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Gaza : la France soutient le réexamen de l’accord d’association UE-Israël

– Paris juge que les actions israéliennes contreviennent à ses engagements européens en matière de droits humains et appelle à un examen politique du partenariat.

Ümit Dönmez  | 03.07.2025 - Mıse À Jour : 03.07.2025
Gaza : la France soutient le réexamen de l’accord d’association UE-Israël

France

AA / Paris / Ümit Dönmez

Le ministère français des Affaires étrangères a confirmé que la France soutenait le réexamen de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, dans un contexte de violences persistantes dans la bande de Gaza et de critiques croissantes sur la politique israélienne envers les civils palestiniens.

Par voie d’un point presse, le porte-parole du Quai d’Orsay, Christophe Lemoine, a rappelé ce jeudi que l’accord en question — qui lie Israël à l’Union européenne — « comporte des dispositions précises sur les droits de l’homme », dispositions que la France considère désormais violées. Il a précisé que la Haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères, Kaja Kallas, avait déjà « rendu un rapport » soulignant que certaines actions israéliennes, « comme le blocus humanitaire à Gaza ou la colonisation qui se poursuit en Cisjordanie », étaient « clairement contraires aux obligations d’Israël en matière de droit de l’homme ».

Lemoine a indiqué que la France soutient le processus européen engagé : « La discussion a été enclenchée à Bruxelles » et « la Commission doit revenir auprès des États membres avec des propositions d’action ». Il a toutefois précisé que « la France ne peut pas agir seule sur ce texte », car il s’agit d’un accord conclu entre l’Union européenne et un État tiers.

Interrogé sur l’éventualité de mesures unilatérales françaises, le porte-parole a reconnu que « des sanctions à titre national ne sont pas exclusives de sanctions européennes », rappelant qu’en 2024, la France avait déjà sanctionné « des colons violents » de manière autonome. Il a cependant précisé que la France privilégie les sanctions à l'échelle européenne.

Concernant la situation humanitaire à Gaza, Christophe Lemoine a réaffirmé que « les opérations militaires n’ont que trop duré » et que « les populations civiles sont les premières victimes ». La France exige « un cessez-le-feu immédiat, la libération des otages et une distribution massive de l’aide humanitaire ».

Paris s’oppose par ailleurs au mécanisme militarisé d’aide humanitaire actuellement en place, qu’elle juge « non optimal » et à l’origine d’un « bilan humain dramatique ». Le Quai d’Orsay plaide pour un retour à un système de distribution « piloté par les agences des Nations Unies, implantées de longue date à Gaza ».


- Le Parlement bloque, la diplomatie s’interroge

Alors même que le Quai d’Orsay soutient un réexamen de l’accord avec Israël, une résolution parlementaire allant dans ce sens a été rejetée le 2 juillet en commission des affaires européennes. Les députés de la majorité présidentielle, des Républicains et du Rassemblement national ont voté en faveur d’un amendement de suppression du texte, déposé par Caroline Yadan (Renaissance), provoquant la colère du groupe La France insoumise - NFP.

Par voie de communiqué, LFI a dénoncé un vote « scandaleux », accusant les députés concernés d’agir « en contradiction » avec la position officielle du ministère des Affaires étrangères. Le texte proposait de conditionner l’accord d’association UE-Israël au respect du droit international et de répondre aux décisions de la Cour pénale internationale et de la Cour internationale de justice. Une deuxième résolution similaire, portée par une députée écologiste, a également été rejetée.



- Situation humanitaire à Gaza


Pour rappel, depuis la reprise des hostilités par Tel Aviv le 18 mars 2025, après un cessez-le-feu, les attaques israéliennes ont tué près de 6 000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 57 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023, suite à une attaque du Hamas.

La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré les condamnations internationales, les violations israéliennes persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.

Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza. Ce dernier est toujours à la tête du gouvernement israélien.

Par ailleurs, Israël bloque l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Quelques autorisations minimes de passage de l'aide humanitaire ont été accordées, mais celles-ci demeurent largement insuffisantes pour répondre aux besoins de la population gazaouie.

Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".


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