Politique

Les femmes détenues dans les prisons du régime syrien, victimes de tortures et d'abus

- Lors d'une conférence organisée par l'ONG "Mouvement Conscience", des survivantes syriennes ont raconté tout ce qu'elles ont dû subir dans les prisons du régime d'al-Assad, pendant des années

Emin İleri, Elif Küçük, Nur Asena GÜLSOY  | 21.02.2019 - Mıse À Jour : 21.02.2019
Les femmes détenues dans les prisons du régime syrien, victimes de tortures et d'abus

Istanbul

AA – Istanbul – Nur Asena Gülsoy

Les femmes détenues dans les prisons du régime syrien d'al-Assad ne peuvent pas oublier les tortures et les abus qu'elles ont subis.

Certaines de ces femmes libérées ont raconté leur histoire durant la conférence organisée par l'organisation non gouvernementale (ONG) "Mouvement Conscience" à Istanbul, mercredi, avec la participation des activistes et savants originaires de 150 pays y compris la Syrie, le Royaume-Uni, l'Afrique du Sud, l'Équateur, le Qatar, le Kenya, l'Ukraine, la Bosnie-Herzégovine, le Brésil, la Grèce, le Pakistan, le Congo et la Malaisie.

Elles ont raconté à l'Agence Anadolu ce qu'elles ont vécu dans ces prisons.

L'une d'entre elles, Lula Halilaga, a été détenue pendant trois ans. Elle a d'abord été placée en garde à vue pour une courte durée en 2013, puis libérée, puis placée de nouveau en détention, avec son époux. Après une détention à Alep, Halilaga a été renvoyée dans la prison d'Adra à Damas.

"Après mon transfert à Adra, on m'a dit que j'étais demandée par le Bureau politique, a-t-elle fait savoir. Ils m'ont renvoyée dans la prison où ils détenaient les Palestiniens et les détenus politiques. Puis j'ai été renvoyée à Adra où je suis restée pendant plus d'un an. J'ai appris que mon époux a été transféré ici aussi."

Halilaga a dit avoir été torturée par les soldats du régime dans différentes manières, chaque jour, faisant également l'objet d'abus physique et psychologique.

"Ils m'ont permis de voir mon époux, a-t-elle poursuivi. Je ne l'ai pas reconnu au début, il était dans un très mauvais état. Ils le menaçaient de me harceler, et voulaient qu'il parle. Nous étions torturés environ deux heures chaque jour. Ils nous pendaient et nous battaient. Ils nous donnaient des chocs électriques. Puis ils nous laissaient nous reposer. Et cela continuait chaque jour."

Halilaga a aussi été torturée devant les yeux de son époux.

"Puisqu'il avait subi tout cela pendant longtemps, il ne pouvait plus tenir. J'avais compris de son regard qu'il allait mourir ce jour. Le lendemain, j'ai appris son décès."

Halilaga a ajouté que le régime d'al-Assad ne distinguait pas vieux, enfants, femmes ou hommes, et torturait tout le monde.

"Ils nous emmenaient à un endroit de rassemblement lors des tortures. Il y avait des enfants, des femmes et hommes âgés. Ils torturaient les hommes en les déshabillant devant nos yeux. On devait regarder la mort de certains. Après leur torture, c'était notre tour. Des enfants ayant à peine 12 ans étaient torturés pour faire parler leur mère. Les personnes âgées étaient torturées pour qu'elles racontent où se trouvent leurs enfants opposants dehors. J'ai vécu dans ces conditions pendants trois ans."

Halilaga a été déférée devant un tribunal au bout de trois ans de détention, pour être condamnée à la peine d'emprisonnement de six ans.

"Mais si vous arrivez à donner de l'argent, vous pouvez sortir. Ma famille a offert une somme importante, ils l'ont acceptée, et c'est comme ça que j'ai pu sortir. Peu après, ils sont venus nous demander plus d'argent en menaçant de me renvoyer en prison pour la peine de six ans. C'est alors que j'ai dû fuir pour me réfugier en Turquie. Je n'ai pas pu ramener un de mes enfants qui restait avec ma belle-mère dans un endroit contrôlé par le régime. Je n'ai pu ramener que trois de mes enfants."

Soulagée quand même pour avoir eu l'occasion de sortir de prison, Halilaga a indiqué que nombreux sont encore victimes de ces tortures. Elle a ainsi souhaité que le Mouvement Conscience pourra être un pionner vers la libération.

Pour sa part, Mouna Kousha, arrêtée près du poste frontière Babul Hava turco-syrien en 2011, a déclaré: "Nous avons été accusés, toute la famille, car nous réclamions la liberté. Nous avons été gravement torturés pendant deux semaines à Alep. Les deux premières semaines de ma détention, j'ai souffert d'un malaise cardiaque et j'ai été hospitalisée. Puis j'ai été transférée dans une prison à Homs après le traitement. J'ai été déférée devant un tribunal militaire à Homs et ils m'ont renvoyée à Alep. Puis à Idleb, devant un tribunal. J'ai été détenue pendant quatre mois. On m'a libérée au bout de cette durée, via l'argent payé par ma famille. Et nous sommes venus en Turquie avec mon époux et mes enfants."

Kousha a remercié la Turquie pour ses aides aux demandeurs d'asile syriens. Elle a rappelé qu'un convoi de Conscience est parti d'Istanbul à Hatay, dans le sud de la Turquie, en 2018.

"Nous avons observé des manifestations à la frontière. Nous en avons obtenu de bons résultats. Le but de ces manifestations est la libération rapide des détenus. Les détenues dans ces prisons sont victimes de torture, d'abus et de viol. Une femme qui subit tout cela ne peut pas être très saine au niveau psychologique. Nous appelons le monde entier à faire libérer les femmes et les enfants."

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