AA - Paris - Bilal Muftuoglu

La Russie fait preuve d'une "ouverture" en Syrie, vis-à-vis de sa politique à l'égard des forces sunnites et de la lutte contre Daech, a estimé le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.

"Il y a une ouverture des Russes, nous pensons qu’elle est sincère", a déclaré jeudi Fabius, sur France Inter, évoquant un possible infléchissement de Moscou pour éviter que les forces sunnites en Syrie se tournent contre lui.

"La présence des Russes en Syrie représente aussi pour eux un coût considérable.  Il y a un autre problème, si les Russes sont perçus comme le soutien des shiites, à ce moment-là les sunnites vont se retourner contre eux et ça représente beaucoup de danger, pour la Russie, compte tenu de sa population", a-t-il ainsi précisé.

La Russie évolue aussi sur sa position vis-à-vis de l'opposition, d'après Fabius, en se concentrant moins sur "les résistants modérés". 

"Lorsque le président [Vladimir] Poutine a fait la proposition d’une grande coalition, en septembre, nous avions dit : c’est une bonne idée à condition que la Russie se concentre contre Daech et pas contre les résistants modérés. Il semble qu’il y ait une évolution. Si c’est le cas c’est une bonne chose"

Fabius a par ailleurs salué la négociation qui aura lieu entre l’armée de Damas, et des groupes rebelles syriens en vue d’une trêve sous l’égide de la Russie. 

Selon Fabius, c'était essentiellement l'explosion de l'avion russe par Daech en Egypte qui a "fait bouger" Moscou dans sa politique en Syrie.

Interrogé par ailleurs sur les déclarations du Secrétaire d'Etat américain John Kerry, selon lesquelles la Syrie serait "à quelques semaines" d'une transition politique, Fabius a estimé que Kerry était "optimiste" dans sa remarque.

"John Kerry qui a aussi dit ce qu’il pensait de Bachar en des termes durs, que je partage, était optimiste, j’espère qu’il a raison. Mais ça va être compliqué", a-t-il noté.