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Le Burundi peut vivre un nouveau « coup d’Etat » encore « plus sanglant » (Analyste)

Le pays avait vécu un coup d'Etat manqué perpétré, el 13 mai dernier, par l'ex-général de l'armée Godefroid Niyombare qui a fait quelques dizaines de morts

27.07.2015 - Mıse À Jour : 27.07.2015
Le Burundi peut vivre un nouveau « coup d’Etat » encore « plus sanglant » (Analyste)

AA/ Tunis/ Mohamed Abdellaoui

Le Burundi qui vient de tenir un scrutin présidentiel remporté par le contesté Pierre Nkurunziza peut être secoué par un nouveau putsch encore plus sanglant que celui de mai dernier, quoique les militaires soient rigoureusement surveillés, pronostique le directeur du bureau Afrique centrale de l’International Crisis Group (ICG), Thierry Vircoulon, dans un entretien avec Anadolu.

Une tentative de coup d'État perpétrée au Burundi le 13 mai 2015, dirigée par l'ex-général Godefroid Niyombare a été avortée par les militaires loyalistes, et fait quelques dizaines de morts, entre soldats putshistes, forces loyalistes et un plusieurs civils, selon des sources sécuritaires et humanitaires.

Elle s'inscrit dans la continuité des contestations débutées le 26 avril après l'annonce de la candidature du président Pierre N'kurunziza à un troisième mandat, candidature jugée "anticonstitutionnelle" par une partie de la population

Pour Vircoulon, l’élection présidentielle tenue le 21 juillet semble loin d’apaiser les tensions. Les résultats portant le président sortant vainqueur du scrutin avec plus de 69% des voix, nourriront plutôt un climat déjà instable qui empirerait jour après jour. D'autant plus que la mission d'observation de la Communauté Est-africaine a mis en cause la crédibilité du processus électoral, dans son rapport rendu public vendredi soir.

Un nouveau putsch, prendrait racine d’après le chercheur spécialiste des Grands Lacs, dans les violences qui feront suite à la proclamation des résultats du dernier scrutin et rejetés par une grande partie de l’opposition ainsi que par la société civile.

Dans le même ordre d’idées, le chercheur note que l’abstention de l’opposition de participer à un gouvernement d’union nationale présidé par Pierre Nkurunziza ne fera qu’aggraver une situation déjà embrasée.

Ce qui donnerait lieu à davantage de divisions et de clivages au sein des institutions sécuritaires et militaires pour enfin déboucher, fort probablement, sur un nouveau putsch qui sera cette fois-ci encore "plus violent", étant marqué d’"une plus grande effusion de sang".

Estimant à sa juste valeur la médiation ougandaise lancée par le président Yoweri Museveni, le chercheur de Crisis Group souligne qu’elle connaîtrait, , compte tenu de son timing et du contexte politique et sécuritaire actuel du pays, le même dénouement que les médiations précédentes. Deux médiateurs onusiens avaient été, en effet, récusés par l'opposition et le pouvoir.

Vircoulon fait de surcroît observer que la crise burundaise relève de trois enjeux principaux, à savoir, la stabilité de la région, la question des troisièmes mandats qui sont interdits par les constitutions de certains pays et la capacité de gestion de crise de l’EAC.  Cette complexité rend difficile une issue à la crise qui secoue le pays depuis trois mois dans un temps proche et laisse présager plus d’un scénario.

Les critiques émises par le voisin direct du Burundi, le Rwanda, ainsi que les Etats-Unis, entre autres, quant à la crédibilité et la transparence de l’opération électorale et l’attitude de l’Allemagne et de la Belgique (ancienne puissance coloniale du pays) qui voulaient revoir leur coopération avec le Burundi, serviraient de stimulant pour l’opposition et la société civile qui ont fait part de leur détermination à poursuivre la contestation contre un troisième mandat de Pierre Nkurunziza, par tous les moyens « légaux ». 

Force est de constater, dans la même perspective, que certains mutins relevant des militaires qui ont orchestré le coup d'Etat manqué sont réfugiés au Rwanda. 

Pierre Nkurunziza a été annoncé vainqueur, vendredi, d'un troisième mandat controversé. Or la Constitution burundaise et l’Accord d’Arusha (Tanzanie-2000), cadre essentiel pour la paix après une longue guerre civile opposant Hutue et Tutsis, disposent que le chef de l’Etat, élu au suffrage universel direct, ne peut effectuer que deux mandats. Nkurunziza argue, quant à lui, d'une première élection au suffrage indirect en 2005. D’où son droit à un troisième mandat, selon lui.  

Le Burundi continue à vivre des violences et des vagues de contestations même après la proclamation des résultats du scrutin de lundi dernier, portant Nkurunziza vainqueur suivi par l’opposant Agathon Rwasa qui a refusé de reconnaître les résultats «  tronqués » de la Commission électorale « Ceni ». 

Plus de deux mois de manifestations émaillées de violences contre un nouveau mandat pour Pierre Nkurunziza ont jusque-là fait plus de 100 morts, des centaines de blessés et d’arrestations, le tout précédé d'un exode massif vers des pays voisins, dont le Rwanda, selon des organisations de la société civile, dont l’Association pour la protection des droits humains et des personnes détenues « Aprodh ».

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