France : Le ministère de l'Enseignement supérieur lance une enquête sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur
- Il a été demandé aux universités et organismes de recherche de diffuser un questionnaire sur l’antisémitisme auprès de leurs personnels, dans le cadre d’un programme confié au CEVIPOF
Istanbul
AA / Istanbul / Serap Dogansoy
Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Espace a demandé aux présidents d’universités et aux dirigeants d’organismes nationaux de recherche de diffuser, auprès de leurs personnels, un questionnaire portant sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur et la recherche, selon un courrier officiel consulté par Anadolu.
Datée du 18 novembre 2025, la lettre, émise par la Direction générale de la recherche et de l’innovation (DGRI), s’inscrit dans le cadre d’un programme de recherche sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur et la recherche, officiellement lancé le 29 avril dernier par le ministre.
Le ministère indique avoir mandaté une équipe de chercheurs du CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) afin de conduire une étude scientifique portant « exclusivement sur les perceptions, les expériences et les dynamiques liées à l’antisémitisme » au sein de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR).
Selon le courrier, l’étude repose sur la réalisation de deux enquêtes distinctes : l’une menée auprès des étudiants, l’autre auprès des personnels de l’ESR sur l’ensemble du territoire français. La lettre adressée aux établissements concerne cette seconde enquête.
Le ministère invite les présidents d’universités et d’organismes de recherche à relayer le lien du questionnaire auprès de l’ensemble de leurs personnels, incluant enseignants, enseignants-chercheurs, chercheurs, ingénieurs, techniciens et personnels administratifs.
Le questionnaire est accessible via un lien renvoyant vers une plateforme associée à l’institut privée de sondage IFOP.
Le suivi administratif de cette opération est assuré par le département « Sciences de l’Homme et de la société » de la DGRI, précise le courrier.
- Une initiative à la frontière entre démarche scientifique et action publique
Si le gouvernement met en avant l’objectif scientifique de la démarche, certains acteurs politiques et universitaires estiment que l’impulsion ministérielle et le recours à un prestataire privé peuvent créer une ambiguïté sur la frontière entre recherche académique indépendante et commande publique.
Le député LFI Hadrien Clouet a notamment dénoncé, publiquement, ce qu’il perçoit comme une démarche de « fichage politique » des agents et a employé des termes très critiques à l’égard du ministère. L’exécutif, de son côté, insiste sur le caractère scientifique, académique et indépendant du travail confié au CEVIPOF.
Ces prises de position interviennent dans un contexte marqué par de fortes tensions autour des questions liées au conflit israélo-palestinien et à leur résonance dans les établissements d’enseignement supérieur.
