
AA/ Ouagadougou/ Lougri Dimtalba
La charte de la transition, devant servir de document de base pour la conduite de la transition au Burkina Faso, a été officiellement signée, dimanche soir, à Ouagadougou.
Le nom du futur président de la transition est attendu d’ici minuit (heure locale-GMT), selon les militaires.
Le forum des forces vives et de défense et de sécurité sur l’approbation de la charte de la transition a eu lieu dans la salle de spectacle mythique de la maison du peuple à 16 h15mn (locale-GMT). Avant la signature du document, son contenu a été livré par le rapporteur général, Ablassé Ouédraogo (ancien ministre des Affaires étrangères burkinabé), aux invités, constitués de corps diplomatiques, de représentants de partis politiques, de la société civile.
Tour à tour, après, la charte a été signée par les différents délégués sous les acclamations des présents. Selon le lieutenant-colonel Isaac Yacouba Zida, aux commandes depuis la fuite de Blaise Compaoré, cet acte marque "la réconciliation du peuple burkinabè avec lui-même."
L’ex-président du Faso, arrivé au pouvoir depuis 1987 par un coup d’Etat contre son frère d’armes Thomas Sankara, père de la Révolution sociale et politique burkinabée, a été acculé à la démission par la rue, le 31 octobre dernier, alors qu’il voulait modifier la constitution pour se représenter en 2015.
« Nous mesurons toute la dimension et la portée de cet évènement. Il nous donne ainsi les opportunités de magnifier ce qui nous lie à ce pays qui nous a vu naître (…). Cela donne à chacun de nous l’identité d’intégrité que nous portons avec fierté depuis la révolution d’août 1983 (menée par Thomas Sankara, ndlr) » a déclaré Zida.
Tout en déplorant les dizaines de pertes en vie humaines lors du soulèvement populaire, le lieutenant-colonel a mis la faute sur le compte de l'ancien régime.
« Une sagesse bien assumée de la part de Blaise, aurait permis d’éviter (cette situation, ndlr) » a-t-il rappelé.
Cette cérémonie a été l’occasion pour les militaires de prendre à témoin l’opinion nationale et internationale sur la tenue de leurs engagements depuis la chute de Compaoré.
« Je reste convaincu qu'à la place des soupçons de confiscation du pouvoir par l’armée, (…) s’est définitivement installée dans les esprits une confiance que nous allons travailler à renforcer » a-t-il indiqué.
Le ministre des Affaires étrangères sénégalais, Mankeur Ndiaye, était présent dimanche, tout comme Désiré Kadré Ouédraogo, président de la commission de la Cédéao, l’union économique ouest-africaine.
Diplomates, autorités religieuses et traditionnelles assistaient également à la signature, qui marque l’officialisation de la charte.
Ce document, qui définit les contours institutionnels de la transition, sera validé rapidement par le Conseil constitutionnel, de nouveau actif depuis que le lieutenant-colonel Zida a rétabli la Loi fondamentale samedi.
« Au plus tard à minuit, le nom du président sera connu. Et le conseil constitutionnel validera demain ce choix » ont promis les militaires dans une déclaration publique.
Le nouveau gouvernement est attendu jeudi prochain et son premier conseil de ministres prévu pour samedi, selon des sources politiques et militaires.
« Nous sommes très contents de voir qu’après la signature, on nous annonce qu'avant minuit on verra le nom de la personne qui va diriger le pays » s’est réjoui l’ambassadeur des Etats-Unis au Burkina, Tulinabo S. Mushingi, également présent à la cérémonie.