France : le Sénat adopte la proposition de loi réintégrant symboliquement Alfred Dreyfus dans l’armée
- Le Sénat a adopté une proposition de loi visant à réintégrer symboliquement Alfred Dreyfus dans l’armée française, plus d’un siècle après son acquittement
Istanbul
AA / Istanbul / Serap Dogansoy
Le Parlement a définitivement adopté jeudi la proposition de loi réintégrant symboliquement le capitaine Alfred Dreyfus dans les cadres de l’armée française, plus d’un siècle après son acquittement.
Porté par le sénateur socialiste Patrick Kanner et signé notamment par l’ancien Premier ministre Gabriel Attal, le texte a été voté à l’unanimité au Sénat le 6 novembre, après avoir déjà recueilli le même soutien à l’Assemblée nationale en juin.
« La Nation française élève, à titre posthume, Alfred Dreyfus au grade de général de brigade », stipule la loi. Ses défenseurs y voient un acte de « reconnaissance » et de « justice » à l’égard d’un homme injustement condamné.
Le texte s’inscrit dans la continuité des gestes de reconnaissance engagés ces dernières années. En juillet dernier, le président Emmanuel Macron avait instauré une journée nationale de commémoration chaque 12 juillet, date de la réhabilitation officielle de Dreyfus en 1906.
Le texte, soutenu par une large majorité, a été adopté sans difficulté majeure, bien que certaines réserves aient été exprimées par des sénateurs de droite et du centre.
Cédric Perrin (Les Républicains) a dit se sentir « profondément gêné » par une initiative qui, selon lui, pourrait permettre à certains partis « de s’acheter une virginité de façade en matière d’antisémitisme ».
Le rapporteur du texte, le sénateur socialiste Rachid Temal, a rappelé qu’il s’agissait avant tout de « réparer une erreur manifeste » commise par le Parlement en 1906, année de la réhabilitation officielle du capitaine.
- Une portée symbolique
Condamné à tort pour trahison en 1894, Alfred Dreyfus avait été reconnu innocent douze ans plus tard. L’affaire, qui avait profondément divisé la France, reste l’un des symboles majeurs de la lutte pour la justice et contre l’antisémitisme.
La décision du Sénat vise à inscrire cette reconnaissance dans la mémoire institutionnelle du pays.
