Politique

France/Législatives : Bahri Cesur, candidat franco-turc de la jeunesse et la solidarité (portrait)

- Candidat à la députation dans la 12e circonscription de Seine-Saint-Denis (93), le directeur de Radio TV Kardeche a répondu aux questions de l'Agence Anadolu

Ekip  | 10.06.2022 - Mıse À Jour : 11.06.2022
France/Législatives : Bahri Cesur, candidat franco-turc de la jeunesse et la solidarité (portrait)

France

AA / Paris / Ümit Dönmez

Dimanche 12 juin, se tiendra le premier tour des élections législatives, en France métropolitaine. Pour Bahri Cesur, immigré franco-turc vivant en France depuis 50 ans, c'est l'occasion de mettre ses compétences et son expérience au service de la nation qu'il l'a accueilli et lui a permis de se frayer un nouveau chemin dans la vie.

Candidat à la députation dans la 12e circonscription de Seine-Saint-Denis (93) qui regroupe les villes de Montfermeil, Livry-Gargan, Clichy sous Bois, Vaujours et Coubron, le directeur de Radio TV Kardeche a répondu aux questions de l'Agence Anadolu (AA).

- Portrait du candidat

"Je suis né en 1964. Aujourd'hui, j'ai 58 ans. Arrivé en France à l'âge de neuf ans, donc depuis 1972, je suis père de deux enfants, technicien de métier et également animateur et fondateur de radio", explique-t-il au correspondant de AA.

Interrogé sur les motivations derrière sa candidature, Cesur fait état de sa déception de la classe politique française, de façon générale.

"Quand j'ai vu ce qui se passe en France actuellement, les politiciens de « haut niveau », les arrangements politiques pour la sauvegarde de leurs sièges et les besoins du peuple qui passent au second plan ; j'ai dit « non, je ne peux pas laisser passer cela ». Les élections législatives, c'est pour élire un député qui représente son peuple et l'État et pas pour représenter son siège. Voilà pourquoi j'ai décidé de me présenter aux élections législatives", explique le quinquagénaire engagé.

Évoquant ses origines turques, le directeur de Radio TV Kardeche déplore ce qu'il décrit comme le manque d'implication des Franco-Turcs dans la vie politique française.

"Cela fait 60 ans que nous sommes ici en France. Nous faisons partie de la France. La France est notre pays ; notre second pays ou notre premier pays, tout dépend d'où on est né. Et je trouve qu'on ne s'implique pas assez dans la politique. Et si je peux donner l'exemple à d'autres personnes que moi pour venir se présenter aux élections législatives et même d'autres élections, s'impliquer dans ce pays qui nous nourrit, avec lequel on vit. Ce serait une chose formidable. Ce serait une grande réussite pour moi et une des autres raisons pour laquelle je me présente", explique Cesur.

- La jeunesse, premier pilier de son programme

Interrogé sur son programme dans le cas son élection qu'il juge probable, Bahri Cesur, souligne que "la jeunesse, nos enfants" constituent la "base" de son plan d'action, "parce que l'avenir de la France dépend de l'éducation et de l'avenir de nos enfants. Avoir des enfants dont on a pris soin, va donner des adultes sains et décents et cela va construire la France forte de demain", estime-t-il. C'est ainsi qu'il explique sa volonté d'une "prise en charge de nos enfants à tous les niveaux, jusqu'à l'année de leur majorité".

"En France, nous sommes contents de dire que nous avons la meilleure sécurité sociale du monde, mais quand on regarde de plus près, on s'aperçoit que la Sécurité sociale rembourse de moins en moins. Je dirais même que beaucoup de médicaments ne sont pas remboursés ou on doit payer une petite part. Puis, il y a les médecins qu'il faut ajouter, sans même parler des spécialistes qui coûtent de plus en plus cher et davantage quand vous allez à l'hôpital, vous faire opérer", explique Cesur avant de poursuivre.

"Les surcoûts sont très importants pour des familles qui n'en ont pas forcément les moyens. Ainsi, on se retrouve avec des enfants qui sont mal soignés, qui, en fin de compte, quand ils arrivent à l'âge adulte, ont des carences de soins auditifs, visuels, etc., parce qu'ils n'arrivent pas à avoir des lunettes ou parce que leur santé n'était pas bonne et on n'a pas pu les soigner. Donc, je propose la gratuité totale de tout ce qui concerne la santé pour tous les enfants jusqu'à l'âge adulte. Donc, de 0 à 18 ans, les enfants seront pris à 100 % par la Sécurité sociale. Je trouve que c'est primordial pour la France d'avoir des enfants en bonne santé pour qu'ils commencent la vie adulte en bonne santé", déclare le candidat indépendant.

Attribuant également un rôle primordial à l'éducation, Cesur souligne la nécessité de soutenir davantage enseignants face aux incivilités d'une poignée d'élèves. Cesur estime que les enseignants sont "dévalorisés dans leur travail," notamment par le manque de soutien de leur hiérarchie et les interminables exigences des parents.

"Je veux donner du pouvoir aux enseignants. J'estime que l'enseignant, c'est comme un pilote dans un avion : c'est lui qui a le dernier mot, c'est lui qui décide. Ce n'est pas au parent d'élève ou à la hiérarchie (qui ne soutient que rarement l'enseignant) de venir dire ce que l'enseignant doit faire" face aux incivilités de quelques éléments qui perturbent l'apprentissage des autres élèves, estime Cesur.

- Une solidarité innovatrice

Un autre point essentiel du programme de Bahri Cesur, est celui d'une solidarité innovatrice au service des personnes.

Tout d'abord, Cesur déplore l'insuffisante solidarité dans l'Hexagone vis-à-vis des personnes handicapées. Ainsi, il propose de remodeler le mode de prise en charge des équipements dont elles ont besoin dans leur vie quotidienne.

"Je ne sais pas si vous avez autour de vous une personne avec un handicap et je n'aime pas le terme « handicapés », mais plutôt l'expression de « personne avec un handicap », explique Cesur et poursuit ainsi :

"Une personne qui a fait un accident de la route, un accident de moto, une chute grave ou autre, ou qui, du fait d'une maladie, on l'a amputé d'une jambe ou d'une main ou d'un bras. Aujourd'hui, la société, la Sécurité sociale lui dit « vous avez perdu une jambe. On va refaire une jambe, mais avec le service minimum ». J'exagère un peu, mais il va s'agir d'un bout de bois qui va ressembler approximativement à une jambe", constate-t-il. Cesur rappelle que les personnes avec handicap peuvent avoir des besoins spécifiques.

"Elles aimeraient bien que leur jambe ressemble à une jambe, qu'elle fasse apparaître des ongles, que, par exemple, pour une femme, elle puisse mettre du vernis et que cette jambe ne soit pas un objet, mais qu'elle puisse l'intégrer à son corps," explique Cesur regrettant que ces besoins essentiels pour le bien-être et la dignité d'une personne ne trouvent pas de réponse favorable dans la société actuelle qui les considère comme "un luxe". Un réaction "inadmissible" pour le candidat qui évoque également le manque de qualité et les prix exorbitants des "fauteuils roulants" destinés aux personnes handicapées.

"Je suis assez libéral, mais il faut revoir le prix des équipements qui sont destinés aux personnes qui ont un handicap", estime Cesur rappelant que tout le monde ne dispose pas des mêmes moyens économiques.

- Des transports au service des personnes qui en ont besoin

Dans un autre point de son programme, Bahri Cesur veut agir pour que soient mis en place des transports pour les personnes qui ne disposent pas de tels moyens malgré leurs besoins, qui sont réels, notamment les personnes âgées ou celles soufrant d'un handicap.

"Je ne veux oublier personne. Je veux qu'on réinstaure le bien vivre en France", souligne le candidat à la députation dans la 12e circonscription de la Seine-Saint-Denis.

"Je ne veux pas que des personnes restent à un certain âge devant leur télé, entre quatre murs et ne sortent pas et qu'elle ne rencontrent personne. Les enfants sont parfois loin ou indisponibles. Et ces personnes-là, même pour aller faire leurs courses, elles sont dans une misère", constate-t-il.

"Bien entendu, il y a des systèmes qui existent pour les aider. Bien entendu, il y a déjà des minibus qui existent une fois par semaine pour aller faire leur courses. Mais la personne rentre chez elle, puis pendant une semaine, elle ne sort plus de son domicile", déplore Cesur exigeant "plus d'humanité".

"Vous avez par exemple un handicap ? Cela vous empêche de vous déplacer depuis où vous êtes ? Vous avez un certain âge et vous ne pouvez pas vous déplacer sans soutien externe ? Je propose d'instaurer un service où il suffit d'un simple appel téléphonique à la mairie. Elle vous envoie un chauffeur qui vient chez vous et qui va vous déposer soit dans un magasin à l'heure de votre choix pour faire les courses, soit au parc pour faire une promenade. Ce service ne coûtera pas cher parce que dans toutes les mairies, vous avez le personnel et les véhicules et vous avez souvent des chauffeurs qui sont déjà là. Donc le chauffeur, que va-t-il faire ? Il est en train de travailler. On lui passe un coup de fil, il laisse son travail et il va s'occuper de cette personne. Une fois qu'il l'a déposée, il revient continuer son travail. Voilà, ça ne va pas coûter plus cher. C'est une façon de mise en place assez simple. On va peut-être avoir quelques difficultés au début pour que ça colle, mais je suis sûr que c'est faisable car j'ai déjà vu cela dans un autre pays", explique Cesur.

- Autres points de son programme

Parmi les autres points du programme de Bahri Cesur, figurent notamment la lutte contre la sécurité et le sentiment d'insécurité, à travers la mise en place d'un service de présence civile dans différents points "stratégiques" des villes où ce sentiment d'insécurité et dominant.

"Un peu comme dans les écoles, aux passages piétons, il y a des papas et des mamans qui assurent la sécurité des enfants pour les aider à traverser les routes. Ce que je propose y est similaire, ce n'est pas forcément des membres forces de l'ordre ; ça peut être des personnes qui sont employées, avec des gens clairement identifiés comme étant des personnes qui sont là pour le bien-être de la population et elles seront là pour surveiller ce qui se passe et porter assistance", déclare Cesur.

Autre point de programme du candidat : l'instauration d'un service civique obligatoire de trois mois minimum pour les jeunes de 18 ans.

"Je trouve que c'est primordial pour notre société", déclare-t-il avant d'expliquer sa vision.

"Le service civique et essayer de repérer les jeunes qui sont en difficulté et essayer de les aider à regagner confiance en eux, mais aussi en la société. Cela permettait à nos enfants de différents horizons, en différents lieux et différentes cultures, de se croiser sous le drapeau français et de se lier d'amitié et de garder des souvenirs et des liens, de ce service.

Selon Cesur, le service militaire, qui a disparu, marquait une forme de passage à l'âge adulte, à l'âge de responsabilité et les jeunes planifiaient leur vie ainsi.

"« Après le service, je vais refaire ma vie, je vais travailler, je vais lancer dans ma boîte ». Le jeune se projetait pour avoir des enfants. On se projetait à l'âge adulte et on restait plus ou moins adolescent jusqu'au service civique," constate Cesur qui déplore la disparition de ce point charnière dans la vie des jeunes Français.

Parmi les autres points du programme de Cesur, figurent également des propositions pour l'écologie, mais aussi des projets pour pallier l'insuffisance des transports en commun dans diverses zones par un système privé de minibus appartenant au secteur privé, en complément des transports en commun, ainsi que la mise en place d'une "retraite à la carte" permettant de choisir son âge de départ à la retraite à partir de 60 ans.

Cesur propose également une réforme du système actuel des sondages pour les élections, qui puisse permettre à tout.e.s les candidat.e.s de disposer de chances d'être connus des électeurs, notamment par l'anonymat des candidatures dans les sondages sur les intentions de vote, jusqu'à un mois avant les élections.

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