AA/Paris/Souhir Bousbih

Elle attend toujours « le grand soir ». Nathalie Arthaud, 47 ans, est pour la deuxième fois consécutive candidate du parti d’extrême gauche "Lutte Ouvrière" (LO) à l’élection présidentielle en France. Et à l’instar du candidat du NPA, Philippe Poutou, elle n’ambitionne pas de parvenir à la présidence de la République. Elle en est d’ailleurs bien loin. En 2012, elle n’avait recueilli que 0,56% des voix, le plus mauvais score de LO à une élection présidentielle, et les sondages ne lui promettent guère mieux en 2017.

Non, ce que la porte-parole de LO veut ce n’est pas gagner pour elle, insiste-t-elle souvent. Ce qu’elle souhaite par-dessus tout, c’est faire entendre la voix du camp des travailleurs et bouleverser le rapport de force au sommet de la chaîne, comme elle l’expliquait récemment sur la chaîne de télévision LCI : «Je suis consciente qu’il y a des politiciens qui prétendent gouverner et incarner l’Etat. Au dessus d’eux, il y a l’argent qui s’impose à eux. Il faut renverser cela. Il faut renouer avec mai 68».

Fidèle à ses idéaux trotskystes, celle qui se réclame comme la seule candidate révolutionnaire communiste de cette élection accuse Jean-Luc Mélenchon de « souverainisme » et se présente avec un programme similaire, sur les grandes lignes, à celui de 2012.

La professeur d’économie agrégée de 47 ans veut interdire les licenciements dans les grands groupes, réduire la durée du temps de travail pour créer plus d’emplois et imposer un salaire minimum de 1800 euros pour tous.

Et pour financer ces idées, elle propose, - c’est écrit noir sur blanc dans le programme -: le parti annonce qu’il n’hésiter pas à piocher dans les comptes bancaires et le patrimoine immobilier des grandes fortunes, "de leurs châteaux, de leurs hôtels particuliers, de leurs forêts domaniales".

"Priver de quelques dizaines de milliards, Bernard Arnault ou Liliane Bettencourt ne seraient pas réduits à la famine. Par contre, ces milliards pourraient servir à financer la répartition du travail entre tous, sans diminution des salaires", poursuit le programme de LO. Et dans la même optique de redistribution des profits des entreprises aux salariés, LO propose des nationalisations massives des banques et des usines, ainsi qu’une transparence totale des comptes des entreprises pour empêcher les patrons de « truquer » leurs employés.

On l’aura compris, Nathalie Arthaud rêve de mettre en place une société communiste, comme Lénine et Trotsky en ont rêvé avant elle. Si elle récuse la période stalinienne, elle revendique le fond de la pensée qui a amené à la révolution de 1917. Car c’est une nouveau mai 68 qu’elle défend, une nouvelle révolution pour mettre fin au capitalisme et à l’ « oligarchie de l’argent ».

Engagée depuis ses 18 ans dans LO, les militants la choisissent en 2008 au congrès du parti pour succéder à l’emblématique Arlette Laguiller, première femme à se présenter à l’élection présidentielle en 1974, et encore une fois en 2016. Elle aura la lourde tâche mardi soir, lors du second débat de la présidentielle organisé sur la chaîne d'information BFMTV, de tenter de convaincre les ouvriers qu’elle est la meilleure alternative à leurs problèmes. Pour le moment, 40% d’entre eux lui préfèrent la candidate frontiste Marine Le Pen.