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Le journal rappé donne du rythme à l'information au Sénégal

''Le JTR donne un souffle nouveau à l’actualité », déclare un des deux présentateurs.

12.05.2014 - Mıse À Jour : 12.05.2014
Le journal rappé donne du rythme à l'information au Sénégal

AA / Dakar / Yazid Bamse

Au Sénégal, les journaux télévisés ont un concurrent de taille, au style novateur, rythmé, décalé: le Journal Télévisé Rappé (JTR), présenté par deux stars du rap sénégalais qui rêvent de voir leur concept envahir le continent africain. 

"Bienvenue dans cette édition spéciale/ consacrée au retour de Abdoulaye Wade (ex-président) au sénégal/  Il est parti comme un voleur/ il est revenu comme un héro ", ainsi le journal rappé est présenté .

Depuis avril 2013 Xuman et Keyti, donnent du rythme à l'information, émaillé d'opinion en tout genre,  en se succèdant sur un plateau pour faire un tour d’horizon de l’actualité de leur pays et du reste du monde. Sur fond de musque hip hop, qu’ils composent eux-mêmes, ils s’expriment d’abord en français, langue officielle du Sénégal, puis en Wolof, dialecte le plus parlé du pays.''Le vrai journal est assez déprimant, le JTR donne un souffle nouveau à l’actualité », déclare Xuman.

Diffusé  d'abord sur youtube, le JT rappé arrive  rapidement avec son ton décalé  la nouveauté de son concept et le talent des deux  présentateurs à susciter l'engouement des sénégalais.Ces journaux télévisés impertinents recensent plus de 300 000 vues et la chaîne Youtube totalise  3700 abonnés.La popularité du concept a persuadé la chaîne privée sénégalaise 2STV de s'adjuger les droit de diffusion  du JT Rappé. Il est désormais diffusé tous les vendredis, juste après le journal traditionnel.

Après une première saison de six mois (avril à octobre 2013), les présentateurs du JT rappé abordent la seconde (''au moins 25 épisodes'') avec beaucoup d’optimisme et  d'ambition. Ils espèrent  en effet ''internationaliser leur concept''.

 ''Nous voulons que le concept devienne africain. Qu'il soit exporté dans tout le continent. Que le JTR soit au Mali, en Guinée, au Burkina Faso, au Niger, en Gambie", a souhaité Xuman.

L’idée de ce journal atypique, déja diffusé en Europe et aux Etats Unis, a d’abord germé dans l’esprit de Xuman, 39 ans, dont 20 années dans l’univers du hip hop. " C’était en 2012, au plus fort de la contestation de la candidature pour un troisième mandat de l’ancien Président sénégalais Abdoulaye Wade", se remémore l'artiste. " A ce moment, les gens sortaient assez souvent des singles pour dénoncer les travers du régime de Wade (président du Sénégal de 2000 à 2012, ndlr). Mais bien souvent les albums étaient en retard par rapport aux faits dont ils parlaient. C’est là que je me suis dit : pourquoi ne pas essayer d’en parler à chaud ? J’en ai discuté avec Keyti, il a tout de suite été emballé par l’idée, et c’était parti !"

Mais si le journal ne dure que quelques minutes, il nécessite des heures de travail en amont. « La semaine du JTR commence le jeudi avec la collecte des infos, les trois jours suivants sont réservés au tri, au traitement des nouvelles ainsi qu’à la conception de la musique. Ces quatre premiers jours constituent les étapes les plus difficiles de la conception du journal. '' et d'ajouter " en plus l'information doit être donné avec style et avec classe, peu importe si la fatigue pointe son nez » explique  Xuman

L'un des intérêts de ce JTR est qu'il s'adresse à un maximum de personnes; notamment les jeunes qui se détournent de l'actualité. ''On s’est rendu compte que beaucoup de choses se passaient dans le monde ou au Sénégal sans que les gens ne s’en soucient. Il faut dire que le vrai journal est assez déprimant. Au JTR lorsqu’il y a de bonnes nouvelles, on les donne avec gaieté ; lorsque les infos sont mauvaises, on trouve un moyen d’en rire pour que ça passe mieux'', explique Keyti.

Concernant le financement, Keyti a expliqué qu’une édition du JT rappé pouvait coûter jusqu’à 1000 dollars : conception de la  musique, location des caméras, montage, etc., mais qu’ils avaient « noué un partenariat qui leur permet d’amoindrir les coûts  avec  un label chargé de la production du journal ».

« A présent, il faut rentabiliser. C’est à ce niveau que nous avons un problème, nous comptions sur les sponsors, mais ils ont peur du ton du journal, chose que nous pouvons comprendre. Mais nous cherchons d'autres  moyens  pour rentabiliser ce produit.'' précise-t-il. 

Pour autant, les deux rappeurs refusent de lever le pied pour attirer les sponsors : « il n’en est pas question », se sont-ils exclamés en chœur : « Ce journal a eu du succès d’abord grâce à sa qualité graphique, ses images et sa musique, mais aussi grâce au ton.  L’enlever ou le baisser, il n’en est pas question.''  Promet Keyti. La seule concession, indique Xuman, c’est d’être ''un peu plus subtil dans l’utilisation des mots pour dire la même chose». Une précaution, assure-t-il, ''davantage artistique que liée à un souci de faire du politiquement correct et qui n’édulcore pas le message''.

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