Politique

Italie : L'élection présidentielle voit Mario Draghi dans la balance

- Le premier tour s'annonce peu concluant, avec 672 bulletins blancs, sans qu'il y ait encore de consensus entre les partis sur un candidat commun

Ekip  | 25.01.2022 - Mıse À Jour : 25.01.2022
Italie : L'élection présidentielle voit Mario Draghi dans la balance

Roma

AA / Rome / Alvise Armellini

Les députés italiens ont ouvert, lundi, le scrutin pour élire un nouveau président, dans un contexte d'incertitude quant à la possibilité pour le Premier ministre Mario Draghi, considéré par beaucoup comme le meilleur candidat pour ce poste, de finalement être élu.

"C'est un référendum sur Draghi", a déclaré à l'Agence Anadolu Francesco Galietti, cofondateur et directeur général de Policy Sonar, un cabinet de conseil basé à Rome.

"Il est le seul candidat solide. Les autres noms qui circulent (...) sont franchement décevants", a-t-il ajouté.

L'élection présidentielle, qui est souvent comparée au conclave papal parce qu'elle est tout aussi imprévisible et pleine d'intrigues, est entre les mains d'un peu plus de 1 000 représentants nationaux et régionaux qui votent quotidiennement à bulletin secret.

Le premier tour de lundi n'a pas été concluant, conformément aux attentes, 672 électeurs ayant voté blanc. Les partis politiques sont, quant à eux, loin d'avoir atteint le consensus nécessaire sur un candidat commun.

L'élection devait se poursuivre au moins jusqu'au quatrième tour - prévu jeudi - où la majorité requise devait tomber des deux tiers à légèrement plus de 50 %.

Enrico Letta, chef du Parti démocrate (PD) de centre-gauche, a déclaré, dimanche, à la chaîne publique RAI qu'il s'attendait à une percée entre les partis "dans les prochaines 48 ou au maximum 72 heures", ajoutant que "Draghi est l'une des options sur la table".

Draghi, l'ancien gouverneur de la Banque centrale européenne, auquel on attribue le mérite d'avoir fait "tout ce qu'il fallait" pour sauver l'euro, a réussi à rétablir la stabilité et à redorer le blason de l'Italie sur la scène internationale depuis qu'il est devenu Premier ministre en février dernier, à la tête d'une large coalition.

Ce bilan a fait de lui un candidat naturel à la présidence - un rôle largement protocolaire en Italie mais qui joue également le rôle de médiateur clé qui choisit les premiers ministres, convoque les élections et influence discrètement la politique du gouvernement.

Mario Draghi rassurerait probablement l'Union européenne et les marchés financiers, qui comptent sur lui pour veiller à ce que les quelque 200 milliards d'euros (227 milliards de dollars) que l'Italie doit recevoir de Bruxelles au titre de l'aide à la reprise après la pandémie soient dépensés de manière responsable.

Mais son élection soulèverait la question de son remplacement au poste de premier ministre, un choix difficile qui pourrait conduire à un gouvernement beaucoup plus faible ou à des élections anticipées si aucun accord n'est trouvé.

C'est pourquoi un nombre non négligeable de députés hésitent à le soutenir, en particulier ceux qui n'ont aucune perspective de réélection et qui perdraient leur pension si le Parlement venait à être dissous avant septembre. Nombre d'entre eux appartiennent au parti populiste Mouvement 5 étoiles.

L'ancien Premier ministre Silvio Berlusconi, qui a renoncé à sa candidature controversée à la présidence, samedi, a exhorté Draghi à rester Premier ministre jusqu'à la fin du mandat parlementaire en 2023, pour éviter, semble-t-il, de perturber les réformes du gouvernement. Matteo Salvini, du parti d'extrême droite de la Ligue, a fait écho à cet appel.

Pour sortir de l'impasse, certains ont proposé de reconduire le président Sergio Mattarella, dont le mandat s'achève le 3 février, y compris le chef du PD, Letta. Mais l'homme de 80 ans a répété à plusieurs reprises qu'il souhaitait se retirer.

Parmi les autres candidats figurent Pier Ferdinando Casini, ancien président de la chambre basse du parlement, Giuliano Amato, ancien premier ministre et juge de la Cour constitutionnelle, et la ministre de la justice Marta Cartabia, qui deviendrait la première femme présidente d'Italie.


*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj

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