AA/France/Esma Ben Said

Durement critiqué par le président français Emmnanuel Macron, le général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées en France, a annoncé mercredi sa démission.

C’est en des termes peu amènes, lors d’une réunion à huis clos tenue à l’Assemblée nationale, que ce général connu pour son franc-parler, s’était plaint la veille des festivités du 14 juillet, des coupes dans le budget du ministère de la Défense, imposées par le gouvernement.

Une coupe qui s’élève à 850 millions d’euros pour 2017 alors même que le général plaidait depuis longtemps pour une hausse de son budget.

Le Général avait été dès le lendemain, recardé par Macron qui a déclaré, devant toute la hiérarchie militaire qu’il n’était pas « digne d’étaler des débats sur la place publique ».

« J’ai pris des engagements, je suis votre chef. Les engagements que je prends devant les concitoyens, devant les armées, je sais les tenir et je n'ai à cet égard besoin de nulle pression, de nul commentaire », avait dit le président en haussant le ton.

A la suite de cette passe d’armes, de Villiers qui s’est entretenu en privé avec le président français, a préféré annoncer sa démission. Une première sous la Ve République française.

« Je ne suis plus en mesure d'assurer la pérennité du modèle d'armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd'hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays» a déclaré le général, dans un communiqué consulté par Anadolu. 

- Pierre de Villiers, un général cinq étoiles particulièrement apprécié

Le Général de Villiers a été nommé par François Hollande, en février 2014, à la tête des armées. Il est ensuite reconduit, le 30 juin, par le président Macron, en raison d’un bilan jugé intéressant. Connu pour son caractère bien trempé, de Villiers, ancien commandant en Afghanistan, a gagné très vite le respect de ses pairs, selon des sources militaires françaises.

"C'est un général particulièrement aimé, aussi bien des soldats, des marins et des aviateurs, qui louent tous sa légitimité. Il a su représenter l'institution à l'intérieur comme à l’extérieur", a commente l'ancien général Vincent Desportes, cité par le quotidien français « l’Express ».

- Un général qui se bat contre les coupes budgétaires

Pierre de Villiers a toujours montré les dents, face aux coupes budgétaires. Déjà, en mai 2014 le général a brandi la menace d’une démission collective face à la perspective d’économies sur le budget des armées. Finalement, cette mobilisation avait trouvé un écho favorable.

En décembre 2016, le chef militaire avait publié une tribune intitulé « Le prix de la paix » dans le média français « Les échos ». Il y réclamait là encore, davantage de moyens financiers.

Pierre de Villiers n’a jamais été sanctionné pour ces différentes prises de position.

• Militaire de père en fils

D’après le quotidien français « Le Monde », Pierre de Villiers est le fils d’un général médaillé de la Résistance, incarcéré après la Guerre d’Algérie, lui même fils de militaire.

Pierre n’est autre que le frère cadet de Philippe de Villiers, le fondateur du parti de droite souverainiste « Mouvement pour la France ».

Un lien qui ne l’a pas empêché pour autant d’être nommé par un pouvoir de gauche.

Il a aussi trois autres frères et soeurs qui ont tous été élevés dans des valeurs catholiques traditionnelles avec, au coeur de l’éducation « l’amour de la patrie ». 

-Un général amateur du ballon rond

Dans une déclaration à «Libération », le général de Villiers se confiait sur sa passion pour le football et sa façon de se voir comme un « entraîneur ».
« J'aime le collectif, l'action en commun », avait-il confié, ajoutant que « le foot c'est l'esprit de compétition, la gagne, mais aussi l'apprentissage que l'individu n'est rien sans le groupe. »

« Ce poste de chef d'Etat-major, je veux l'utiliser pour aller au contact avec les hommes », avait-il dit peu après sa nomination.

Pour l’anecdote, le chef militaire se souvient avoir toujours partagé sa passion pour le ballon rond avec ses troupes, notamment en 1998 où il installe une télévision pour suivre avec ses soldats la Coupe du Monde.