Les compagnies maritimes restent prudentes dans le détroit d’Hormuz
- Maersk, Hapag-Lloyd et Frontline confirment la poursuite des transits via le détroit d’Hormuz, tout en surveillant activement les risques sécuritaires, alors que les coûts d’assurance augmentent

London, City of
AA / Londres / Nuran Erkul, Emir Yildirim
Les compagnies maritimes font preuve de prudence dans le détroit d’Hormuz, alors qu’elles surveillent de près les risques sécuritaires dans la région, tout en poursuivant leurs opérations dans ce passage étroit reliant le golfe Persique au golfe d’Oman.
Selon les experts, la probabilité d’une fermeture du détroit reste très faible. Les transporteurs poursuivent leurs activités avec une extrême vigilance, dans un contexte marqué par les frappes israéliennes contre l’Iran et les attaques américaines visant les installations nucléaires iraniennes.
Le général de brigade Esmaeil Kowsari, membre de la Commission de la sécurité nationale du Parlement iranien, a indiqué que le Parlement avait décidé de fermer le détroit d’Hormuz après les frappes américaines contre l’Iran. Toutefois, la décision finale revient au Conseil suprême de sécurité nationale, une option jugée hautement improbable.
Selon le système de suivi maritime basé sur l’intelligence artificielle Windward, le trafic maritime dans le détroit d’Hormuz a atteint ce week-end son plus haut niveau de menace depuis vingt ans, à la suite des frappes américaines.
Une légère baisse du trafic maritime a été constatée, en raison des incertitudes géopolitiques et des préoccupations sécuritaires. Certains navires ont fait demi-tour pour éviter d’entrer dans le détroit.
L’augmentation des interférences avec les systèmes d’identification automatique (AIS) a également contribué à faire grimper les risques dans le détroit d’Hormuz.
Environ 23 % des navires commerciaux opérant dans le golfe Persique et transitant par le détroit ont connu des perturbations de navigation dimanche.
Arne Lohmann Rasmussen, analyste en chef et responsable de la recherche chez Global Risk Management, basé au Danemark, a déclaré à Anadolu qu’un nombre important d’interférences GPS et AIS avait été observé, suscitant de vives inquiétudes.
Rasmussen a confirmé une légère baisse du trafic maritime dans le détroit d’Hormuz, tout en soulignant que la diminution n’était pas significative.
« À mon avis, la probabilité d’une perturbation majeure reste relativement faible peut-être de l’ordre de 10 à 15 % et un blocus physique complet est hautement improbable », a déclaré Rasmussen. « Toutefois, l’Iran pourrait recourir à des tactiques moins directes similaires à celles utilisées par les Houthis (yéménites) pour perturber le trafic en mer Rouge en proférant des menaces ou en lançant des frappes isolées contre des navires commerciaux », a-t-il dit.
« Cela dit, les chances d’une escalade à grande échelle restent minces, car cela nuirait aussi à l’Iran », a-t-il noté. Et d'ajouter : « Une telle action compromettrait ses relations avec des pays comme la Chine ou le Qatar, qui figurent parmi les rares à ne pas être ouvertement hostiles à Téhéran. »
Rasmussen a rappelé qu’un blocus du détroit d’Hormuz affecterait directement les exportations de pétrole iranien, ainsi que les importations de produits pétroliers raffinés comme l’essence, le diesel et le fioul.
« C’est pourquoi une fermeture du détroit serait probablement une mesure de dernier recours pour l’Iran », a-t-il souligné.
L’analyste a précisé que l’ensemble du secteur maritime reste en alerte, suivant de près l’évolution de la situation dans la région.
« Oui, les primes d’assurance ont augmenté, ce qui reflète les risques accrus. Mais les tarifs des pétroliers ont également grimpé, ce qui compense en partie ces coûts supplémentaires », a-t-il expliqué. « Je pense que le trafic maritime dans le détroit va se poursuivre, mais avec prudence. »
Rasmussen a également indiqué que certains transporteurs ont confirmé leur volonté de continuer à opérer dans le détroit d’Hormuz, tout en restant prêts à réévaluer la situation en cas de frappes de missiles contre des navires.
Il a ajouté que certains pétroliers avaient fait demi-tour pour éviter la zone durant le week-end, avant de finalement reprendre leur route vers la région, « ce qui montre qu’ils jugent désormais les conditions de sécurité suffisamment acceptables pour effectuer le transit ».
À ce stade, la fermeture du détroit d’Hormuz reste peu probable, mais les principaux transporteurs maritimes continuent de surveiller attentivement les risques sécuritaires avant d’y transiter.
L’armateur danois Maersk, le plus grand transporteur de conteneurs au monde, a indiqué que la traversée du détroit d’Hormuz restait possible, tout en surveillant de près l’évolution de la situation.
« Nous avons mis en place des plans de contingence au cas où la situation évoluerait prochainement », a déclaré l’entreprise dans une note consultative publiée lundi.
La compagnie allemande Hapag-Lloyd a, pour sa part, affirmé qu’elle poursuivait ses opérations dans le détroit, tout en reconnaissant que la situation pourrait évoluer à tout moment. De son côté, le transporteur norvégien Frontline a signalé une augmentation des interférences GPS, nécessitant une navigation manuelle dans les zones de trafic dense.
Le géant britannique de l’énergie Shell a indiqué qu’il faisait preuve d’une grande prudence lors de ses transits par le détroit d’Hormuz.
- Importance stratégique du détroit d’Hormuz
Le détroit d’Hormuz, étroit passage maritime entre le golfe Persique et le golfe d’Oman, constitue une route clé pour le commerce mondial de pétrole et de gaz naturel liquéfié (GNL), en particulier pour le pétrole moyen-oriental. Il représente à lui seul un tiers des exportations mondiales de pétrole brut par voie maritime et un cinquième de la consommation mondiale totale de pétrole.
Chaque jour, environ 20 millions de barils de pétrole et de produits pétroliers transitent par le détroit d’Hormuz, à destination des marchés asiatiques, notamment la Chine. Une grande partie des exportations de pétrole iranien vers la Chine passe également par cette voie maritime.
Près de 85 % du pétrole irakien est exporté via le détroit, tandis que l’Arabie saoudite représente 35 % du volume total transitant par cette route, suivie par les Émirats arabes unis avec 20 %.
Par ailleurs, environ 20 % du commerce mondial de GNL transite également par le détroit d’Hormuz.
*Traduit de l'anglais par Sanaa Amir
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