Politique

Ghannouchi : La Constitution de la révolution tunisienne a été "renversée"

- Le président du Parlement, dont les travaux ont été suspendus, a déclaré lors d'une célébration de l'anniversaire de la promulgation de la constitution de 2014, que "les pouvoirs ont été rassemblés entre les mains d'une seule personne".

Yosra Ouanes  | 27.01.2022 - Mıse À Jour : 28.01.2022
Ghannouchi : La Constitution de la révolution tunisienne a été "renversée"

Tunisia

AA / Tunis

Rached Ghannouchi, président du Parlement tunisien, dont les travaux ont été suspendus, a déclaré jeudi que "la Constitution de la révolution qui rassemblait les Tunisiens, a été renversée", soulignant que "les pouvoirs ont été rassemblés entre les mains d'une seule personne". Ghannouchi a également réitéré son appel à "un dialogue national global qui n'exclut personne".

Dans un discours prononcé lors d'une célébration virtuelle, du huitième anniversaire de la promulgation de la Constitution de 2014, trois ans après une révolution populaire qui a renversé en 2011 le président de l'époque, Zine El Abidine Ben Ali.

Ghannouchi a ajouté que "la Constitution de la révolution a été renversée en tant que avantage national le 25 juillet, l'unité des Tunisiens a été déchirée, les institutions ont été perturbées et les pouvoirs ont été rassemblés entre les mains d'une seule personne".

La Tunisie est en proie à une grave crise politique depuis que le chef de l’Etat avait décidé le 25 juillet dernier de révoquer le Chef du gouvernement Hichem Mechichi, de geler les pouvoirs du Parlement pour une durée de 30 jours, et de lever l’immunité des députés dans le cadre de mesures d’exception. Kaïs Saïed avait annoncé également qu’il s’arrogeait le pouvoir exécutif avec l’aide d’un gouvernement dont il désignera le chef et a procédé dans les jours suivants à une série de limogeages de ministres et de hauts responsables dans l’appareil de l’Etat.

Et Ghannouchi de poursuivre "le pays connaît une crise financière étouffante et un isolement international sans précédent, à la lumière d'une situation sociale qui frise l'explosion en plus de la division alimentée par la plus haute autorité du pays".

Il a estimé que "l'institution du Parlement a été diabolisée afin de l'éliminer".

Le titulaire du perchoir gelé a souligné que "le respect et la consolidation de la différence sont l'essence du processus démocratique et parlementaire" et que "le redressement de la démocratie ne se fait pas un coup d'État ni par le fascisme et le populisme".

Ghannouchi, a par la même occasion, renouvelé son appel à "un dialogue national inclusif qui n'exclut personne, la restauration de la légitimité constitutionnelle par l'annulation du décret présidentiel n°117 et l'organisation d'élections présidentielle et parlementaires générales".

Le 22 septembre dernier, Saïed avait publié cet arrêté présidentiel, stipulant la suppression de l'organe de contrôle de la constitutionnalité des lois, et la promulgation des lois par décrets présidentiels, ce qui a suscité des accusations de contrôle du pouvoir législatif.

Saïed avait déclaré, à plusieurs reprises, que la crise tunisienne réside dans la Constitution de 2014, considérant qu'elle n'est plus valide et qu'elle n'a aucune légitimité.

Lors de la célébration de l'anniversaire de la promulgation de la Constitution de 2014, la première vice-présidente du Parlement, Samira Chaouachi, a indiqué que les institutions de la Tunisie sont bafouées et sa "démocratie est menacée".

Et Chaouachi de poursuivre "Nous nous tenons debout aujourd'hui, comme l'avons fait la nuit du coup d'État ( le 25 juillet dernier), pour défendre le Parlement en tant qu'institution élue qui exprime la volonté du peuple."

"Notre responsabilité aujourd'hui est de nous rallier autour de la Constitution et de la protéger, s'agissant d'un symbole de la révolution et de la démocratie. C'est l'une des meilleures Constitutions du monde", a-t-elle lancé.

La majorité des forces politiques et civiles en Tunisie rejettent les mesures exceptionnelles de Saïed et les considèrent comme un « coup d'État contre la Constitution », tandis que d'autres forces les soutiennent comme un « redressement du cours de la révolution de 2011 », à la lumière de la situation politique, économique et la crise sanitaire.

Saïed, qui avait entamé un mandat présidentiel de 5 ans en 2019, a estimé que ses mesures exceptionnelles s'inscrivent dans le cadre de la Constitution afin de protéger l'Etat d'un "danger imminent", soulignant que les droits et libertés ne sont pas bafoués.

*Traduit de l'arabe par Wejden Jlassi

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