à s’entendre avec les deux blocs [les Aounistes et le courant chiite] pour tirer le meilleur profit des gains potentiels, et ce pour différentes raisons.

Hariri a, en effet, besoin de s’entendre avec les Aounistes pour préserver ses acquis, même si cela nécessite de faire des concessions douloureuses. En outre, le "Général", satisfait de ses résultats, ne se trouve pas obligé de créer une alliance avec le courant chiite.

La continuité de l’équation politique régionale ayant contribué à l'émergence de la scène libanaise actuelle que le "Courant patriotique libre" a pu résoudre, pourrait faire de ce dernier le parti en mesure de maintenir l’équilibre du Liban.

En effet, le "Courant patriotique libre avait contribué à sortir le pays d’une crise majeure, das un contexte marqué par les différends opposant de grandes puissances.

D’autre part, ceux qui se sont abstenus de participer au vote, plus de 50% des électeurs, selon le ministère de l'Intérieur, constitueront, lors de la prochaine phase, une préoccupation pour les forces qui ont progressé lors des élections, en particulier pour les forces chiites.

En effet, ces dernières ne devraient pas tenter de provoquer les électeurs au tour suivant, après 4 ans, puisqu’elles réalisent que la plupart des abstentionnistes relèvent des courants adverses, notamment, le "Courant du futur " [Sunnite, dirigé par Saad Hariri].