AA/Desk /Fethi Djebali

En faisant mouvement vers le Cameroun pour épauler l’armée camerounaise dans sa lutte contre Boko Haram, l’armée nationale tchadienne cultive encore une fois le mythe qui l’entoure d’être la tête de file des armées de l’Afrique Centrale. De la Centrafrique, au Cameroun, en passant par le Mali   l’armée tchadienne est sur tous les fronts de guerre  ouverts sur le continent. Mais Où s’arrête le mythe et où commence la réalité?.  

"Le Cameroun ne doit pas faire face seul à cette nébuleuse qui a fait trop de mal aux populations innocentes du Cameroun comme du Nigeria", Ces mots à peine prononcés par le président Tchadien Idriss Etno Deby qu’un convoi militaire composé de 400 véhicules  faisait route vers le Cameroun. L’armée tchadienne déjà présente sur le front malien dans le cadre de la Minusma (Mission onusienne de paix au Nord-Mali) est sur un nouveau front de guerre: Boko Haram.

Après des opérations aériennes consistant à bombarder les positions de Boko Haram au Nigéria, les soldats envoyés par Ndjamena ont posé leur pied en territoire nigérian, au niveau de Gambaru, dans l'Etat de Borno (Nord-Est).

De la Centrafrique, au Mali en passant par le Cameroun  l’armée nationale tchadienne(ANT)  a été sur tous les fronts ouverts sur le continent. Dans le cadre de missions de paix onusiennes ou volant au secours d’autres armées africaines l’ANT a toujours cultivé le mythe d’une armée supérieure.

Selon l’Institut international d'études stratégiques (USA), L’armée tchadienne est composée de 25 000 soldat actifs et 9500 réservistes, soit un total de 34 000 soldats mobilisables représentant 2,5 % de la population. 

Selon le Sipri (Stockholm International Peace Research Institute), le Tchad figure parmi les pays africains les plus dépensiers en matière d’armement. Entre 2000 et 2010, le pourcentage du PIB destiné à acheter des armes a augmenté de 1.9 à 7.1 pc. Même si ce pourcentage est descendu au-delà de cette date à la moyenne africaine (2% du PIB), le pays a continué à figurer en bonne place du moins dans la région grâce notamment aux revenus du pétrole.  

Cette course à l’armement opéré par Ndjamena entre 2000 et 2010  a permis de doter l’armée tchadienne d’équipements sophistiqués  plus de 16 hélicoptères de combats Mi-24 , au moins 309  Blindés et véhicules à roues, et 60 chars T-55 , selon la base de donnée spécialisée Armyrecognition.

En juin 2014 l'armée tchadienne a fait l'acquisition de 3  MIG-29 de fabrication russe, avions capables de franchir le mur du son qui viennent affirmer la suprématie régionale de l’armée de l’air tchadienne déjà forte d’au moins 12 bombardiers Sukhoi -25 de fabrication russe.

L’armée tchadienne est également habituée des missions de maintien de la paix. Ces missions lui ont permis d’acquérir des compétences internationales .Elle a participé à 6 opérations de maintien de la paix sous égide onusienne notamment en Centrafrique  et au Mali .Selon l’ONU  l’armée tchadienne n’a déploré que 28 morts sur 1122 soldats  envoyés.

Mais la réputation d’armée aguerrie, les tchadiens l’ont acquis chez eux. Les différentes rebellions qu’a connu le Tchad durant plus de trente ans ont amélioré les compétences de cette armée face à des armées non régulières (rebelles) qui ont souvent différents modes opératoires.

La politique d’ouverture militaire de Njamena a permis également à l’armée tchadienne de se former. Du  dispositif Épervier mis en place au Tchad en février 1986 à l’opération Barkhane en 2014 l’armée tchadienne a pu profiter de la présence de bases françaises sur son sol.

Pour autant cette armée n’est pas exempte de faiblesses .Ses soldats trainent, certes  une réputation de « durs » et d’ »aguerris » mais aussi d’avoir la gâchette facile. En 2014 les multiples bavures du contingent tchadien de la mission de paix en Centrafrique ont acculé Ndjamena à le retirer après avoir été accablé par un rapport onusien l’accusant d’avoir tiré sur des civils faisant au moins une trentaine de morts et une centaine de blessés.