AA / Istanbul / Fekry Abdeen et Lina Altawell

Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a renouvelé jeudi son engagement affirmant qu’Israël« ne quittera jamais » la bande de Gaza, promettant de créer une large zone de sécurité autour de l’enclave palestinienne et d’autoriser la construction de colonies dans le nord du territoire.

S’exprimant lors d’une conférence éducative, Katz a déclaré qu’Israël maintiendrait une présence permanente à Gaza et établirait une vaste zone tampon sécuritaire autour de l’enclave, a rapporté le journal Haaretz.

Par ailleurs, Katz avait formulé des remarques similaires mardi concernant des projets de construction de colonies dans le nord de Gaza. Ces déclarations, selon les médias hébreux, ont irrité l’administration du président américain Donald Trump et ont conduit Katz à en atténuer partiellement la portée.

Israël a lancé une guerre dévastatrice contre Gaza en octobre 2023, avec le soutien des États-Unis, faisant plus de 71 000 morts palestiniens et plus de 171 000 blessés, pour la plupart des femmes et des enfants.

Bien qu’un cessez-le-feu fondé sur une proposition avancée par Trump soit entré en vigueur le 10 octobre, Israël l’a violé quotidiennement, entraînant la mort de 411 Palestiniens.

Selon Katz, il serait possible d’établir des avant-postes Nahal dans le nord de Gaza « de manière organisée, le moment venu ». Les avant-postes Nahal sont des structures de colonisation à base de groupes de jeunes supervisées par la brigade Nahal de l’armée israélienne, combinant service militaire et activité de colonisation, selon les médias israéliens.

Rejetant les informations affirmant qu’il serait revenu sur ses propos précédents, Katz a déclaré qu’Israël exercerait une « souveraineté de facto » à Gaza, similaire, selon lui, à la politique appliquée par Israël en Cisjordanie occupée.

Depuis le début de la guerre à Gaza, Israël a intensifié ses mesures visant à annexer la Cisjordanie occupée, notamment par des démolitions de maisons, des déplacements forcés et une expansion des colonies, selon les autorités palestiniennes.

L’annexion de la Cisjordanie mettrait de facto fin aux perspectives d’une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien, telle qu’envisagée par les résolutions de l’ONU.

Environ 750 000 colons israéliens vivent dans des centaines de colonies en Cisjordanie occupée, dont près de 250 000 à Jérusalem-Est occupée. Par ailleurs, les colons mènent presque quotidiennement des attaques contre les Palestiniens dans le but de les chasser de leurs terres, affirment des responsables palestiniens.

Katz a ajouté que sa vision, depuis le début de la guerre à Gaza, incluait l’établissement de sites militaires Nahal dans le nord de Gaza, ainsi que d’écoles religieuses et d’autres infrastructures.

Concernant la Cisjordanie, Katz a indiqué qu’Israël appliquait une politique de « souveraineté pratique », ajoutant que les conditions actuelles ne permettaient pas une déclaration formelle d’annexion, tout en poursuivant les déplacements de Palestiniens, le déploiement de troupes et l’expansion des colonies.

Les autorités palestiniennes appellent depuis longtemps la communauté internationale à faire pression sur Israël afin de mettre fin aux activités de colonisation dans les territoires occupés, que les Nations unies considèrent comme illégales.

Mardi, Katz a déclaré aux dirigeants des colons que des avant-postes Nahal seraient établis dans le nord de Gaza, sur des terrains où se trouvaient auparavant des colonies évacuées en 2005. Ces propos contredisaient le plan de Trump, qui prévoit un retrait militaire israélien total de Gaza.

Les médias israéliens ont rapporté que Washington avait exprimé surprise et colère au gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahu à la suite des déclarations de Katz. À la demande du Premier ministre, le ministre de la Défense a ensuite affirmé que le gouvernement ne cherchait pas à établir de colonies à Gaza, une déclaration largement perçue comme un recul, avant qu’il ne réitère sa position jeudi.

Les médias israéliens ont averti que les propos de Katz pourraient compliquer la visite prévue de Netanyahu en Floride, où il doit rencontrer Trump le 29 décembre. La réunion devrait porter principalement sur Gaza, l’Iran, le Liban et la Syrie.

Enfin, Israël occupe depuis des décennies des territoires palestiniens ainsi que des parties de la Syrie et du Liban, tout en rejetant le retrait ou la création d’un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale, sur les frontières antérieures à la guerre de 1967.

* Traduit de l'anglais par Adama Bamba