France : une mère dénonce la tonte à blanc de ses deux enfants placés dans un foyer parisien
- Une mère affirme que ses deux garçons de 3 et 4 ans ont été tondus à blanc dans un foyer parisien après leur placement provisoire
Istanbul
AA / Istanbul / Seyma Erkul Dayanc
Une mère affirme que ses deux fils, âgés de 3 et 4 ans, ont été tondus à blanc alors qu’ils étaient placés dans un foyer parisien de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Les faits dénoncés se seraient déroulés en juillet 2025.
Les deux enfants avaient été placés provisoirement dans un foyer du 18e arrondissement de Paris après une décision de la juge des enfants, dans un contexte de séparation conflictuelle des parents. Lors de la première visite autorisée, une semaine après le placement, la mère dit avoir découvert ses enfants sans cheveux.
« Je me suis aperçue qu’ils avaient eu les cheveux, non pas rasés, mais complètement tondus à blanc. Il n’y avait pas un duvet de cheveux », affirme-t-elle à franceinfo, média d’information public français, ajoutant : « Je suis restée figée. »
« J’ai eu du mal à les reconnaître, je me suis sentie dépossédée de mes enfants
Selon son témoignage, les éducateurs lui auraient expliqué que cette coupe était liée à la présence de poux dans le foyer. La mère indique avoir donné son accord pour « couper les cheveux », mais affirme ne pas avoir autorisé une tonte à blanc. Elle précise également avoir fourni un traitement anti-poux dans les affaires de ses enfants.
« Tondre à blanc les cheveux des enfants, ce n’est pas du tout leur rôle », déclare-t-elle, estimant que cette décision constitue « une violence inouïe ».
Christian Berthuy, directeur général de la fondation OVE, qui gère le foyer concerné, reconnaît une situation « ennuyeuse » et indique que la décision a été prise « après discussions entre professionnels et après accord de la maman », afin « d’optimiser l’efficacité du traitement anti-poux ».
Il précise toutefois que « la coupe des cheveux n’est pas une mission habituelle des éducateurs ».
Concernant la nature de la coupe, Christian Berthuy admet que « la coupe a pu être réalisée plus court que prévu », tout en affirmant que « selon plusieurs membres de la direction et professionnels, les enfants n’ont pas été rasés à blanc ».
Lors d’une audience tenue le vendredi suivant les faits, la directrice du foyer a indiqué, selon des notes d’audience citées par franceinfo : « On ne les a pas rasés, mais tondus avec un sabot assez court. » Elle a également reconnu que l’accord du père, détenteur de l’autorité parentale, n’avait pas été recueilli.
L’avocate de la mère, Me Rebecca Royer, estime que « le fait de raser à blanc le crâne de deux petits garçons constitue une violence qui ne doit jamais arriver, encore moins dans un milieu de placement ». Elle indique avoir demandé l’ouverture d’une enquête.
La mère a annoncé son intention de déposer plainte dans les prochaines semaines. De son côté, la mairie de Paris a transmis, mardi, un signalement au parquet de Paris et indiqué qu’elle allait convoquer le directeur du foyer ainsi que recevoir la famille. Le parquet n’a pas indiqué si une enquête judiciaire était ouverte à ce stade.
Cette affaire intervient alors qu’un autre dossier impliquant un foyer relevant de l’Aide sociale à l’enfance à Paris a récemment été révélé. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « violences volontaires sur mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité » après la diffusion d’une vidéo montrant un enfant de 8 ans se faire raser le crâne dans le foyer éducatif Jenner, situé dans le XIIIe arrondissement et géré par l’association Jean-Cotxet.
Les faits, filmés en février 2025 et révélés plusieurs mois plus tard, montrent un enfant torse nu, assis sur une chaise, tandis qu’une éducatrice lui rase la tête à l’aide d’une tondeuse. La Ville de Paris, qui supervise l’ASE, a évoqué une « humiliation délibérée », indiquant qu’aucune justification, comme la présence de poux ou un accord parental, ne pouvait légitimer l’acte.
Informée de l’existence des vidéos en septembre, la mère de l’enfant a déposé plainte le 12 décembre pour violences volontaires. Elle affirme ne jamais avoir donné son accord et dénonce des pressions exercées par l’ASE. L’association Jean-Cotxet a indiqué avoir renouvelé l’équipe encadrante et mis à pied l’éducatrice concernée.
Une inspection administrative a été menée dans le foyer les 10 et 11 décembre, tandis que la Défenseure des droits s’est autosaisie et que la ministre de la Santé a saisi la procureure de la République, évoquant une « atteinte grave à la dignité ». L’enquête judiciaire se poursuit.
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