Le Palais de Carthage, séducteur des présidents, attend son nouveau locataire
Anadolu a visité le palais de Carthage et pris connaissance d'un endroit chargé d'histoire qui mêle la subtilité et la luxuriance de la nature à la quintessence de la créativité humaine.

AA / Tunis /Aimen Jemli
En se laissant aller aux routes sinueuses de la colline de Sidi Bousaid, dans la banlieue Nord de Tunis, et à l'écoulement du bleu azur de la Méditerranée, qui fait rejaillir en vous la vie dans la sérénité et la quiétude, vous arrivez à un endroit ensorceleur qui a séduit quiconque avait parcouru ses pavillons et suscité la curiosité du commun des mortels, il s’agit du palais de la Présidence tunisienne.
Situé dans la zone touristique et antique de Carthage, le palais offre à son "locataire" une ambiance particulière mêlant la subtilité et la luxuriance de la nature à la quintessence de la créativité humaine.
Un des joyaux des rives Sud de la Méditerranée, le palais de Carthage est dans l’attente de son sixième locataire, après le passage de cinq chefs d’Etat tunisiens depuis 1957, date de la proclamation de la République, lorsque Habib Bourguiba, premier président l’avait habité pendant trente ans.
Après avoir déposé Bourguiba en 1957, Zine El Abidine Ben Ali y a séjourné jusqu’en 2011, lorsque destitué à son tour, le 14 janvier, il cède la place à son Premier ministre Mohamed Ghannouchi pour 24 heures puis au président de la Chambre des députés Foued Mebazaa, désigné président intérimaire, jusqu’au mois de décembre 2011.
Au terme des élections de la Constituante, c’est au tour de Mohamed Moncef Marzouki de prendre ses appartements dans ce palais visité par Anadolu pour en explorer les coins et recoins avant qu’un sixième président ne l’occupe à l’issue du premier scrutin présidentiel libre prévu le 23 novembre courant.
Le complexe du palais est composé de quatre parties : le palais et les pavillons, la résidence du président, un bâtiment dédié à la sécurité présidentielle et la résidence de l’ambassadeur suisse qui s’étend sur 40 hectares cédés par Bourguiba à la Confédération helvétique en 1962.
Neila Mahjoub, gouvernante générale du palais a donné à Anadolu un aperçu historique de l’édifice: « Initialement, c’était l’endroit où séjournait le Résidant général français (à l’époque du Protectorat) avant que le président Bourguiba ne décide d’en faire un palais présidentiel ».
« Les travaux d’extension ont débuté en 1959 sous l’égide de l’architecte juif tuniso-français Olivier-Clément Cacoub pour s’achever 11 ans plus tard », a-t-elle ajouté.
En accédant au palais par la partie qui surplombe directement la mer, les illustrations de la somptuosité apparaissent petit à petit. Tapis tunisiens et persans recouvrent le parquet et ornent les murs, livrant le visiteur à l’hésitation quant au corridor à emprunter.
La gouvernante énumère les espaces officiels qu’elle connaît par cœur, étant en service au palais depuis une décade et demie. Elle a précisé que « l’hôte officiel entre de la porte principale et traverse en premier le patio des présidents. Il est accueilli par le chargé du protocole dans la salle des ministres ou celle d’accueil avant qu’il ne soit orienté vers la salle indiquée, selon sa qualité et son rang protocolaire (chef d’Etat, ministre ou autre), pour rencontrer le président ».
Neila Mahjoub détaille, par la suite, les espaces du palais et relate : « Nous trouvons le patio des présidents, puis la salle des présidents, ensuite la salle dorée, la plus officielle parmi toutes, où sont reçus les visiteurs de marque (Chefs d’Etat, Chefs de gouvernement, ministres étrangers, ambassadeurs) ».
«Nous parcourons par la suite la salle bleue où le président accueille les représentants de la Société civile et où se tiennent parfois les conférences de presse, puis le salon bleu, qui faisait office auparavant de bureau de l’ancien président Ben Ali et qui est devenu actuellement une salle d’accueil», a-t-elle encore révélé.
«A côté, se trouvent le bureau de l’actuel président de la République Moncef Marzouki, jouxtant la bibliothèque de Bourguiba et le patio des Beys», ajoute la gouvernante.
La galerie des Beys est un corridor reliant les espaces du palais à ses balcons et portes du pavillon Est. La galerie est ainsi baptisée à cause des portraits des beys husseinites (1705-1957) qui parent les murs et qui ont été peints par l’artiste italien Guida Gréganti.
Le patio des présidents revêt, quant à lui, un cachet particulier. La première partie est surplombée d'un dôme en bois agrémenté et qui retrace l’histoire de la gravure et de la dorure tandis que la seconde est faite d’ornements plafonniers en argile gravés «à la marocaine». Un groupe des plus talentueux graveurs et artistes marocains a été dépêché par le Roi de l'époque, Feu Mohamed V, à Bourguiba à cet effet.
Et Neila Mahjoub, seule détentrice des clefs de toutes les pièces du palais, de poursuivre : « Nous descendons ensuite au sous-sol où est installé le théâtre qui a été utilisé selon les convictions culturelles et politiques de chaque président ayant gouverné la Tunisie.»
« Le président Marzouki a fait projeter au théâtre après la révolution de 2011 le documentaire intitulé : « Un crime d’Etat : le meurtre des Yousséfistes » et des pièces de théâtre pour personnes à besoins spécifiques », a-t-elle encore dit.
D’une capacité de 157 sièges, le théâtre comporte dans une de ses ailes, des portraits, des bustes et des albums des voyages officiels du président Bourguiba. Inspiré du décor du Palais de Versailles en France, le théâtre a été inauguré en juin 1964 en présence du roi du Maroc Hassan II.
" Les visiteurs du palais, y compris les chefs d’Etat, sont impressionnés de prime abord par la qualité des touches artistiques et le cachet spécifique du décor et de l’architecture des salles, dès lors que chaque salle vous renvoie à un esprit et à un cachet particulier propre à elle", fait observer Neila Mahjoub.
«A titre d’exemple, c’est dans la salle bleue que le gouvernement issu des élections de l’Assemblée Nationale Constituante d’octobre 2011 avait prêté serment et où l’ex-Chef du gouvernement Hamadi Jebali avait présenté sa démission », relate la responsable de l’administration domestique du palais.
C’est ici également que l’actuel Chef du gouvernement Mehdi Jomaa, désigné en janvier 2014, a reçu ses lettres de fonctions dans ce palais où il a également adressé son premier discours au peuple tunisien, a-t-elle rappelé.
« La salle dorée a abrité, récemment, les rencontres du président Marzouki, avec l’actuel souverain marocain Mohamed VI », souligne encore la gouvernante générale du palais, tout en veillant à ne pas divulguer des secrets interdits au public.
D’autres pièces, salles et salons ont été témoins de l’époque contemporaine et de décisions majeures qui ont scellé le sort politique du pays, notamment, la salle d’accueil, qui était auparavant le bureau de l’ancien président Ben Ali, où il avait prononcé ses trois discours avant qu’il ne quitte le pays à destination de l’Arabie Saoudite après la recrudescence de la protestation sociale qui a eu raison du régime à l’orée de l’année 2011.
Les effluves iodés de la mer qui pénètrent à travers les portes fenêtres vous conduisent instinctivement aux balcons et au jardin du palais qui s’ouvre sur deux niveaux du côté oriental. Conçu «à la française», le jardin symétrique et classique, comporte un petit salon aménagé sous un géant pin d’Alep, où le président actuel aime à déguster son café matinal.
En quittant le palais, vous êtes saisi du sentiment de vouloir y rester et vous prenez conscience que le « jeu » lancé pour décrocher le siège de Carthage vaut la chandelle et justifie, en grande partie, ce combat acharné pour bénéficier du plaisir jusqu’à la «volupté carthaginoise» pendant un lustre.
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