
AA/Istanbul (Turquie)/ Ayse Humeyra Atilgan
L’ambassadeur de Thaïlande en Turquie a affirmé que les thaïlandais musulmans disposent des mêmes droits que tous les autres citoyens thaïlandais, rejetant les déclarations de mauvais traitements à leur encontre.
« Je veux souligner que dans notre société, les musulmans jouissent du même statut légal et politique que les thaïlandais d’autres confessions religieuses » a déclaré Tharit Charungvat à l’Agence Anadolu.
Certains Thaïlandais musulmans, ayant enduré une insurrection de dix ans - 5 932 morts et plus de 10 000 blessés - ont longtemps cru qu’ils étaient traités comme des citoyens de seconde classe dans leur propre pays, selon lui.
Dans des déclarations à l’Agence Anadolu, des analystes et des leaders de la société civile musulmane ont accusé le gouvernement thaïlandais de concentrer toutes ses ressources sur la gestion de la crise politique dans la capitale thaïlandaise et d’ignorer leurs problèmes.
« Les actes de violence et les atteintes aux droits de l’Homme se produisent sans arrêt dans le sud, mais l’espace médiatique n’est consacré qu’à la politique de Bangkok » a ainsi affirmé Ahmad Somboon Bualuang, directeur de Peace promotion curriculum, une ONG impliquée dans l’éducation au sein des trois des provinces les plus méridionales du pays, Pattani, Yala, et Narathiwat. « Il existe vraiment un double standard dans l’attitude du gouvernement. »
Charungvat s’est cependant empressé de souligner le bon traitement accordée à la minorité musulmane.
« Nous [en Thaïlande] avons beaucoup de musulmans, même sur mon lieu de travail et dans mon quartier. Nous avons des temples bouddhistes à côté de mosquées ; nous avons un porte-parole musulman, un ministre musulman, un chef des armées musulman. »
« Dans un grand pays, comme la Turquie, la population inclut des identités uniques et lorsque le gouvernement veut tout normaliser pour chacun, ces identités qui présentent moins de capacité d’adaptation peuvent ressentir plus de pression que les autres. »
Ajoutant que de telles identités pouvaient se sentir offensées ou oppressées, l’ambassadeur a déclaré « Cependant, ce n’est pas vraiment le cas dans notre pays».
Maroning Salaming, Secrétaire général adjoint du centre administratif des provinces frontalières du sud de la Thaïlande, a également rejeté les accusations de traitement inéquitable des musulmans thaïlandais. « Nous devons examiner les détails, ceux du passé et ceux du présent », a-t-il dit.
Salaming a affirmé qu’environ 60 ans plus tôt, porter un calpak ( calotte musulmane portée haut sur le crâne) était interdit et des pressions avaient été exercées sur des Oulémas (spécialistes de la loi islamique), mais que cela avait cessé par la suite. « Aujourd’hui, les musulmans vivent en harmonie avec les autres religions dans notre pays.»
Les musulmans thaïlandais représentent 12% de la population de ce pays à dominance bouddhiste. Ils vivent en majorité dans le sud de la Thaïlande, proche de la frontière malaysienne, habité en majeur partie par des musulmans de culture malaise.
« À Yala, qui est une des provinces frontalières du sud de la Thailande, il y a 497 Masjids (petites mosquées), à Narathiwat, 680 masjids et à Pattani, 670 masjids, donc au total près de 2000 masjids dans seulement trois provinces frontalières du sud du pays, et environ 5000 dans tout le pays » a évoqué Maroning Salaming. Salaming a ajouté que chaque province, district et sous-district comptait un comité islamique et qu’il y avait un comité islamique national avec à sa tête un Grand Mufti. Il existe également un « règlement sur le hajj » pour promouvoir le pèlerinage du Hajj a ajouté le Secrétaire général adjoint.
Le sud de la Thailande a été victime de violences depuis l’émergence, dans les années soixante, de plusieurs mouvements séparatistes.
En octobre 2004, au moins 78 personnes ont été écrasées ou étouffées après avoir été arrêtées et pressées contre des camions de police. Le Premier Ministre thaïlandais de l’époque, Thaksin Shinawatra, avait attribué la responsabilité des morts au nombre inadéquat de camion de transport : « Le lourd bilan de morts a été causé par la suffocation. Les protestataires étaient en période de jeûne [pour le Ramadan] et étaient épuisés sous le soleil brûlant.»
Le sénateur thaïlandais Worawit Baru a declaré à l’Agence Anadolu que des discussions formelles avaient pris place entre le gouvernement et les groupes d'insurgés musulmans de la région depuis l’année précédente, mais qu’elles avaient été suspendues puisque le gouvernement avait préféré se concentrer sur les protestations à Bangkok. « Ceci nous a beaucoup affecté. Le processus de négotiations avait fait de bons progrès. Notre société musulmane a perdu l’opportunité de trouvé la paix » a expliqué ce dernier.
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