France : Le maire de Nice veut exproprier une mosquée
-Estrosi souhaite expulser la mosquée pour en faire une crèche, et argumente sa décision par le fait que le bâtiment appartient au ministre saoudien des Cultes.

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AA/France/Fawzia Azzouz
Le Préfet des Alpes-Maritimes (sud-est de la France) a accepté l’ouverture d’une enquête d’utilité publique en vue d’exproprier la mosquée niçoise En-Nour de son bâtiment, à la demande du maire de la ville, a appris Anadolu de source proche du dossier.
C’est un bras de fer qui dure depuis plusieurs années entre la municipalité niçoise et l’association qui gère l’institut niçois En-Nour.
Le maire de Nice, Christian Estrosi, qui refuse catégoriquement que cette mosquée demeure ouverte, a d’ailleurs déclaré à la presse française, il y a plusieurs années déjà «chacun sait qu’à chaque fois que j’ai voulu m’opposer à un lieu de culte, j’ai trouvé les moyens juridiques de le faire».
Il avait diligenté en 2016 déjà, une première enquête en vue d’une Déclaration d’Utilité Publique (DUP) qui, malgré l’avis favorable du commissaire enquêteur, n’avait pas été signée par l’ancien préfet Adolphe Colrat.
Entre temps, le locataire de la préfecture a été remplacé par Georges-François Leclerc, nouveau préfet, qui semble plus attentif aux revendications de Christian Estrosi.
En juin 2016, le Conseil d’Etat avait également condamné la ville de Nice à signer l’autorisation d’ouverture de la mosquée, avec une astreinte de 500 euros par jour de retard, considérant que s’y opposer relevait d’une «atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de culte».
Dix-huit mois plus tard, le maire n’a toujours pas signé l’autorisation, et c’est l’ancien préfet Colrat qui a dû se substituer à lui.
L’argumentaire du maire de Nice est simple : il souhaite expulser la mosquée pour en faire une crèche, et argumente sa décision par le fait que le bâtiment appartient au ministre saoudien des Cultes.
Il accuse régulièrement la mosquée d’« appartenir à la mouvance salafiste ».
Nicolas Sarkozy et lui, font d’ailleurs l’objet d’une plainte en diffamation pour avoir tenu ces propos dans les médias français.
Contacté par Anadolu, l’imam de la mosquée En-Nour Mahmoud Benzamia, estime la «démarche ridicule, puisque le Conseil d’Etat a déjà donné raison à la mosquée» et «soupçonne une complicité entre le préfet et la mairie pour faire fermer le lieu».
Pour rappel, l’institut En-Nour a célébré les prières mortuaires de 8 victimes de l’attentat de Nice qui avait fait 86 morts le 14 juillet 2016.
Une plaque en leur mémoire a, d’ailleurs, été inaugurée en juillet dernier et les familles de ces victimes sont fermement opposées à la fermeture du lieu pour «préserver leur mémoire».
Ce nouveau rebondissement laisse présager une procédure qui pourrait s'étaler sur plusieurs années encore, avant d’arriver à un dénouement définitif.