Politique

John Fitzgerald Kennedy... l’homme qui voulait changer le monde

- Il y a 58 ans jour pour jour, JFK, 35ème Président des Etats-Unis, tomba sous les balles assassines de Lee Harvey Oswald

Fatma Bendhaou  | 22.11.2021 - Mıse À Jour : 22.11.2021
John Fitzgerald Kennedy... l’homme qui voulait changer le monde

Dakar

AA/ Alioune Ndiaye

Le 22 novembre 1963, un tireur embusqué terrorise Dallas et ébranle l'Amérique toute entière. John Fitzgerald Kennedy, 35ème Président des Etats-Unis, tombe sous des balles assassines devenant sombrement le quatrième et dernier Président, jusque-là, à être tué en cours de mandat. Abraham Lincoln (1865), James Garfield (1881) et William Mckinley (1901) avaient subi le même sort.

Plus jeune Président élu de l’histoire du pays, John Kennedy ou JFK selon ses initiales ne sera ainsi resté que moins de trois ans à la tête des USA. Un court mandat entamé le 20 janvier 1961 et qui aura dévoilé à la face du monde un des plus populaires leaders que l’Amérique ait connu.

« Kennedy est resté durant son mandat un Président très populaire. Pour preuve, pendant toute cette période, il n'a jamais connu de sondages inférieurs à 50 % d'opinions favorables. Il est d'ailleurs le seul à ce jour à avoir atteint ce niveau de popularité », dresse à ce propos la plateforme Wikipédia.


- De l’US Marine au Capitole

Ambitieux de servir son pays, Kennedy, né le 29 mai 1917, s’est engagé dans la Marine dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale. Il a même été commandant d’un patrouilleur avec le grade de lieutenant, décrochant la Navy and marine medal, une décoration militaire qui récompense l’héroïsme.

Kennedy avait en effet réussi à sauver son équipage après une collision subie par son patrouilleur en août 1943 lors de la Guerre du Pacifique.

D’autres décorations dont la ‘’ Purple heart’’ ont suivi avant que l’ancien brillant élève, issu d’une famille riche (son père était ambassadeur en Angleterre, pays où JFK a fait une partie de sa scolarité), ne se démobilise en 1945, quelques mois après la capitulation du Japon, pour une carrière politique en intégrant le Parti démocrate.

L’ascension est fulgurante. Trois mandats successifs acquis en 1946, 1948 et 1950 à la chambre des représentants puis sénateur (Massachusetts) à partir de 1952. Réélu en 1958, ses ambitions d’aller encore plus haut ne sont pas tempérées par son échec dans sa quête à l’investiture de son parti pour la vice-présidence en 1956.

L’auteur de Profiles in courage (Profils d’hommes courageux), livre sacré à l’édition en 1957 du prix Pulitzer et dont la paternité est vraisemblablement aujourd’hui accordée à son bras droit Ted Sorensen, déclare alors sa candidature pour la présidentielle du 8 novembre 1960.

Faisant campagne sous le slogan ‘’ Nouvelle frontière’’, tenant compte du contexte géopolitique avec la dualité entre son pays et l’URSS mais aussi de la relance économique des USA, de la lutte pour l’égalité entre blancs et noirs, Kennedy a remporté de justesse la présidentielle avec une longueur de 120 000 voix sur le candidat républicain Richard Nixon.

JFK devient ainsi le plus jeune Président élu de l’Amérique. Théodore Roosevelt y a accédé au même âge en 1901 mais en succédant au Président Mckinley assassiné.

Il prête serment le 20 janvier 1961 pour devenir officiellement le 35è Président des USA, le premier de confession catholique ; Joe Biden en est le second.


- Ambitions au-delà des frontières

« Si la société libre ne parvient pas à améliorer le sort de la majorité des pauvres, elle ne pourra pas sauver la minorité des riches ». « Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. Mes concitoyens du monde, ne vous demandez pas ce que les États-Unis feront pour vous, mais plutôt ce qu'ensemble, nous pouvons faire pour la liberté de l'Homme ». Ces déclarations de Kennedy lors de son investiture sont révélatrices de ses ambitions qui vont au-delà de son pays.

Kennedy a amorcé le dégel de la tension entre les USA et l’URSS (union des républiques socialistes soviétiques), les deux superpuissances de ce temps dont la bataille pour le leadership avait ouvert des conflits (guerre froide) sur presque tous les territoires du monde.

« L’humanité devra mettre fin à la guerre ou la guerre mettra fin à l’humanité », insistait-il à la tribune des Nations Unis en septembre 1961.

Des échanges réguliers entre la Maison Blanche et le Kremlin ont, ainsi, permis de pacifier considérablement le monde avec en prime la signature par le Président US en octobre 1963 du traité d’interdiction partielle des essais nucléaires élaboré par le Kremlin. Ledit traité est le premier texte international sur le désarmement.

Kennedy est aussi l’instigateur d’une politique spatiale pour confirmer la suprématie de son pays en lançant en mai 1961 le programme de conquête de l’espace à travers la mission Apollo. Un équipage de trois personnes a ainsi foulé la lune en 1969 en l’honneur du prestige américain mis à rude épreuve en ce temps par les succès de l’astronomie russe.

Pour une Amérique qui sert l’humanité, il a créé, deux mois après sa prise de fonction, le Corps de la paix, une agence indépendante du gouvernement pour favoriser la paix et l’amitié dans le monde.

A son arrivée au pouvoir, il avait ouvertement milité en faveur de l’égalité civique entre blancs et noirs, se montrant même un fervent défenseur des gens de couleur. C’est lors de son mandat qu’un noir s’était inscrit, pour une toute première fois, à une université d’Etat américaine.

Kennedy a, dans le cadre de ce combat, reçu le leader noir Martin Luther King et d’autres dirigeants du mouvement américain des droits civiques, après que certains d’entre eux avaient été arrêtés lors d’une manifestation contre la ségrégation en 1963.

« Il est doublement injuste d’opérer une discrimination à l’égard d’une personne en raison de sa race », décriait-il lors d’une déclaration pour annoncer des mesures contre le chômage qui frappait la population noire.

La loi contre la ségrégation raciale (civil rights act) consacrant l’égalité entre races a finalement été votée en 1968. L’implication dans le processus du Président tué cinq ans plus tôt avait été déterminante avec les nombreux jalons posés.


- Le mystère plane toujours sur l’assassinat de JFK

Il était d’humeur joviale, comme à son habitude, avant que les coups de feu ne retentissent. Accoudé à l’arrière d’une décapotable et saluant avec gaieté le long cortège d’Américains venus l’accueillir à Dallas dans le cadre d’une visite de pré-campagne, Kennedy n’a pu survivre aux deux balles reçus dans le dos et à la tête, malgré l’évacuation rapide dans un hôpital proche. Le monde est consterné par l’assassinat amplifié par les gestes de panique de sa femme qui était dans la voiture.

Lee Harvey Oswald, un jeune conservateur de 24 ans, est l’auteur des tirs mortels. Il est lui-même abattu deux jours plus tard par Jacob Rubinstein, considéré d’après les enquêtes comme un déséquilibré.

La commission Warren en charge du dossier le boucle à la hâte, concluant à la thèse de l’assassinat isolé avec Oswald comme l’unique responsable. Le dossier est ainsi clos le 24 novembre.

« Contrairement à ce que la commission Warren a dit au peuple américain en 1964, la CIA a surveillé Lee Harvey Oswald d’octobre 1959 à octobre 1963. En effet, un câble de la CIA montre que les voyages d’Oswald, ses opinions politiques et son état d’esprit ont fait l’objet de discussions parmi les officiers supérieurs de la CIA seulement six semaines avant l’assassinat de JFK », a estimé en 2017 sur TV5 monde, Jefferson Morley, ex-journaliste au Washington post.

Morley a même soutenu que Oswald, ex-marine et tireur d’élite, aurait confié à plusieurs agents de renseignement son intention de tuer le Président Kennedy.

Débats et spéculations ont ainsi persisté de la part de plusieurs observateurs alimentant la thèse du complot. Qui en voudrait alors au Président tué à l’âge de 46 ans ?

En tout cas, la fenêtre prometteuse ouverte par le Président Donald Trump s’est vite refermée. Le prédécesseur de Joe Biden avait annoncé en octobre 2017 la déclassification des documents restants sur l’affaire qu’une loi votée en 1992 impose depuis la publication.

Sur cinq millions de pages que comporte le dossier Kennedy, quelque 1171 dossiers top secret contenant chacune entre une et vingt pages sont toujours inaccessibles.

L’Amérique et le monde ne sauront peut-être jamais mais JFK laisse derrière lui l’image d’un leader énergique, pétri d’humanisme et charismatique. « On se souvient d’une nation aux hommes qu’elle produit mais aussi à ceux dont elle se souvient et qu’elle honore », lit-on dans le condensé de ses citations les plus célèbres.

« Aussi longtemps qu’on écrira le grand livre de l’histoire du monde, figurera au chapitre esprit et puissance, le nom de John Fitzgerald Kennedy car il fut une grande figure politique, non seulement pour son peuple mais aussi pour l’histoire de notre monde », témoignait, suite à l’assassinat de JFK, le chancelier allemand Ludwig Erhard alors que le maire de Berlin ouest d’alors, Willy Brandt se disait consterné par « la mort du premier citoyen du monde libre ».

Sa renommée ne s’est guère estompée pour autant. Son portrait est sur la pièce d’un demi dollar US, sur des timbres postaux aussi et plusieurs infrastructures à l’image de l’aéroport international de New York (JFK Airport) l’honorent dans sa patrie.

Une municipalité au Brésil, une montagne au Canada, une route au Québec, 11 établissements en France et la liste est loin d’être exhaustive …. JFK était l’enfant du monde.

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