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Le massacre de Sabra et Chatila: L’innommable horreur racontée par un "enfant" survivant

17.09.2015 - Mıse À Jour : 17.09.2015
Le massacre de Sabra et Chatila: L’innommable horreur racontée par un "enfant" survivant

AA / Gaza (Territoires palestiniens) / Mustapha Haboosh

Des dizaines de cadavres qui jonchent les ruelles du camp de réfugiés de Sabra et Chatila, des maisons détruites, des restes de fillettes mélangés avec de la boue et de la poussière, une mare de sang au dessus de laquelle flottent des membres amputés d’un enfant, tel est le spectacle macabre et détaillé, gravé dans la mémoire du palestinien Walid al-Awadh, en dépit des 33 ans qui le séparent des faits.

L’armée israélienne, appuyée par les supplétifs de l’armée du Liban Sud (ALS) d’Antoine Lahad, et les Phalanges libanaises ont perpétré, le soir du 16 septembre 1982, un crime des plus odieux à l'encontre d'une population désarmée. 

Trente trois ans plus tard jour pour jour, le dirigeant du parti palestinien du "Peuple", Walid al-Awadh, se souvient, dans une interview accordée, mercredi, à Anadolu, des «images horribles» du carnage dont il était témoin. Al-Awadh relate les événements du massacre qu'il qualifie du «pire de l’histoire de l’Humanité».

«Les habitants du camp venaient à peine de panser les blessures générées par l’invasion israélienne du Liban et du bombardement, 88 jours durant, de Beyrouth et de ses camps assiégés, que les forces israéliennes progressent, les 13 et 14 septembre, à la faveur d’une intense couverture aérienne, vers la capitale, quelques jours après le départ des combattants de l’Organisation de la Libération de la Palestine (OLP)», se souvient-il.

Les Israéliens violent, ainsi, les dispositions de l’accord de Philip Habib (Envoyé du président américain Ronald Reagan), des dizaines de chars ont été déployés aux abords du camp de Sabra et de Chatila et renforcé le siège imposé, particulièrement après l’assassinai du président Bachir Gemayel, le 14 septembre, en bloquant tous les accès.

Conclu le 24 juillet 1981, l’accord de Philip Habib, le premier du genre entre les parties palestinienne et israélienne,  prévoit, notamment, le retrait des éléments de l’OLP en contrepartie de la garantie de protection des camps et des réfugiés palestiniens au Liban.

Le soir du 16 septembre 1982, les soldats de l’armée israélienne et les groupes des Phalanges et de l’ALS ont entrepris leur progression à travers les ruelles situées dans le Sud du camp de Sabra et Chatila dans la région d’al-Harch et se sont déployés dans l’ensemble des ruelles pour le mettre en entier sous leur coupe. 

Trois jours durant, les soldats israéliens et leurs supplétifs libanais ont commis des massacres horribles contre les habitants du camp isolé et ses habitants désarmés. «Des massacres inqualifiables», se rappelle al-Awadh.

Le dirigeant palestinien se souvient, les larmes aux yeux, «la scène de femmes enceintes éventrées, dont les corps ont été jetés dans les ruelles du camp, d’enfants mutilés, et des dizaines de cadavres et de restes de corps jonchés dans les rues et à l’intérieur des maisons détruites».

«La scène était terrifiante, les parties de corps ensanglantés étaient éparpillées un peu partout à même la chaussée, les blessés abusés hurlaient de douleur atroce et demandaient de l’aide. En vain», poursuit-il.

L’enfant de l’époque poursuit sa relation de l’horreur et se rappelle des «filles menottées et enchaînées par les criminels avant d’être violées avec sauvagerie et brutalité et leurs corps coupés en lambeaux moyennant des objets contendants».

«J’ai vu dans le quartier de Farhat à l’intérieur du camp les corps de dizaines d’habitants entassés, des restes et de la chair d’hommes, femmes et enfants qui se sont mélangés aux briques des maisons anéanties, le tout piétiné sous les coups de butoir des bulldozers israéliens», raconte encore Walid.

Al-Awadh éclate en sanglots lorsqu’il se remémore des «cerveaux des enfants éclatés sur les murs de la demeure de la famille 'Serour' à l’entrée du camp et la mare de sang à l’intérieur de la maison d’al-Maghrébi derrière la boutique d’al-Doukhi, au dessus de laquelle flottait les membres d’un enfant».

L’horreur n’a épargné personne, ajoute-t-il. «Un vieillard, qui avait une jambe amputée, a été tué et son cadavre a été lié à un âne, à côté de dizaines de corps mutilés au milieu de dizaines de sabres, de poignards et de machettes, outils du crime».   

Al-Awadh a conclu son interview accordée à Anadolu en lançant : «Ce sont des jours qui demeureront gravés à jamais dans ma mémoire. Il s’agit d’un massacre terrible essuyé par les Palestiniens à Sabra et Chatila conduit par les supplétifs de l’ALS et des Phalanges avec une participation directe des forces de l’occupation israéliennes, sous la conduite du terroriste Ariel Sharon ».

"Ces massacres ont fait 3500 victimes palestiniennes, tous des enfants, des femmes et des personnes âgées, c’est le massacre de l'époque", a-t-il lâché.

En dépit du caractère abject de la boucherie, la Communauté internationale n’a pas ouvert la moindre enquête digne de ce nom. Israël avait, cependant, mis sur pied une commission d‘enquête judiciaire pour élucider les circonstances exactes du massacre et arrêter les responsabilités.

Ladite commission a conclu dans son rapport final que le responsable direct qui a mené ces massacres n'est autre que Elie Hobeika, responsable de la milice des Phalanges au Liban à l’époque.

La commission a affirmé que Ariel Sharon, ministre israélien de la Défense au moment des faits, et nombre d’officiers supérieurs de l’armée israélienne étaient responsables de manière "indirecte" de ces crimes.

A l’issue de la proclamation de ces conclusions, Sharon a été obligé de démissionner de son poste.

 
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