Le sort des 40 mille migrants africains face à l’intolérance d’Israël
- A la différence des pays voisins qui hébergent des millions de réfugiés, Israël cherche le moyen d'expulser près de 40 mille migrants africains, qui ont fui la guerre civile dans leur pays.

Quds
AA - Tel-Aviv
A la différence des pays voisins qui accueillent des millions de migrants et de réfugiés, à l’instar de la Turquie, du Liban et de la Jordanie, Israël veut contraindre les 40 mille migrants africains, qui ont fui la guerre civile dans leur pays, à rentrer chez eux.
Une loi relative à l’expulsion des migrants et à leur emprisonnement, en cas de non exécution, a été adoptée l’an dernier par le gouvernement de coalition d’extrême droite, dirigé par le premier ministre Benyamin Netanyahu.
Suite à l’exécution de cette loi au cours des derniers mois, certains migrants qui ont résisté à l'expulsion ont été incarcérés. Toutefois, la Cour suprême israélienne a pris la décision de suspendre la mise en œuvre en raison des grèves de la faim observées par certains migrants.
En outre, le gouvernement s’est lancé dans la recherche d'autres moyens pour "se débarrasser des migrants".
- L’accord des Nations Unies n’a duré que quelques heures
Dans ce contexte, un accord, prévoyant le retour de 16 mille 250 migrants dans les pays occidentaux, a été conclu avec les Nations Unies.
Netanyahu qui a annoncé dans un premier temps, la conclusion d’un accord, a fait volte-face, quelques heures plus tard et a affirmé la suspension de l’accord, en raison de la protestation des partenaires de la coalition.
En effet, ces derniers, refusent l’application de l’accord et souhaitent que l’ensemble des migrants soient renvoyés.
- Netanyahu : "Les migrants africains sont pires que les attaques terroristes"
Des discours, au contenu raciste, sont tenus par les politiciens israéliens au sujet des migrants africains.
Le mois dernier, le premier ministre israélien, Netanyahu, a déclaré de façon tout à fait scandaleuse, que l'arrivée des migrants africains en Israël est "un événement bien plus pire que les attaques terroristes violentes".
Les Israéliens, qui se sont établis sur les territoires historiques palestiniens et ont contraint plus de 5 millions de Palestiniens à l’exode dans leur propre pays, sont pourtant eux-mêmes des migrants.
- Discours racistes au lieu de l'empathie
Il est paradoxal de voir des Israéliens, arrivés sur les territoires palestiniens après avoir vécu des persécutions, s’en prendre aux migrants africains qui partagent pourtant le même sort.
Les principaux politiciens de la communauté juive, qui a souffert des nombreux exils tout au long de l'histoire, préfèrent adopter une approche raciste envers les migrants africains, qui ont trouvé refuge en Israël, plutôt que de faire preuve d’empathie.
- Certains Israéliens s'opposent à la déportation
Cependant, certaines fractions de la population israélienne sont contre les expulsions et défendent les droits des migrants africains.
Ces fractions organisent occasionnellement des rassemblements en soutien aux migrants de Tel Aviv, quand bien même ces rassemblements n’ont pas vraiment d’impact sur la société et la politique.
Certains défenseurs des droits de l’Homme et certains Israéliens, qui considèrent que la politique d’expulsion d’Israël est contraire aux valeurs religieuses juives, s'opposent à la loi relative à l’expulsion forcée des immigrés.
Mais les partisans des partis extrémistes, en particulier, souhaitent l’expulsion des migrants.
Environ 20 mille personnes ont été expulsées au cours des quatre dernières années dans le cadre du "programme de sortie volontaire" d'Israël et ce, avant l’adoption de la loi relative à l’expulsion des migrants.
- Qui sont les migrants africains en Israël?
Près de 40 mille migrants africains, originaires d’Érythrée et du Soudan, ayant fui la guerre et les massacres dans leurs pays, se trouvent en Israël. Le gouvernement israélien refuse de leur accorder le statut de réfugié.
La grande majorité de ces migrants sont chrétiens tandis que d’autres sont musulmans. La plupart d'entre eux ont atteint Israël à travers la péninsule du Sinaï, entre les années 2006-2012.
Si grand nombre d’entre eux acceptent de se rendre dans un pays tiers, ils craignent d’être renvoyés dans leur pays et d’y être tués.
En 2014, Israël a procédé à la construction de barbelés électriques sur 242 km afin d’endiguer les nouvelles vagues d’immigrations.
- Attente anxieuse en cours
La presque totalité des migrants africains qui se trouvent autour de la capitale, Tel Aviv, sont dans le centre de détention de Holon (Sud de Tel Aviv), où ils attendent d’être fixés sur leur sort dans un état d’anxiété constant.
Certains migrants africains, qui ont souhaité garder l’anonymat, ont affirmé à Anadolu, qu’ils sont accusés de troubler l’ordre public avant d’ajouter qu’il s’agit d’affirmations fallacieuses loin de refléter la réalité.
Un migrant soudanais a confié que certains Israéliens se rendent occasionnellement sur les sites, dans le sud de Tel-Aviv, affectés aux migrants, et qu’ils attaquent physiquement les africains.
La plupart des migrants africains de Tel-Aviv craignent de s’adresser aux journalistes par peur d'être aperçus par les caméras et d’avoir des ennuis.
- Ils avaient confié leurs histoires à l’Agence Anadolu
Certains migrants africains avaient raconté à Anadolu que l’administration israélienne leur proposait le choix entre l’exil et l’emprisonnement.
Parmi eux, Halofom Sultan, érythréen, a partagé qu’il a dû prendre la fuite, sept ans auparavant, laissant derrière lui sa femme et ses deux enfants.
Il raconte avoir payé 3 mille 500 dollars aux trafiquants d’humains pour se rendre en Éthiopie puis au Soudan, ravagé par la guerre civile.
Après le Soudan, deux options se présentent aux migrants clandestins : regagner la Libye en traversant le désert du Sahara empli de dangers ou rejoindre Israël à travers l'Egypte.
Les trafiquants d’humains ont choisi le deuxième itinéraire pour Sultan.
"Il ne s’agissait pas d’un choix entre Israël et l'Europe. La seule option était de quitter le Soudan pour ne pas mourir. J'ai d’une façon où d’une autre atteint Israël", partage Sultan.
- "C’est la police et le gouvernement qui nous détestent pas la communauté"
Âgé de 34 ans, Sultan, comme ses semblables, a fui l'oppression de son pays où il a été arrêté à maintes reprises et menacé de mort après avoir participé à des manifestations anti-gouvernementales lorsqu’il était à l'Université.
Ce dernier qui espérait être chaleureusement accueilli en Israël en raison de son histoire marquée par les migrations forcées, affirme qu’il n’a vu que "discrimination et haine" -selon ses propres mots- de la part de l'administration israélienne.
"La plupart des Israéliens ne sont pas vraiment contre les demandeurs d'asile. Je ne vois pas de haine dans la communauté", a déclaré Sultan avant d’ajouter que ce sont la police et le gouvernement qui éprouvent de la haine envers les immigrés.
"Certaines personnes, appuyées par le gouvernement, éprouvent de la haine envers les demandeurs d'asile et en particulier contre les Africains noirs", a-t-il insisté.
En décembre 2017, le Parlement israélien (Knesset) avait adopté la loi relative à l’expulsion forcée des demandeurs d'asile illégaux. Par la suite, le Tribunal suprême israélien a suspendu l’application de la loi. Actuellement, le gouvernement israélien cherche le moyen d'expulser les migrants.
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