France: L'ex-ministre de la Justice publie un livre sur son désaccord avec le gouvernement
Dans son livre "Murmures à la jeunesse", Taubira explique son opposition au projet de loi sur la déchéance de nationalité, qui a par ailleurs entraîné son départ du gouvernement

Paris
AA - Paris - Bilal Muftuoglu
Christine Taubira, ancienne ministre française de la Justice et Garde des Sceaux, a publié un livre lundi pour expliquer son désaccord avec le gouvernement et le président François Hollande sur la déchéance de nationalité.
Intitulé "Murmures à la jeunesse", l'essai de l'ancienne ministre qui fait moins de 100 pages retrace les étapes de son conflit avec Hollande qui souhaite, depuis les attentats de Paris du 13 novembre 2015, étendre la portée de la déchéance de nationalité à tous les binationaux dans le cadre d'une réforme constitutionnelle.
Le livre, qui présente Taubira encore comme la "ministre de la Justice", sort seulement cinq jours après son départ du gouvernement et à quelques jours du début de l'examen du projet de loi constitutionnelle à l'Assemblée nationale.
Dans ce livre, dont les extraits sont publiés par Le Monde, l'ancienne ministre dénonce encore "l'inefficacité" de la mesure proposée par Hollande, évoquant ses "effets nuls en matière de dissuasion".
"Osons le dire : un pays doit être capable de se débrouiller avec ses nationaux. Que serait le monde si chaque pays expulsait ses nationaux de naissance considérés comme indésirables ? Faudrait-il imaginer une terre-déchetterie où ils seraient regroupés", martèle-t-elle.
Estimant que la déchéance de nationalité "ne parle pas aux terroristes", Taubira s'oppose à la proclamation des binationaux comme un "sursis" ou encore comme une "menace" au même titre que les criminels.
Outre la déchéance de nationalité, Taubira pointe deux menaces pour la France dans l'avenir, l'autre étant l'arrivée du Front national au pouvoir. "Il est des choses trop inflammables pour s'en approcher sans méfiance avec deux silex à la main", écrit-elle. Et de poursuivre en faisant allusion à Marine Le Pen: "L'un des silex est cette déchéance de nationalité visant des Français de naissance binationaux, l'autre est la triste et possible capacité pour la cheffe d'un juteux négoce familial d'accéder au pouvoir suprême".
Taubira s'était trouvé seule au sein du gouvernement français à faire part publiquement de son opposition à ce projet réclamé à l'origine non pas par Hollande lui-même mais par le parti frontiste.
Elle était par ailleurs tenue de défendre le projet de loi sur la déchéance de nationalité le jour de sa démission devant la Commission des lois de l'Assemblée, en compagnie du Premier ministre français Manuel Valls.