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Karim Wade, le parcours tortueux d'un ministre sénégalais

Karim Wade; qui est sorti de l'ombre peu après l'élection de son père à la présidence de la république, a sombré dans des démêlés judiciaires après la non-rélection de celui-ci en 2012.

17.02.2015 - Mıse À Jour : 17.02.2015
Karim Wade, le parcours tortueux d'un ministre sénégalais

AA/ Dakar/ Arona Basse

Karim Meïssa Wade, 46 ans, fils de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade est incarcéré pour "enrichissement illicite" depuis le 18 avril 2013. Retour sur le parcours de l’actuel pensionnaire de Rebeuss (prison centrale de Dakar) dont le procès a amorcé sa phase terminale, lundi.

Début des années 2000: de l’ombre à la lumière

Au début des années 2000, le Sénégal n’avait qu’une vague idée de ce fils effacé, jeune métisse au parcours jusque-là secret, ancien pensionnaire de l’école franco-sénégalaise de Fann (Dakar) et des Cours Sainte-Marie de Hann (Dakar) qui est allé poursuivre ses études à Saint-Martin, un établissement d’enseignement privé en France. Pourtant Karim Wade avait déjà fourbi ses armes dans le monde professionnel entre Paris et Londres en tant que cadre au département fusion-acquisition dans une banque suisse avant d’être recruté à Londres par une banque d’affaires. Diplômé de l’Université Panthéon-Sorbonne, il est sorti avec une maîtrise en Sciences de gestion et un diplôme en troisième cycle en ingénierie financière.

2004: Karim franchit le pas et entre en scène

Karim Wade franchit le pas en juin 2004, date à laquelle celui qui avait jusque-là en charge les dossiers techniques, en tant que conseiller officieux chez son père, président de la République (2000-2012) est nommé Président de l’Agence nationale de l’organisation de la Conférence islamique (ANOCI).

2006: Karim Wade émarge dans le concret :

Jusque-là en réussite dans ses entreprises, Karim Wade s’enhardit davantage. En 2006, il crée avec Abdoulaye Baldé, alors secrétaire général de la présidence de la République, «La Génération du Concret», une force de proposition aux ambitions gigantesques pour faire de Dakar, un hub dans la sous-région. Pour Macky Sall, alors à la tête de l'Assemblée Nationale, chambre unique du Parlement sénégalais, la gestion de la GC et le Sommet de l’Oci doivent justifier des explications de la part de l’aîné des Wade et convoque, en octobre 2007, Karim Wade devant l’Assemblée nationale. Macky Sall est sanctionné par la majorité présientielle en voyant son mandat à la tête de l'Assemblée se réduire à un an. Au niveau de l’opinion publique sénégalaise, l’image de Karim Wade subit les contrecoups de cet épisode.

2009: Fiasco lors des élections locales

Karim Wade subit sa véritable première déconvenue lors des élections locales jusque dans son propre bureau de vote. Il est nommé presque aussitôt après Ministre d’Etat. Peu après, le 5 octobre 2010, il est nommé Ministre de l’énergie. Puis il cumule en même temps la Coopération internationale, les transports aériens, les infrastructures et l’aménagement du territoire. Mais la cote de popularité de son père est au plus bas, sacrément mis à mal par le projet de Ticket présidentiel, prévoyant l’élection simultanée au suffrage universel direct d’un président et d’un vice-président. Un projet dans lequel le peuple a lu une volonté de Wade de propulser son fils au Sommet de l’Etat, à travers une dévolution monarchique à peine déguisée.

2012: Le clan des Wade bouté hors du pouvoir

Après l'échec d'Abdoulaye Wade dans la présidentielle de 2012, la famille Wade s’exile en Europe. Mais au Sénégal, les impératifs de reddition de comptes sont érigés en véritable revevendication politique. Pour Macky Sall, il faut que Wade-fils, ministre jusqu'à la défaite de son père, rende compte de sa gestion des affaires publiques. Les suspicions, exacerbées par les révélations de la presse, collent à Karim Wade une fortune colossale.

15 mars 2013: Début des poursuites

Mis en demeure le 15 mars 2013, Karim Wade doit justifier dans un délai d’un mois d'une fortune estimé à plus de 200 millions USD, constituée de voitures, de propriétés immobilières et de comptes bancaires un peu partout dans le monde. Il est inculpé pour "enrichissement illicite" et écroué avec sept autres personnes mercredi 18 avril à la prison de Rebeuss.

31 juillet 2014 : Le procès Karim Wade débute

Entre temps la Commission d’instruction de la Cour de Répression de l'Enrichissement Illicite (CREI) multiplie les sorties médiatiques et les voyages à l’étranger pour débusquer les avoirs de Karim. A côté, les avocats de l’ancien ministre multiplient les recours et les demandes de mise en liberté. Sans succès. Les autorités judiciaires sont fortement décidées à mener cette affaire jusqu’à son terme. Le 31 juillet 2014, le procès Karim Wade débute dans l’enceinte du Palais de justice. Les premiers jours du procès, les avocats de l’Etat, le Parquet spécial et les avocats de Karim Wade s’entredéchirent dans de violents échanges. Au début du mois de janvier 2015, Karim Wade décide de ne plus comparaître devant la Cour. Ses avocats boycotteront le procès qu’ils jugent inéquitable. La Cour fait fi et demande la poursuite des débats.

Lundi 16 février 2015: Début des plaidoiries

A ce jour, les principaux témoins ont tous été entendus. Avec le commencement des plaidoieries, lundi, l’Etat du Sénégal a réclamé plus de 380 millions de dollars de dommage et intérêts à Karim Wade. Le procès entre dans son dernier tournant, quelle issue réserve-t-il à l’aîné des Wade ?

 
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